Tout avait été organisé des heures plus tôt. Sans doute parce qu’il n’avait pas le choix d’obséder sur des choses anodines afin de ne pas penser à ce qui le rongeait vraiment. Il avait mis le pied dans le Bloody Ghoul vers 16h, s’était tout de suite mis à la tâche de faire l’inventaire, de nettoyer, de compter les caisses, même de décorer l’endroit pour les festivités de fin d’année qui allaient avoir lieu le soir même. C’est ainsi qu’à 19h, tout était prêt. Il avait profité des deux heures précédant l’arrivée de ses employés pour prendre sa douche, se changer, se claquer une capsule de MDMA et quelques rails de coke. Et malgré tout ce courage narcotique, il avait encore les genoux ramollis et le cœur qui battait à tout rompre.
C’est ainsi que l’on retrouve Harker derrière le bar, sirotant – en apparence calmement – un verre de Jack on the rocks en attendant l’arrivée de Taylor et Waldon. Le regard perdu dans le vide, les oreilles à moitié attentives à l’arrière-fond de musique qui résonne dans la pièce. Chasser la débauche sensorielle que lui avait imposée la rouquine avait été jusque-là impossible. Il était sur le point d’implorer grâce au ciel dans un dernier effort de panique.
Ara tournait en rond. Elle ne savait pas, ne savait plus en fait. Pour une raison qu'elle se refusait de croire, elle remettait tous ses choix en question, que ce soit sa robe, ses cheveux, l'heure à laquelle elle arriverait. Goodness, calm down. Ce n'est pas comme si elle partait à un rendez-vous, c'était juste le boulot. Avec Harker.
Son cœur sembla se pincer, battre à tout rompre et faire un salto arrière en même temps. La rouquine ne comprenait plus rien et essayait surtout de faire taire ces sensations qui la déchiraient depuis cette nuit dans la forêt. Son corps n'arrêtait pas d'en redemander, le reste la priait de fuir et céder à la fois. Bref, c'était le bordel le plus total. Mais elle devrait ravaler ça pour un soir. Supporter sa vue sans lui arracher soit ses vêtements, soit sa tête pour l'avoir rendue comme ça.
Ainsi, l'Irlandaise prit sa veste, enfila ses talons et sortit finalement. Le chemin vers le bar fut parsemé de multiples cigarettes, de tics nerveux et de "Don't you even think about this again tonight." Ara arriva finalement devant l'entrée des employés et vit Russell la rejoindre l'accueillant d'un sourire un peu absent en entrant.
Un terrible frisson attaque l’Anglais au dos lorsqu’il entend la porte arrière ouvrir et le son des talons qui claquent sur le sol de bois. Il pourrait jurer sentir l’odeur de la rouquine s’imposer à son nez alors qu’au fond, elle est encore bien loin. Il avale d’une traite ce qui reste dans son verre et le remplit une nouvelle fois. La MD lui rend la bouche sèche. Et ce besoin incontrôlable de s’occuper la bouche se fait encore plus pressant.
À l’arrière, Russell rejoint Arabella et lui adresse un sourire avant de venir la serrer dans ses bras dans une étreinte amicale. Il se dirige vers l’avant du bar, accompagné de la rousse.
« How is my Celtic goddess doing? …Oh my God, what’s all this? »
Le regard azur du Californien s’était aussitôt posé sur la décoration sombre mais moderne, dans les teintes de gris, de violet et de rouge. Des banderoles, des sculptures, au milieu de la pièce, une énorme fontaine à Long Island Iced Tea d’où l’on pouvait prendre un verre, à volonté avec l’admission. Bien entendu, les gens qui voulaient autre chose à boire – ou encore des drogues – allaient devoir se présenter au bar, mais bon. Si ce spectacle pouvait leur permettre de demander six gallions par personne pour l’entrée, tant mieux.
Le châtain regarde brièvement le jeune homme et, non sans l’ombre d’un sourire fier, il dit :
« I had some time, decided to get things ready by myself. You guys can enjoy a drink, we still have… fifteen minutes before opening. » Il marque une pause, son regard dévie vers la fontaine. « You can test out the Long Island Fountain, if you’d like. »
●○◦○●
Ara fixe Russell, interrogatrice avant de tourner la tête vers là où le californien regarde et remarque la décoration sombre et opulente à la fois. L'espace d'un instant ses yeux ne savent plus où se poser et elle regarde toute la pièce, y compris la fontaine simplement géniale avant de lâcher dans un petit rire impressionné.
"Okay, that is -incredible- !" Elle se tourne vers Harker l'espace d'un instant et lui adresse un grand sourire avant de se détourner aussitôt, prétextant une hâte d'essayer le long Island.
Mais en fait, elle a pu sentir ce serrement particulier du cœur qui rate un ou deux battements et cette soudaine chaleur stupide et enivrante qui l'a prise au ventre, remontant vers ses joues alors qu'elle l'a regardé, détaillé l'espace d'un instant. Et pendant qu'elle se remplit un verre, échappe à la vision de l'Anglais, c'est une frustration profonde qui s'empare d'elle. Son corps ne devrait pas faire ça, son esprit ne devrait pas être si mollasson et ne devrait pas commettre la même erreur deux fois. S’il pouvait juste être un pur connard comme il est censé être, ce serait plus facile.
Pourtant, même si sa voix est plus calme, mesurée et appose une certaine distance, c'est cette boule de chaleur qui l'emporte un peu sur le reste alors qu'elle dit après avoir goûté l'alcool aux saveurs parfaitement équilibrés.
"You really surpassed yourself."
●○◦○●
Il ne peut pas ignorer l’Irlandaise bien longtemps. Sitôt remarque-t-il qu’elle se tourne vers lui, son regard vient croiser le sien. Puis l’ambre de ses iris glisse de ses yeux à ses cheveux, son cou, ses épaules couvertes de dentelle noire, son dos nu sous le tissu fragile qui lui semble tellement facile à déchirer. Il peut encore sentir son tanga briser sous la force de son étreinte sauvage malgré les dix jours qui se sont écoulés depuis cette soirée-là, où elle lui avait semblé être plus belle que jamais avant. Et cette lueur presque céleste perdurait toujours sur ses traits, dans chaque mouvement de son corps.
L’Anglais se mord la lèvre inférieure alors que, machinalement, il observe la pièce toute entière du regard. Russell, pendant ce temps, se dirige à son tour vers la fontaine de Long Island et s’en prend un verre, savourant avec plaisir le cocktail préparé à la perfection. Il approuve des paroles de sa collègue en hochant la tête, marchant autour, verre à la main, admirant ce qui a été fait des lieux. Le Londonien sort de sa torpeur un instant puis, prenant son verre de Jack avec lui, passe de l’autre côté du comptoir, venant s’appuyer le creux du dos sur le bois du bar. Il prend une bonne gorgée du liquide foncé puis ajoute, sans perdre de son air à la fois fier et inconfortable :
« Thanks. Might as well give the summer vacation a good start. Give the people something to talk about. » Il hésite un instant puis ajoute « I’ll need you guys to stay a bit later after, though. Besides, we’ll still have the fountain. And there are beds if ever we’re too drunk to manage. »
Le blond adresse un sourire sincère à son patron et lui répond tout simplement, visiblement d’humeur merveilleuse :
« Sounds like a plan, boss. »
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Le châtain lui parait tellement calme que ça ne fait que mettre de l'huile sur le feu, mais la rouquine tente de l'éteindre d'un trait de son long island. Tout ça l'atteint beaucoup trop et si elle aurait pu demander quelque chose à Harker pour la détendre, l'idée de s'expliquer ne lui tente guère. L'alcool devrait suffire, anyway.
Elle les écoute et se mord `la joue à l'idée de devoir rester plus longtemps, mais se promet par contre d'aller dormir à l'auberge, sinon elle le sait déjà, l'envie de céder à son envie de s'approcher du châtain va l'envahir. Elle termine son verre d'une traite et dit, nonchalante.
"Yup, no problem. After all it's vacation for us too."
Elle fait un sourire en coin aux deux et va remplir à nouveau son long island, c'est nécessaire, bien que la tension qu'elle ressentait soit un peu apaisée déjà par le simple goût d'alcool qui repose sur ses papilles. Puis elle passe une main dans ses cheveux.
"So, to the awesome taste of the boss!" dit-elle en levant son verre, lançant un regard complice à Russell.
Ok, elle veut peut-être le gêner un peu et sait qu'il n'est pas habitué aux compliments de sa part, mais c'est sa façon d'apaiser ses pulsions tendres qui lui donnent des migraines et d'avoir une douce vengeance sur les frustrations qu'il a provoqué depuis 10 jours. Oui, c'est de sa faute, à lui, bon.
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Le châtain avale la dernière gorgée de Jack qui restait dans son verre et, alors qu’il laisse l’alcool lui brûler doucement l’œsophage, il fait quelques pas vers la grande fontaine. Il passe son verre sous l’un des jets pour y recueillir du cocktail, évitant sciemment de faire face à la rouquine trop longtemps. Il lui fait donc à moitié dos lorsqu’il se penche vers la fontaine et, quand il se redresse, il fait bien attention d’être un peu entre elle et Russell. Les trois jeunes gens se rassemblent au moment de trinquer, l’humeur du Californien tellement rayonnante qu’elle est presque aveuglante, et l’Anglais vient lever son verre vers les autres.
« To the dream team. »
Il leur offre un demi-sourire puis vient prendre une bonne gorgée de son verre, constatant agréablement que le mélange qui circule dans la fontaine est absolument parfait. Il se mordille doucement les lèvres par la suite, songeant un peu à ce qu’il venait de dire. Dream team, really? Ça devait sans doute être la drogue qui circulait dans ses veines, qui le rendait plus sympathique. Ou peut-être l’envie de ne pas complètement saboter cette soirée. De ne pas se donner raison, ni à lui, ni à elle. Laisser les choses couler. Pas de haine, pas de passion. Pas de passion, pas de cette chaleur douce et insupportable au creux du ventre.
Le blond se sépare du groupe un instant puis s’avance vers l’une des fenêtres, remarquant la lignée impressionnante de gens qui s’assemble devant la porte. Il rit franchement, surpris, puis se tourne vers ses collègues.
« There’s so many people outside. We’re gonna be pretty darn busy. »
« Good. The more money they spend, the more money we make. They’re gonna help themselves to the unlimited Long Island fountain, 6 galleons a head. Once they’re drunk enough, they’ll buy drugs, different booze. And everyone knows drunk or high people tip a lot more. » Il marque une pause, un sourire narquois ourla ses lèvres. « It’s all a devious strategy, kids. »
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La rouquine se voit étonnée par la réaction du châtain et retient un sourire qui trahirait cette impression. À la place elle trinque et boit une bonne gorgée. Elle regarde vers l'horloge, l'ouverture approche et en même temps, le blond constate la quantité de clients.
Puis sa voix se répand dans ses tympans, lui arrache malgré elle un rire face à sa manière de parler sans aucun état d'âme de sa stratégie et lorsqu'elle le regarde, elle pourrait jurer, l'espace d'une milliseconde, se sentir devenir rien de plus qu'une petite chose faible face à ce halo de perfection dont il semble doté. Elle ravale cette faiblesse, l'enterre, l'oublies. You better keep up, you idiot.
"Aren't you the machiavillian one, Harker." lâche-t-elle, un peu railleuse en retournant derrière le comptoir. " Just like I said, he surpasses himself."
Bordel, il était temps. Cette deuxième nature de toujours se foutre un peu de sa gueule revenait, la tension semblait se calmer. L'idée d'être occupée toute la soirée était à vrai dire un calmant en soi et elle avait déjà hâte à l'ouverture des portes.
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La tension frôle l’insupportable. Qu’ils le réalisent ou non - en fait Taylor en est bien conscient mais il garde ses idées pour lui-même – le courant qui passe entre eux est agressif, impressionnant et absolument indéniable. Mais l’Anglais le ravale, l’ignore, scrute la grande pièce des yeux en sirotant son verre jusqu’à ce qu’Arabella lui lance sa remarque. Même la délicate mélodie de son nom glissant des lèvres de la rouquine est suffisante pour lui donner chaud. Il n’en fait rien, cependant, se contente de la suivre à l’arrière du bar.
Il la regarde du coin de l’œil, pique une gorgée à son verre puis dit, de son habituel ton chaud et infiniment confiant :
« That’s what I do, Waldon. »
Le Londonien reste immobile un instant puis, cherchant désespérément une distraction, il s’accroupit et commence à vérifier les sacs déjà dosés de MD, de coke et de marijuana. Même s’il les a déjà comptés et recomptés quelques heures plus tôt.
À l’autre bout de la pièce, Russell retient ses ricanements au meilleur de ses capacités, mais en nait un sourire béat, qu’il retourne exprès vers le mur pour ne pas qu’ils le voient. En plus de quelques murmures qui ressemble à peu près à « Oh, well they – obviously – didn’t sleep together, why else would I feel like I’m stuck in a room with a thousand horny teenagers? ». En même temps, il regarde une nouvelle fois par la fenêtre et jette un coup d’œil à l’horloge, plus que cinq minutes.
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L'intonation d'Harker envoie un nouveau coup de chaud dans ses joues, mais elle inspire, se reprend, essaie d'oublier de ne pas céder et lorsqu'il s'accroupit, elle se détourne, vérifie et revérifie sa caisse comme si l'argent en foutrait le camp. Why the fuck didn't you leave me something to keep busy. En relevant la tête elle remarque bien que Taylor est détourné d'eux et plisse un peu les yeux, suspicieuse des idées qu'il peut se faire en ce moment.
Et elle soupire, regarde les minutes qui refusent de s'écouler plus rapidement, boit son long island et finalement, sous la pression d'un silence qui l'énerve beaucoup trop, la rouquine pose sa main sur le comptoir, faisant mine d'avoir une idée sans arrière-pensée - c'est un peu trop forcé pour être crédible, à vrai dire.
"Hey, why not open two minutes early? Since you were so effective and there’s something to celebrate... it never killed anybody to be a little early, right?"
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Un petit rire contrit passe les lèvres de l’Anglais à entendre ce que la rouquine a à dire. Il n’est pas entièrement surpris qu’elle aille suggéré une telle chose, peut-être parce que lui aussi se voyait charmé par cette idée. Après tout, tous les deux semblaient trouver la situation intolérable, pourquoi ne pas arrêter le supplice? Le Nihm se redresse donc et vient chercher son verre du bout des doigts.
« Obviously this has nothing to do with my effectiveness and celebration. Don’t act like I’m stupid. » Son ton n’avait pas été sec, ni méchant. Juste clair, voire teinté d’humour sarcastique. Il prend une bonne gorgée de son verre, l’évitant du regard avant de finalement s’y laisser plonger. « But you’re right. »
Le Londonien se tourne donc vers le blond, qui malgré tout est resté attentif à la conversation – avide de potins comme il est – et lui indique d’un coup de tête d’ouvrir les portes. Celui-ci hoche la tête et s’exécute, s’assurant que tout le monde paie sa part, laissant les gens entrer un par un. Mais pour l’instant, personne ne s’avance au bar. Les gens se rassemblent autour de la fontaine et se mettent à boire. Le sortilège posé sur le système de son du bar s’ajuste au bruit qui règne dans la pièce et s’élève au fur et à mesure que les gens entrent.
L’Anglais vide son verre de Long Island et se le remplit, une fois de plus, de Jack Daniels. Il en pique une gorgée puis le pose avant de passer sa main sur sa nuque d’un geste mécanique, constatant ainsi la moiteur de celle-ci. La drogue bat son plein. C’est peut-être pour ça qu’il a tellement envie de la piéger entre son corps et le bar, de l’embrasser jusqu’à plus soif.
« This isn’t gonna be easy. »
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Arabella déglutit et détourne le regard, se demandant sincèrement si elle avait si mal caché son jeu. Lorsqu'elle daigne finalement regarder le châtain, lui aussi la regarde et il termine sa phrase. Lui arrache son premier sourire.
La rousse a eu cette sensation de ne pas avoir été la seule à se sentir comme ça et soudainement, sa frustration se perd lentement. Mais elle se reprend, regarde les gens arriver, espère avoir un client pour se reprendre, mais non. Au moins peut-elle se dire que le malaise est partagé, mais ça n'aide à vrai dire qu'à moitié. Elle l'entend malgré sa voix basse et la musique qui s'élève.
"Damn right."
Finalement un client s'approche et la rouquine le sert aussitôt. Il commande de la coke et de la mari et elle se demande quel mélange de débile est-ce que c'est que ça en contournant son collègue pour attraper ce qu'il veut.
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Peu à peu, les gens se détachent de la pièce centrale du bar et se mettent à circuler. Certains se dirigent vers le plancher de danse, d’autres prennent place dans les sièges ou aux tables mais la plupart continuent de profiter de l’alcool à volonté qui coule en d’adroites cascades dans la fontaine. Le regard de l’Anglais s’y perd même un instant, pas peu fier de ce petit exercice de showmanship, avant qu’un client de s’approche et qu’Arabella lui saute presque dessus. Peut-être en a-t-elle plus besoin que lui. Mais peu après, un groupe de quatre étudiantes s’avancent et lui demandent une tournée de shot ainsi que quatre capsules de MDMA.
Le châtain hoche la tête et prépare les shots, profitant du peu de clients pour en faire un petit spectacle. Joue avec les bouteilles, les faire tournoyer, lance de shaker. S’assurer ainsi que le pourboire sera généreux. Une fois les shots versés, il leur donne les capsules de MDMA, se fait payer généreusement – de gallions et de clins d’œil – puis salue Brian qui est venu vite trouver sa place au coin du bar. Sans un mot, l’Anglais lui sert sa bière et son joint, souriant malgré lui. C’est bien le seul que Russell a eu le droit de laisser passer sans payer les 6 gallions pour l’entrée. Après tout, il n’en boit pas, de Long Island.
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Ara le voit faire son petit show et s'en amuserait presque si ce n'était pas des airs de dindes des quatre filles devant. Une fois que le client a payé, l'Irlandaise fait claquer sa langue sur son palais, ne retenant pas une touche d'exaspération se libérer, mais n'osant clairement pas réfléchir sur le pourquoi de sa réaction. Puis lorsque Brian arrive, il salue Harker - qui le sert maintenant qu'il a terminé avec la meute de gerboises - et ensuite Ara, qui lui fait un grand sourire en retour.
"As stunning as always, Arabella, huh?" lance-t-il, la voix dénué de tentative sirupeuse.
"Anything for your beautiful eyes, Brian!" répond-t-elle, amusée, puis ajoute, faussement réprobatrice. "No, a freebie doesn't apply to anything, dear!"
Il hausse les épaules avec un petit sourire contrit et la rouquine en rit avant de finalement servir une cliente, du type grande blonde suédoise qui veut seulement une bière.
●○◦○●
C’est presque avec un sourire attendri que l’Anglais entend le compliment que Brian adresse à Waldon. Et c’est sans doute le seul homme qu’il n’aurait pas puni d’un coup de poing au visage pour une telle chose. Si cela avait été n’importe qui d’autre, il serait sans doute allé de l’autre côté du comptoir pour l’attraper par le collet et l’aurait jeté lui-même à l’extérieur. À coups de pied dans le ventre. Cette idée ne l’inquiétait qu’à moitié. Sa réaction potentielle était sans doute tout sauf modérée mais c’est qu’il avait fait la paix avec son propre tempérament. Pas qu’il l’acceptait, mais c’est qu’il n’avait rien d’autre à y faire. Qu’il le veuille ou non, ce coup partir de lui-même. Cette rage, cette affreuse jalousie.
Le jeune homme prend une bonne gorgée de son verre pour faire passer l’amertume de la réalité puis se fait interpeller à l’autre bout du comptoir par deux jeunes hommes qui veulent de drogues et de la bière. Le châtain hoche la tête passe derrière Arabella pour attraper deux verres à pintes de bières. Il se retourne sans trop regarder et se fait surprendre à remarquer que la rouquine est toujours là, tout près devant elle. Il la heurte même sans faire exprès, de son torse sur les épaules de l’Irlandaise, et s’en voit paralysé quelques secondes. L’odeur de ses cheveux, son corps si près du sien. Il s’en mord les lèvres puis la contourne en étouffant un « ‘scuse me », s’avança vers les fûts de bière pour remplir les deux verres.
Non non, aucune tension.
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Ara verse une bière à la cliente et la lui tend avant de se faire un peu bousculer. Et l'espace d'un instant, elle retient son souffle, s'empêche de se gorger de la sensation agréable de son contact, de son odeur enivrante et de sa chaleur. Back on track, Waldon, back on track. Elle expire finalement, soupire presque mais se retient face à la cliente en prenant son argent et lui rendant sa monnaie.
Et comme de nouveau elle n'a plus de client, elle fait l'erreur de tourner la tête vers lui, le regarde servir les deux jeunes hommes et se mord l'intérieur de la joue. Don't start to... nope, don't watch him, look away for- god I can't even listen to myself it's pathetic. Son regard glisse, profite d'un seul moment de discrétion et les souvenirs remontent, pour le moment flous, dissimulés, mais lorsqu'une première réminiscence nettement plus claire lui revient elle se détourne aussi sec, sourit à Brian et le pointe de l'index avec un grand sourire.
"You know what, summer always bring me to a good mood, so you'll get that freebie after all!" lance-t-elle, amusée, en allant chercher la tequila. Elle prend trois shots, les remplis et en tend un au pilier de bar. "For you, dear, and..." Sans vraiment se tourner, elle interpelle son boss. "Yo, Harker. Catch." Avec adresse elle fait glisser le verre sur le comptoir vers son destinataire et lève son shot dans sa direction, accompagnée de Brian avant de le vider. Yup, mucho mucho needed.
●○◦○●
Heureusement que ses clients sont à l’autre bout du comptoir. Il a besoin de s’éloigner, de respirer, d’oublier ces souvenirs qui insistent à lui revenir vivement à la mémoire. C’est armé des deux pintes pleines et d’un petit sac de coke qu’il s’approche d’eux et les sert avec un sourire discret, acceptant humblement leur paiement et leur généreux pourboire. Il avait eu raison de croire en sa théorie, ça fonctionnait. L’humeur était bien à la fête, les gens buvaient, dansaient, oubliant leur année scolaire et se préparant pour l’été qui prenait son coup d’envoi.
Le châtain s’approche du centre du comptoir et pose le pourboire dans le pot qui sert à cela, les pièces abondant déjà. Mais on l’interpelle et, surpris, il tourne la tête vers Arabella qui, aussitôt qu’il lui offre son attention, lui fait parvenir un shot de tequila. L’Anglais prend le verre entre ses doigts et, après avoir offert un sourire à Brian, décoche un clin d’œil à la rouquine avant d’avaler le liquide presque doré d’un trait. Ç’aurait été impoli de refuser. De toute façon, il a soif. Il lave aussitôt le verre, ainsi que quelques autres verres vides qui traînent un peu partout et, une fois cela fait, se tourne pour faire face aux étagères. Il attrape quelques bouteilles qu’il ouvre – ayant remarqué qu’ils étaient déjà sur le point de manquer de vodka, de gin et de rhum blanc – et y met les becs diviseurs de portions. Il se retourne donc par la suite, posant les bouteilles pleines dans le puits rapide d’accès près des caisses.
Il ne peut pas s’empêcher de se pencher vers elle. C’est plus fort que lui, elle est si près, si belle, si détestable. Travailler avec elle, c’est une torture. Et il n’a pas à être le seul à la subir. C’est à elle aussi, de frissonner, de se battre contre ses propres envies.
« You know, you don’t need to get me drunk for me to be a good lover, Waldon. », souffle-t-il tout bas, un sourire malicieux ornant le coin de ses lèvres.
●○◦○●
Elle nettoie les deux shots qu'elle vient d'utiliser et range la bouteille de téquila alors que lui s'occupe de quelques verres vides. Une troupe de trois clients arrivent et demande six bières et autant de capsules de speed. Ara acquiesce et entame leur commandes quand elle sent le souffle de Phil contre sa peau, que sa voix lui fait vibrer les tympans et la font frissonner. Et soudainement, elle se tend à nouveau. Dipshit's trying to provoke me? Elle tourne un peu la tête dans sa direction, pour qu'il l'entende et d'un sourire, murmure :
"I didn't know a shot meant such an invitation to you." son ton se réchauffe, plus lascif. "But I already know how easy you are, Harker."
Cette phrase est suivit d'un petit rire et de la sorcière qui se reconcentre à remplir les verres et les placer sur un plateau.
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« How easy I am? Well maybe I don’t remember what happened exactly like you do, but I’m pretty sure you kissed me first. And everything went downhill from there. »
Les yeux de l’Anglais s’attardent un peu plus longtemps sur la rouquine mais bien vite, les gens se mettent à se rassembler en plus grand nombre autour du bar. Des commandes de boisson, de drogues, l’argent qui circule, les rires qui fusent. Aussi habile derrière le bar que derrière le chaudron, le châtain se promène aisément d’un côté à l’autre, servant les gens sans problème et leur offrant un peu de spectacle en même temps. Ce n’est qu’une dizaine de minutes plus tard qu’il doit interagir avec la rouquine – on lui demande une ronde de cinq fois un cocktail qui nécessite une bouteille que l’Irlandaise a présentement dans la main. L’air le plus nonchalant possible, il tend la main vers elle, le shaker dans l’autre.
« Pass me the whiskey when you’re done. »
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"Don't lie, you asked for it." Ara soupire et pince les lèvres. Il n'a peut-être pas totalement tort, bon.
Par après par contre, cette frustration qu'il ait gagné la quitte alors qu'elle se concentre sur le boulot et s'efforce de ne pas le traiter de show-off quand il les sert avec une dose de grandiose en plus, mais ça lui plaît de le voir ainsi, c'est indéniable. C'est dérangeant, ça l'énerve, mais ça reste indéniable.
Puis finalement, quand elle attrape la bouteille de whiskey pour en verser dans trois verres pour des whisky n' coke, le châtain l'interpelle d'un ton impératif. Et sans qu'elle le regarde, mais un sourire insolent, voire provocateur, la belle lui répond d'un ton léger mais entendu.
"Yes sir."
Ces deux seuls mots qui ont voulu dire beaucoup il y a dix jours. Encore imbibés de toute la lubricité qu'ils ont instaurés, à en faire frémir même celle qui les dit à cet instant. À cela s'ajoute un bref regard brillant d'un amusement loin d'être innocent lorsqu'elle termine avec la bouteille et la lui tend en se tournant un peu vers lui avant de servir les verres. Bien qu'elle aimerait garder son attention rivée sur lui et percevoir la moindre de ses réactions.
●○◦○●
Le souffle du châtain se coupe entièrement lorsque les deux derniers mots qui quittent les lèvres d’Arabella viennent cogner inlassablement ses tympans. Le fait vibrer jusqu’au creux du ventre. Ces mots qui lui donnent tellement chaud alors que s’impose à son esprit l’image vive et précise du moment où elle lui a gémit ces mots. Offerte, soumise, farouche mais l’implorant des yeux de ne pas la faire attendre plus longtemps avant de la prendre. Autour de lui l’air semblait vouloir se mouvoir, comme la brise qui avait soufflé sur eux pendant cette heure de sang et de débauche. Il tient la bouteille de whisky dans ses mains, immobile, pendant quelques pleines secondes. Penser à autre chose serait aussi libérateur que douloureux.
Puis un rire sec passe sa bouche alors que, tant d’exaspération que d’agréable surprise, il secoue la tête, un sourire douloureusement amusé perdurant sur ses lèvres. Il verse la bonne quantité d’alcool dans le shaker et, machinalement, exécute le reste de sa suite de mouvements. Brasse, verse, sers, prends l’argent. Il ne trouve rien à lui répondre pour un moment, essaie de renvoyer tous ces souvenirs au plus profond de son esprit. Mais en vain. Il sent la griffure sur son torse et son ventre, des lèvres affamées contre les siennes.
Puis il se retourne vers elle, un instant. Et comme si le ciel en avait voulu ainsi, il n’y a plus personne au bar, sauf pour Brian qui est pris dans sa douce torpeur post-marijane, qui fixe le vide. Le châtain s’approche d’un pas, tend la main pour venir attraper le poignet de la rouquine de ses doigts solides. Puis ainsi il l’approche elle de lui, sans la lâcher des yeux. Comme il voudrait la prendre par la taille, serrer ses fesses contre ses paumes, lui mordre le creux du cou…
« Don’t go down that path yet, Waldon. I don’t think you’re ready for what waits ahead. », souffle-t-il le ton aussi charnel qu’il est sinistre.
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Les images lui reviennent aussi, mais moins, elle se reprend, tente au mieux d'oublier sa propre soumission, la satisfaction qu'elle en avait retiré. La peau du châtain, moite contre la sienne malgré que fréquemment, ces souvenirs refassent surface. À cause de cela, son cœur bat un peu plus vite, sans cesse et sans l'aide des clients qui s'absentent à nouveau.
Alors que la rouquine s'apprête à trouver quelque chose pour se garder l'esprit occupé et loin des sensations passées, Harker l'attrape par le poignet et l'attire vers lui, fermement, provoquant une expression spontanée de surprise chez elle. Ses iris viennent aussitôt trouver celles de l'Anglais et gardent ce choc en l'écoutant, avant qu'elle ne sourit finalement, le corps néanmoins réchauffé par leur proximité, aussi satisfaite qu'emmerdée.
"You know Harker, that's cute how you keep wasting your time, trying to warn me." Sa voix se baisse un peu plus, autant en volume pour se rapprocher qu'en intonation. "By now, you should be aware there's no stopping me, right?"
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Les pulsions se déchainent en lui. Tant par envie que par réminiscence. La fusion de sa main autour de son mince poignet n’est pas suffisante, ne l’a jamais été. Mais il l’endure, resserre l’étreinte de ses doigts sur sa peau, la rougit légèrement alors qu’il se laisse un peu aller à tout ce qui l’habite. Son corps tout entier lui manque à mourir.
On l’interrompt. Deux clients, un mec et une fille, échaudés mais clairement d’humeur à pousser la chose. L’Anglais leur fait comprendre qu’il les a vus d’un hochement de tête mais il n’accourt pas. Ils sont suffisamment intéressés l’un par l’autre pour se divertir quelques secondes de plus. Le Londonien se retourne donc vers la rouquine et se penche vers elle une ultime fois, son souffle ardent collant au cou pâle de celle qui a été son amante. Faute de pouvoir y presser ses lèvres et ses dents.
« You really are a twisted little cunt, aren’t you? »
Il la supporte d’un regard à la fois hautain et sensuel puis la lâche, va vers les clients. Essaie d’oublier, sans succès, à quel point sa peau et son sang lui sont délicieux.
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Arabella sent son poignet qui lui fait mal, mais ne rechigne pas, ne bronche pas même et continue de le regarder. La tempête se forme au creux de son ventre, prête à se déchaîner à tout moment. Elle qui avait un jour espérer que céder à ses pulsions une fois la refroidirait par après, c'était tout le contraire. La peur l'envahit maintenant à cette idée de devenir bel et bien accro. You told me you didn't want to make a junkie out of me, then what the fuck are we doing now?
Puis deux clients, un duo clairement en pleine effervescence et pourtant, surement moins mouvementé que celui qu'Harker et elle formait en ce moment sans à peine se toucher. Si ça n'avait pas été de son professionnalisme elle leur aurait sifflé de se barrer et de se contenter du long island, mais ne dit rien. C'est plutôt Harker qui parle, qui LUI parle.
"And you're craving it, asshat." susurre-t-elle, toujours aussi farouche et droite qu'à son habitude face à lui.
Et pendant ce temps elle va se verser un verre. De l'eau cette fois. Froide, fucking froide pour calmer le feu, sans succès. Elle vide son verre d'une traite. Il lui faudrait carrément se désoxygéner pour espérer l'éteindre, ce feu qui vrombit à cause de lui, cette envie violente et charnelle.
Dernière édition par Phillip Harker le Mar 24 Fév - 1:01, édité 1 fois
Phillip Harker
PROFIL
Messages : 134 Réputation : 64 Date de naissance : 17/06/1990 Nationalité : Anglais
Le reste de la soirée avait été trop occupé pour leur permettre de se tenter plus qu’ils ne l’avaient déjà fait. Jusqu’à la fermeture, un flot constant de clients gardait le bar occupé, le noyant de demandes d’alcool et de drogue. La stratégie machiavélique avait été un succès, comme l’Anglais l’avait prévu. De l’ouverture jusqu’à la fermeture des portes, le pot de pourboire avait dû être vidé deux fois et les caisses étaient pleines à craquer.
C’est un sourire fier aux lèvres que le châtain s’avance vers la fontaine centrale. Il attrape trois verres, les remplit et en pose un sur une table – pour Russell – avant de revenir vers l’arrière du bar avec les deux autres. Il en tend un à Arabella, en évitant son regard, puis vient se mettre derrière sa propre caisse. Il prend une bonne gorgée du liquide, toujours assoiffé, puis dit à l’intention du Californien :
« Waldon and I will count the cash registers and then we’ll help you out cleaning the place and taking down the decorations. »
Puis il ouvre sa caisse, tâchant de ne pas penser à ce qu’ils ont pu se dire plus tôt. Il n’aurait peut-être pas dû prendre une autre capsule de MDMA. S’il avait voulu la toucher et l’embrasser plus tôt, maintenant c’en était douloureux. Le châtain commence donc à compter, combattant vaillamment ses pulsions, laissant les pièces défiler habilement entre ses doigts et le regard fixé sur sa tâche.
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Tout le reste de la soirée, Ara avait eu de quoi se changer les idées et bien que voir Phillip lui causait une petite rechute à chaque fois, elle ne tardait pas à se reprendre, faisant même elle aussi un peu sa show-off en servant les clients.
Et finalement, les derniers clients quittent l'endroit. Le volume de la musique baisse à nouveau, laissant une ambiance agréable et non un silence lourd de non-dits. Elle prend quelques verres et les nettoie avant de les ranger, juste à temps pour se retourner et voir Harker lui tendre un verre. Elle l'accepte, laissant à peine échapper un petit "thanks" avant d'en prendre une gorgée.
Puis il parle du plan de fermeture et la rousse ne se fait pas prier. Elle commence à compter, s'y concentre au possible. Ne pas songer à ses pulsions, à ses nerfs qui pulsent sous le désir de s'approcher. I want you, but I don't want the addiction.
Elle boit une autre gorgée du long Island et songe au fait qu'il leur ait amené le long Island, soudainement surprise à cette idée. Elle en boit une gorgée et le tilte vers Harker.
"Are you trying to get us drunk, Harker?"
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« So what if I am? » Le châtain marque une pause, lâche la caisse des yeux un instant pour adresser un regard charismatique en biais à sa collègue. « School’s done for a few months, we had a great night, made about… 50 galleons worth of tip each. I think there’s cause for celebration, hm? »
Il lâche un court rire puis ajoute finalement, alors qu’il range tous les profits de sa caisse dans un sac :
« You guys should take advantage of the good mood I’m in. Doesn’t happen every day. »
Il sourit en coin à la jeune femme puis, reportant son attention devant lui, il sort tout l’argent de pourboire qu’ils ont fait et, grâce à un sortilège, le divide en trois parts égales. La montagne d’argent s’élève au-dessus du comptoir puis, pièce par pièce, se divise en trois. Une fois cela fait, l’Anglais attrape l’une des piles et la compte rapidement avant de s’exclamer, non sans un rire dans la voix :
« 52 galleons and 10 sickles each exactly. And that’s not counting the paychecks. I’m really liking being a bar owner. »
Harker prend une bonne gorgée de son verre puis, visiblement de bonne humeur, il sort sa propre bourse d’argent et y met sa portion de pourboire à l’intérieur. At least something good came out of all this torture. Puis le châtain se tourne vers les étagères derrière et compte les bouteilles, listant mentalement ce qu’il doit aller chercher à l’arrière. En souhaitant silencieusement que Taylor vienne parler à Waldon. Pour servir de distraction, pour qu’il ne soit plus obligé de lui faire la conversation un-à-un.
Mais celui-ci est bien dans son monde, nettoyant les tables, se dandinant presque au rythme de la musique, chantonnant, même. That idiot.
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"You got a point."
Elle lui rend un sourire amusé, puis retient une pique aux sous-entendus un peu trop évident lorsqu'il parle de profiter de sa bonne humeur, elle doit même s'en mordre la joue.
La seule distraction qui lui vient finalement, c'est lorsqu'il divise les pourboires, Ara prend sa propre pile avec un sourire. Yup, it was worth it. Elle envoie l'argent dans sa bourse qui est dans la salle des employés. Maintenant que la caisse est comptée, que tout est fait, l'espace d'un instant la rouquine hésite, avec l'envie de rester près et de fuir à la fois. You fucking junkie.
Finalement elle passe le comptoir d'un pas leste et va aider Russell, venant lui prendre les verres et commençant à en prendre d'autres. Elle voit bien la surprise du blond et en rit un peu, faisant comme si de rien était avant de dire, sans pour autant arrêter sa besogne.
"What? I'm not gonna stay idle, am I ?"
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Prêtant le moins possible attention à ce qui se passe de l’autre côté du comptoir, le châtain termine son compte des bouteilles qui se dirige vers la salle des employés où il en attrape quelques pleines, les tenant bien contre lui. Il revient vers les étagères et commence le tri et l’échange, beaucoup plus concentré à la tâche que nécessaire. Se trouver une distraction avait été particulièrement difficile tout au courant de la soirée et maintenant que ça lui vient naturellement, il en profite.
Mais bien vite il n’a plus rien à faire. Les caisses sont comptées, l’argent en sécurité, l’inventaire ajusté, les pourboires divisés. C’est bien machinalement qu’il passe son linge à laver sur le bois – le comptoir est bien propre. Contre sa propre volonté, le Nihm passe de l’autre côté du comptoir et, ignorant toujours ce que faisaient Russell et Arabella, il se met à faire descendre les guirlandes du plafond, les faisant se plier sur le sol, bien en ordre. Les décorations se rangent au fil des minutes, les statues reprennent leur forme moins extravagantes et, au bout d’une vingtaine, tout est de retour à la normal, sauf pour la fontaine de Long Island.
Son verre vide et sa bouche toujours sèche, Harker s’en approche et vient remplir le récipient du liquide bien alcoolisé. Il a la tête un peu prise dans le coton, les nerfs qui geignent de plaisir grâce à la MD qu’il a consommée un peu plus tôt. Il n’a pas envie de ça se termine maintenant. C’est donc verre à la main que l’Anglais s’avance vers d’opulents fauteuils qui font face à un grand foyer – si haut qu’il a presque la taille du Londonien, et large de bien deux mètres – où crépite un feu qui dégage peu de chaleur. Il s’écrase donc dans un fauteuil rouge foncé, lâchant même un soupir d’aise, et prend une gorgée de son verre avant de sortir un joint de son paquet de cigarettes. Il le passe entre ses lèvres, l’allume et, alors qu’il rejette sa fumée gris clair vers le plafond, il tourne la tête vers ses collègues et dit simplement :
« You can stick around if you want, I don’t bite. »
Russell ne se fait pas prier et vient le rejoindre, verre plein à la main aussi. Mais lui vient s’étendre de tout sous long sur l’un des divans, lâchant une plainte de satisfaction entre ses lèvres ornées d’un grand sourire.
« You know, Harker. Maybe you should consider not acting like a total dick around people. You aren’t as bad as they say. » , dit le blond sur un ton aussi comique que sincère.
L’Anglais rit discrètement, le regard fixé sur le feu qui danse devant lui. Il s’infecte les poumons d’une autre bouffée toxique, la garde quelques secondes puis souffle, expirant la fumée par les narines :
« I don’t care what they say. Let them talk. »
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Russell et Ara s'affairent donc à ranger la pièce, rient et discutent de choses et d'autres. Ça prend bien moins de temps que prévu pour qu'ils terminent de ranger et l'espace d'un instant, observe Harker se diriger vers le foyer, songeuse et hésitante. What the fuck should I do.
Bien sûr, Russ lui n'hésite pas. Et si elle hésite un peu plus longtemps, terminant au passage son long Island d'une traite - you're never drunk enough, comme on dit - avant de le remplir à nouveau. En se dirigeant vers eux pour s'asseoir sur un fauteuil, elle entend leur discussion. Ce n'est qu'une fois installée que la rouquine parle à son tour.
"Russ, don't you think he's already making an effort? My guess is, he could be way worse."
Son ton était pince-sans-rire et son expression presque sérieuse, mais le regard qu'elle lance à l'Anglais est bel et bien taquin, voire un peu moqueur alors qu'elle prend une nouvelle gorgée. Okay, maybe I'm starting to be drunk. A little.
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« I don’t make efforts for people who wouldn’t make some for me. 95% of the people around me won’t take me as I am and go past the first impression. They can go fuck themselves. I don’t need the 95%, I don’t want the 95%. And I guess that scares people. Someone who goes out of their way to stay true to who they are? How terrifying. »
Le châtain passe sa langue sur ses lèvres avant de prendre une autre gorgée de son verre, son regard toujours fixé sur le foyer où les flammes ne cessent de grandir.
« People get what they deserve with me. I’m not a hypocrit. I’m an impulsive, manipulative, sociopathic prick, but I’m not a hypocrit. »
Le blond est resté complètement muet pendant le discours de son patron. Intrigué, choqué, perplexe mais songeur tout à la fois. Il reste silencieux encore un moment, ses yeux bleus suivant les volutes de fumées qui s’échappent de la bouche du Londonien, puis finalement cède aux mots qui lui brûlent les lèvres :
« Huh… I never thought of it that way, but you’re right. »
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La rouquine l'écoute, se perd même dans ses paroles, un léger sourire aux lèvres. Elle pourrait presque jurer être... fière, en quelque sorte, lorsqu'elle l'écoute. Fière de peut-être ne pas être 95% des gens, ou d'autre chose, elle ne sait pas mais elle l'étouffe au mieux, mais elle sait qu'elle garde son sourire, incapable de s'en débarrasser de derrière son verre.
L'expression de Russell est presque fascinante alors qu'elle se demande ce qu'il peut songer, jusqu'à ce qu'il parle. À ce moment elle sourit un peu et dit :
"Well, it's not like putting up a front would change anything anyway. when the facade goes down, people get disappointed. And it's tiring."
Or they get scared and never talk to you again, too. Or both. La rousse ravale son once de mélancolie d'une nouvelle gorgée avant de dire au blond, avec un large sourire.
"Anyway, you don't look like the guy who has to fake being nice, Russ!"
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« Well, I don’t, really. I don’t think I’m a hypocrit either but sometimes I gotta… I don’t know, suck it up? I think it’s important, considering the type of environement I’m from, and what I wanna do. Public relations are important, in certain fields… I don’t know if it makes sense at all. »
La phrase du blond s’éteint en un rire timide alors qu’il avale deux grandes gorgées de son cocktail. Son regard azur passe d’Arabella à Harker, sentant clairement entre eux une distance charnelle qui n’était pas là avant. S’il l’avait supposé avant, il en était à présent certain. Mais il n’en dit pas un mot, pas pour l’instant. Il fixe le feu dans l’immense foyer et se laisse bercer par les crépitements. Quelques semaines plus tôt, il n’aurait jamais cru pouvoir être si à l’aise avec eux deux. Mais à cet instant-là, il était bien.
« Whatever suits your lifestyle best, I guess. I decided to pursue one that wouldn’t require me to be polite to people who don’t deserve it. »
Le ton de l’Anglais est étrangement calme. Bien plus qu’il ne l’est généralement. La drogue l’adoucit, mais la compagnie aussi. Taylor ne lui est plus insupportable et semble avoir développé une vraie tête. Un homme qui ne se défini plus que par ses muscles, c’est incroyable. Et la tension qu’il y a entre lui et la rouquine s’est estompée. Pour l’instant, au moins. Mais il sait que dès qu’il posera les yeux sur elle, tout cela s’effondra. Alors il évite de le faire. Navigue entre son joint et son verre. Seulement sa voix, elle, s’obstine à vouloir la caresser.
« So what do you have planned for the summer? I need to work on the schedule for the next few months. »
« I’ll be there for the next few weeks, you can even give me a few more shifts. But I’ll take some time off sometime in July and August, but I’ll let you know ahead. I’m still here pretty much full time in June. How ‘bout you, Harker? Anything special?»
« I don’t know. I’ll stay here, probably. Maybe spend a few days in London, I miss the city. Might take a week to take a vacation somewhere with the money I’ve been saving but I don’t know for sure. »
Il prend une grande gorgée de son verre et le vide ainsi. Mais il ne le reste pas longtemps; l’Anglais envoie voler son verre vers la fontaine d’un sortilège et le fait se remplir avant de l’attirer à nouveau vers lui. Sitôt se trouve-t-il dans la main, le châtain pose finalement le regard sur la rouquine.
« Waldon? »
Il ne suffit que de cela pour que tout s’effondre. Fuck, she’s so beautiful.
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"Don't worry, I can understand what you mean."
La rouquine se sent un peu plus détendue maintenant, peut-être est-ce le fait que la présence de Russell lui offre un frein extérieur à sa propre volonté, ce qui est en soit bien moins difficile à gérer. Rien que sa posture alors qu'elle est affalée semble un peu plus... habituelle, de sa part, mais c'est dangereux de trop regarder l'Anglais alors elle tente de juste les écouter, de ne pas trop réfléchir.
Au point où elle ne parle plus, se retrouve à moitié dans ses pensées, à moitié perdue à les écouter. Cet été ils avaient à travailler, mais la jeune femme se demandait ce qu'elle pourrait bien faire.
C'est finalement la voix de Harker qui la sort de sa torpeur, la fait presque sursauter. Elle tourne à nouveau son regard vers lui et ressent aussitôt l'inquiétude que la présence de Russell ne soit pas nécessaire alors qu'elle observe ses iris ambrées. Et de nouveau ces deux envies contradictoires, celle de le rejoindre, l'embrasser, le toucher et celle de fuir ce rush d'adrénaline rien qu'à le voir.
"Huh? Oh... I mean, I guess I'll go see my family, but I'll basically just work on the reserve, with the dragons, you know..."
La rouquine se sent soudainement mais ennuyante as fuck... Il lui faudrait trouver quelque chose d'un peu plus intéressant que du boulot et du boulot, mais en même temps, c'était Ara, glander était inimaginable pour elle, même pendant l'été, il fallait absolument qu'elle fasse ce qui lui plaisait.
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« You could go on vacation with Harker. I’m sure you’ve both saved up enough for a week somewhere nice. »
L’air se fige tout autour d’eux. Le malaise s’approfondit, revient à la charge. On ne les entend plus respirer. Que le crépitement des flammes dans le foyer. Le regard de l’Anglais s’arrête fixement sur le spectacle qu’offre le feu qui lèche les bûches alors que celui du Californien passe d’abord innocemment de son boss à sa collègue… Jusqu’à ce qu’il réalise ce qu’il vient de dire. À cette prise de conscience, il se mord les lèvres. Prend tout juste le temps de se redresser pour prendre la dernière gorgée de son verre et se lève, sa main cherchant sa nuque pour la masser machinalement.
« I was out of line, I’m sorry. I’ll be off now, guys, see you soon! »
Puis il se sauve presque. Il prend le temps de poser son verre sale au comptoir et, après leur avoir envoyé la main, quitte par la porte arrière. Et tout ce temps, les yeux du châtain n’ont pas dévié. Ce n’est que lorsqu’il entend la porte claquer derrière lui qu’il lâche un petit soupir, alors qu’il se penche dans son siège vers la rouquine pour lui tendre son joint. Une fois qu’elle l’attrape, il prend une grande gorgée de son verre. We’re alone. Situation qu’il avait désirée autant que redoutée. Mais c’est fait, à présent. Il ne restait plus qu’eux-deux et leurs non-dits.
« So where should be go on vacation for a week? », demande-t-il, le ton se voulant taquin. Mais qui dissimulait bien plus que cela.
What if I want to? What if all this is as serious as it feels in my guts even if I wanna deny it. To myself, to everyone.
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Ara fixe Russell, sous le choc. What did he... what? Et son regard se détourne, encore encore en train d'enregistrer ce qui se passe, fixe distraitement un pan de mur. Une semaine, loin, où elle pourrait juste laisser libre cours à ce qu'elle n'est pas censé vouloir, ou ressentir. It's so tempting it burns. Sa mâchoire se serre alors qu'elle essaie en vain de se dire que c'est une idée stupide, émise par quelqu'un d'autre, elle ne pourrait pas vouloir ça...right? Right?!
"See ya" lui adresse-t-elle distraitement, le saluant d'un simple signe de la main.
Elle retourne aussitôt à ses tentatives, espère vraiment ne pas sentir cette chaleur, ce serrement. Fuck, fuck get out of me, you're not supposed to be there. Et comme elle déglutit, elle remarque la main tendue de Harker, son joint et n'hésite pas une seule seconde. Elle a besoin de se détendre, c'est clair. La rouquine en prend une bonne bouffée, la relâche juste au bon moment, question de ne pas s'étouffer.
Elle tourne la tête vers lui lorsqu'il parle, mord de nouveau l'intérieur de sa joue, presque au sang. Why does it feel so good to look at you, for Merlin's sake? It's feels too... too right. Son ton n'aide en rien alors qu'elle dénote que sous la taquinerie se cache quelque chose qu'elle n'arrive néanmoins pas à cerner.
"Somewhere that's not usual, like the rest of... you know."
Est-ce qu'elle allait vraiment dire "us"? VRAIMENT? Reprends-toi espèce de tarte. Aussitôt la rouquine se demande où elle voudrait bien aller et songe à bien trop de pays pour choisir. Ils n'ont qu'à pas tous êtres tentants, aussi.
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Le malaise se répand dans le corps tout entier de l’Anglais. Lui attaque la tête puis la nuque et l’assaillit jusqu’aux orteils. Tellement qu’il est incapable de rester immobile. I knew this was gonna happen. I knew getting a taste of you would screw everything up. Il n’arrive plus à voir clair, entre ses envies, ses désirs, ses sentiments, sa rage et le bien-être étrange qu’il ressent lorsqu’elle est là. Le châtain se lève donc de son fauteuil et vient s’appuyer au bord du foyer de son flanc, le regard toujours fixe et les lèvres obstinées à boire. Even if your lips are the only thing I’m really thirsty for.
« Mexico. White sand beaches, tequila, drugs and a hotel room. », souffle-t-il, le ton chaud, à la fois joueur et sérieux
Cette confession lui glisse des lèvres sans qu’il ne veule même la rattraper. Il la regarde du coin de l’œil sans oser la fixer. Il a peur de se perdre dans ses yeux puis en elle, de se noyer et de ne pas vouloir s’en sauver. Le Nihm porte vite son verre à ses lèvres et le vide une nouvelle fois de deux grandes gorgées. Il regarde le fond de son verre et murmure pour lui-même :
« These things are dangerous. They sneak up on you because they’re sweet. You can barely feel the buzz coming but once it hits you, you’re done for. »
Mais il ne s’écoute pas, renvoie son verre à la fontaine d’un sortilège pour le remplir une nouvelle fois. Se met à faire les cents pas devant le foyer. Un prétexte pour s’approcher d’elle, rien de plus.
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Le Mexique. C'est vrai qu'elle a toujours voulu voir l’Amérique du sud et le Mexique n'en est pas si loin. L'idée de la drogue la fait peut-être un peu tiquer aussi. Autant à la réalisation qu'elle ne serait pas contre en essayer certaines, autant à la peur de retrouver Harker avec de l'héro dans le sang. Un frisson de peur discret et désagréable la parcourt. Et la chambre d'hôtel, god... tout ça a un aspect sale, débauché, carrément lubrique et pourtant, elle pourrait dire oui n'importe quand
Tssk. Stop, don't start to imagine things, it won't even happen anyway. Elle soupire sèchement avant d'entendre les murmures de l'Anglais. Enfin, de l'entendre murmurer, sans tout comprendre ce qu'il dit puis il se rapproche en faisant les cent-pas, lui envoie un coup direct au creux du ventre, get the fuck away, you're too close and too far at the same time now. Or just break the distance, shit. Elle prend une autre bouffée de joint et envoie son verre se remplir à nouveau avant de le récupérer.
"Or Brazil, it's just as nice and I won't risk seeing you wear a sombrero." and there's no black-tar heroine, ne termine-t-elle pas, permettant ainsi à sa phrase de ne pas prendre en gravité et de rester plutôt taquine.
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Elle suggère un autre pays. Et même si elle ne le dit pas, le ton de voix qu’elle prend, même s’il se veut neutre, dévoile qu’il y a quelque chose derrière ce changement. Puis l’épisode de la Black Tar lui revient en tête. Il avait peut-être oublié quelques parties de cette soirée mais l’essentiel lui était resté gravé en mémoire. L’inquiétude de la rouquine, le baiser assoiffé sur le futon, la soudaine bouffée de chaleur, puis plus rien. Plus rien jusqu’au réveil. Il lui avait dit que cette drogue lui venait direct du Mexique. Un sourire énigmatique, à mi-chemin entre l’amusé et l’attendri, vient étreindre les lèvres de l’Anglais puis, lentement, il se retourne vers la rouquine. S’appuie le dos sur le mur juste à côté du grand foyer, croise les bras sur son torse alors que l’une de ses mains tient toujours son verre.
« Brazil sounds good too… »
Il prend une gorgée du cocktail puis finalement, rompt un peu de la distance entre eux. Il fait quelques pas vers Arabella. Sans se jeter sur elle, sans rien brusquer. Il s’avance jusqu’à ce qu’il se trouve face au fauteuil où elle est assise. I wish I could just dive right in, trap you against the chair, kiss you without ever thinking of stopping. But I’m too scared. Le châtain se contente de s’accroupir près d’elle afin d’être à son niveau, la regardant directement dans les yeux. And this scares me too.
« … but I wouldn’t get black-out high if we were together. Together on vacation, I mean. »
For fuck’s sake, Harker, you really are the master of phrasing. Il se maudit silencieusement d’une morsure à l’intérieur de la joue.
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Le sourire du châtain la rend perplexe et elle tente de le sonder, sans oser comprendre ce qu'il signifiait. Don't tell me he freaking understood, right? Elle le voit s'approcher et n'ose pas bouger, le remerciant comme le maudissant dans son esprit. Pourtant son corps en entier semble fléchir, sa peau semble assaillie d'une chaleur beaucoup trop agréable à son goût quand leurs yeux se retrouvent face à face et ça lui demande un effort herculéen pour ne pas sauter à son cou.
Ses paroles lui font tout légèrement écarquiller les yeux, mais au fond d'elle, son coeur vient de faire six sauts périlleux et elle doit se retenir pour ne pas rougir complètement. Why does it make me so happy? I love to hear that and it scares me. Le corps de la rouquine s'avance aussitôt un peu, poussé par une envie de l'embrasser alors que son regard passe de ses lèvres à ses yeux en alternance.
"I think that makes me want it even more now, to be honest..."
La rouquine se sent aussitôt mal, profondément mal d'avoir lâché ça. You're not supposed to feel anything. But I just can't stand to think of you blacking out, or suffering or... fuck, I think I actually care too much about you. Maybe I...
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Même si ses yeux sont à présent incapables de quitter ceux de la rouquine, le reste de son corps se cherche des distractions. Il avale quelques gorgées de son verre, le pose finalement sur une table basse et laisse ses mains venir jouer presque nerveusement sur le genou de son propre pantalon. S’efforce de laisser ses nerfs s’impressionner de la texture du denim, le gratte de ses ongles courts. Tout de son non-verbal expire le malaise mais son visage, lui, reste neutre. Le plus neutre possible, au moins. Sa mâchoire serrée et l’étincelle dans l’ambre de ses iris ne mentent pas, elles. Dear God, hold me back. Because I don’t think I’ll be able to on my own.
On ignore ses prières. Les mains du châtain glissent d’elles-mêmes, de son genou à celui de la rouquine. Il la caresse doucement, laisse ses doigts masser sa cuisse un instant avant qu’il ne vienne en cacher une dans le creux de son dos, l’autre s’élevant jusqu’au côté de son cou. Son pouce suit distraitement la courbe de la mâchoire de la rouquine… Et ses nerfs en frémissent de plaisir et d’assouvissement. That’s all I want. Contact, warmth. To know she isn’t just there, but that I can touch her.
Il reste silencieux quelques secondes avant de dire finalement, sa voix rauque et chaude :
« So… Brazil or Mexico? »
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Le corps de la rousse réagit instinctivement au toucher de Phillip. Son dos se cambre tout légèrement et elle s'approche un peu plus, son cou s'appuie un peu contre la paume du châtain. Une sensation de réconfort après cette soirée de douloureuse torture. It's what I wished for. But it's not enough, it's never enough. I hate that.
L'Irlandaise le regarde, l'une de ses propres mains est venue se poser sur la nuque de l'Anglais alors que l'autre tente de la retenir au fauteuil, mais en vain, son visage s'approche un peu plus et ses yeux ne s'assouvissent pas de le regarder alors qu'il parle, lui provoque mille frissons. Elle mord sa lèvre inférieure un instant, son esprit embrumé réussit néanmoins à trouver une réponse.
"Brazil... but I just don't care about where we'd go, really."
I just want to go away, with you. Just one week, one. I don't care if it was a joke or not, let's just forget everything. La jeune femme se trouvait tellement stupide, mais son cœur en tambourine quand même. Elle flanche, se trouve à quelques centimètres de lui, avec cette envie horrible de l'embrasser. Elle regretterait la manière dont son esprit est juste emporté, noyé sous ces pensées dont elle aurait honte, son orgueil sera blessé, mais pour l'espace d'un moment, rien à foutre. I just want one kiss, I just need my fix, for fuck's sake.
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La manière qu’elle a de répondre parfaitement au contact de ses mains est absolument grisante. C’est sans effort, tout à fait aisément qu’elle s’approche de lui, que son cou rejoint sa paume, que son dos se cambre sous la présence de sa main. Elle ne lui résiste pas, elle le veut autant que lui. Et ça l’effraie autant que ça lui fait plaisir. I can’t stop it. Even if I know I’ll try to stop it, something inside me tells me it’s too late. And if she can’t stop it either, I don’t know what’ll happen. I can’t face the next step. I can’t deal with the feelings and emotions because I can’t even deal with my own.
But she makes me want to try. Tout cela à cause d’une baise sauvage en forêt. Même s’il savait, au fond, que c’était bien plus que cela. Que ça faisait bien plus longtemps que ça lui torturait le ventre et le cœur.
L’Anglais pose ses genoux sur le sol. Se supporte ainsi plus solidement alors qu’à son tour, lui aussi s’approche un peu plus. Sans qu’il ne le réalise, son étreinte sur le corps d’Arabella se resserre. C’est son avant-bras, à présent, qui lui serre la chute des reins. La caresse de sa paume sur son cou grimpe doucement jusqu’à cueillir sa joue. This isn’t me. What the hell are you doing, Harker? Do you really think you – deserve – her?
« Brazil it is, then. »
Puis il se fait taire, tant sa tête que sa bouche, alors que ses lèvres viennent délicatement happer celles de la rouquine. Il se contente d’un unique baiser d’abord mais il n’a pas le temps d’effleurer sa peau du bout du nez que son corps tout entier en redemande. And I don’t have the willpower to resist. Yeux clos, il se laisse charmer. I’ve missed the taste of your lips. Dans un soupir gorgé de plaisir et d’abandon, l’Anglais approfondit le baiser, permet à sa langue percée de venir mieux goûter l’ambroisie de la bouche de celle qui a été son amante.
Nous sommes damnés. Nous sommes perdus. And I love every second of this terrible fate.
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Il lui répond, lui arrache un petit sourire, et à ce moment ils n'ont plus rien à se communiquer, lyriquement parlant, s'entend. Finalement, après avoir souffert toute la soirée, le manque se comble et la jeune femme l'embrasse, ou bien c'est lui qui l'embrasse, elle ne sait pas et à vrai dire n'en a rien à faire. La main qui tentait de la retenir au fauteuil, accrochée à l'accoudoir, abandonne définitivement et vient se poser à la base de son cou, l'autre remontant jusqu'à épouser sa mâchoire.
Leur langues se retrouvent, leur lèvres s'abreuvent l'une de l'autre et Ara soupire à son tour, un soupir gorgé du soulagement de finalement ressentir cela à nouveau. It's so good it hurts. Ses nerfs se serrent, ses muscles semblent se tendre un peu et ses doigts s'accrochent un peu à la peau du châtain.
Puis finalement, elle se recule, le regarde, avec une peur au creux du ventre, cette panique d'être manipulée à nouveau. He wouldn't do that to me, but I told myself this, last time. I can't feel what I'm feeling right now. Please, just shut my brain up, please Harker do that for me. Son regard le supplie presque de le faire, de juste lui assurer que cette envie de fuir n'a pas lieu d'être, que ça n'a rien de mal de devenir accro. Elle ne sait plus, c'est trop pour elle en ce moment.
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C’est beaucoup trop court.
Il a à peine le temps de profiter de sa proximité, d’assouvir la faim terrible qui lui creusait le ventre. Ce temps qu’il passe à redécouvrir ses lèvres semble durer une demi-seconde à peine. On lui a permis de succomber, mais on lui enlève presque aussitôt ce droit. Le baiser se brise, non sans qu’il proteste d’un soupir rauque alors que, malgré lui, ses paupières s’ouvrent, son visage trahissant un air confus et avide tout à la fois. Ce qu’il voit dans les yeux d’Arabella l’effraie autant qu’il le frustre. What if I can’t give her what she wants? Wouldn’t be the first time that I fail at being a good person. That’s why I don’t try anymore.
Le châtain se mord légèrement les lèvres alors que le bout de ses doigts continue de caresser le visage de l’Irlandaise, traçant doucement ses traits sous leur passage. Il reste silencieux, laisse le temps aux mots qui se cognent dans sa tête de former une phrase éloquente. Qui veut tout dire sans qu’il ne s’épanche en émotions aussi nébuleuses qu’il ne l’est lui-même.
« I don’t know what’s gonna come out of all this. But the fact that I’m scared shitless means that I care. Which is a good thing, I guess. » Il soupire, exaspéré de lui-même. You ridiculous wanker. « We’ll fight. I’ll hit you, you’ll hit me, you’ll scream. I’ll get jealous. We’ll cry. We’ll regret ever trying this, we’ll regret ever looking at each other in the first place. We’ll say things we regret and we’ll keep secrets even when we shouldn’t. »
Il baisse les yeux un instant. Honteux, gêné, enragé. And I should just get up and leave. That’s what I would have done two months ago. But now I can’t. Au bout de quelques secondes, l’ambre de ses yeux revient caresser le lavande de ceux de la rouquine. Il souffle, il murmure. Et dans sa voix se révèle une vulnérabilité que lui-même n’a jamais connue avant.
« But I care. »
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Les mots résonnent dans son crâne, frappent, s'agitent, la rassurent et l'effraient tout à la fois. He's not an hypocrit, just like he said. Certaines choses lui rappellent cette autre histoire. Et pourtant tout est différent. Elle n'est pas vulnérable, pas sans défense ni menée par le bout du nez. C'est son choix, elle le sait, l'a toujours su et n'a pas à contenir de rage. Because I trust you. We'll hate each other, we'll hit each other, but I don't feel like we could really hurt each other.
Des larmes menacent de quitter ses paupières, elle qui sent déjà ses iris devenir humides. Parce qu'elle est bien, qu'elle le veut et ne le veut pas en même temps. Because he cares. Et son cœur ne pourrait pas en être plus battant qu'à ce moment. Son pouce caresse sa joue et elle mord sa lèvre inférieure.
Pour une fois, elle se retrouve à court de mots. Qu'est-ce qu'elle pourrait dire à ça. Exprimer ses émotions? Impossible, elles sont trop intenses pour qu'elle ose. Lui assurer qu'elle sait dans quoi elle s'embarque? Elle ne sait pas du tout et n'en a de toute manière rien à battre. Alors quoi? Trois mots lui brûlent les lèvres à ce moment, mis elle en est incapable. C'est Harker, elle ne sait jamais s’il fuirait ou accepterait, si elle finirait le cœur brisé d'avoir été écrasé de rejet, ou d'avoir explosé d'intensité. Pourtant elle en aurait envie. Elle se sent faible, ce soir. Demain elle se reprendra, se jurera que deux bouffées de joint et tout l'Alcool auront eu raison d'elle, mais ce soir, elle voudrait lui dire.
"I..." commence-t-elle, les mots se mourant dans sa gorge.
Finalement, la rouquine se penche, l'embrasse à nouveau. Tendre, passionnée, un peu confuse aussi. Elle n'y est pas arrivée. Elle ne peut juste pas. Elle ne peut pas encore lui avouer que sa haine a tant brûlé et brûlé qu'elle a fini par mettre à découvert une corde sensible et tout fait changer. God, I can't. I just can't.
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Ce qu’il voit dans les yeux d’Arabella lui glace le sang. Cet élan de douceur et d’affection qui lui mouille les yeux, qui les lui fait briller de quelque chose qu’il refuse de reconnaître. Ses lèvres tremblantes qui s’entrouvrent. Please don’t say it. Don’t even think about it, I beg you. This can’t happen. Not now, not ever. I don’t deserve it. La mâchoire de l’Anglais s’est profondément serrée, son souffle s’est arrêté. Pourtant, il n’arrive pas à s’éloigner. Ses doigts restent accrochés à elle, son regard ne dévie pas du sien. Il lui laisse une chance de se taire, d’oublier l’absurdité qui lui a traversé la tête fragile d’alcool et de fumée magique.
Le châtain accueille les lèvres de la rouquine contre les siennes d’un soupir tant avide que soulagé. Thank God. Puis de pressions charnelles de ses lèvres, de mordillements de ses dents, de suçotements contre sa lèvre inférieure, de souffles lourds de désir, il essaie de la faire oublier. Let’s forget what just happened. Focus on me. On our kiss, on my hands grasping the lace of your dress.
« I wasn’t kidding about that vacation. », admet-il dans un souffle gémissant avant que ses lèvres ne reviennent à l’assaut.
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La passion prend le pas sur tout le reste. Son cœur abandonne, son cerveau repousse tout le reste, n'ayant que pour préoccupation à quel point sa satisfaction d'embrasser le châtain est grande. Ses mains viennent agripper sa nuque et lui rend ses morsures, ses jeux de lèvres et de dents, se presse avec chaleur.
C'est au tour de Harker d'interrompre leur baiser et à l'écouter, elle laisse échapper un petit rire silencieux juste avant d'être assaillie à nouveau.
L'espace d'un moment elle en oublie de répondre et ne fait que profiter, avec un relâchement qu'elle a rarement - voire jamais - eu avec lui. Son corps ne lui supplie plus rien, déjà heureux d'être assouvit de contact. C'est encore quelques bonnes secondes qu'elle se perd dans cet échange avant de se reculer, juste le temps de soupirer contre ses lèvres :
"Good then, I don't think I was either." finit-elle par rétorquer, un peu plus détendue, la voix brûlée d'une force charnelle et sans vraiment le vouloir, son esprit essaie de désamorcer un peu plus la tension. "I certainly wasn't about you looking ridiculous wearing a sombrero."
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C’est tellement étrange. Ce bien-être, cette paix intérieure, ce sentiment d’avoir tout ce dont il a besoin à cet instant-là. Le vide est comblé. Ce qu’aucune drogue n’a été capable d’accomplir. Il avait voulu y croire. Qu’une dose d’héro dans ses veines allait lui offrir ce réconfort, qu’un rail de coke était suffisant pour qu’il n’aille plus envie de se suicider. Et jusqu’à présent, ça avait presque été le cas. But now I know what it’s like to feel fulfilled. And I’m scared that it’ll be ripped away from me. I don’t wanna feel this because I know I’ll screw it up, I’ll make you miserable, I’ll make myself miserable.
Just shut up, Harker. Shut the fuck up and enjoy it while it lasts.
C’est lorsqu’il aspire une énième fois la lèvre inférieure d’Arabella entre les siennes qu’elle s’éloigne un tant soit peu pour lui souffler quelques mots. Ceux-ci lui arrachent un court rire alors qu’il entrouvre les yeux, croisant son regard. Deux de ses doigts passent contre le front de la belle pour y attraper une mèche rousse et rebelle, la fixant doucement derrière l’une de ses oreilles.
« How does early July sound? Do you trust me with the planning? »
No, we aren’t dating. Just kissing in front of a fireplace, talking about going on vacation together in a tropical paradise where all we’ll have to do is drink and fuck. And secretly hoping this won’t blow up in our faces.
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La caresse sur son front arrache à la rouquine un doux frisson le long de son corps, l'écoute sans ciller son regard du sien. Elle aime le regarder, s'y perdre et pour une fois, oublie même de s'en vouloir d'aimer ça. À ce qu'il dit, son expression devient un peu moqueuse et elle répond, la voix basse, comme si parler trop fort briserait la cloche de verre qui semble les entourer à cet instant.
"Of course I don't. But I'm good at improvising. So that's alright for me."
Ce qui est tout aussi bon pour elle que de confirmer qu'elle lui fait confiance, alors qu'elle lui offre cette moue taquine éhontée. L'une de ses mains remonte dans ses cheveux, caresse le haut de son oreille du pouce, résistant au mieux à son envie de l'embrasser à nouveau pour au moins le laisser répondre. That's it, you're addicted. You're so fucked, girl. So so fucked.
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« You shouldn’t either… I might sign us up to some pottery making classes. »
Son ton est calme et détendu mais au fond de lui, tout tremble. Son esprit se fend lentement, tortueusement alors qu’il en vient à une réalisation effrayante. Waldon est la seule femme qu’il désire vraiment. La perspective de passer une semaine entière avec elle l’effraie, mais pas pour les raisons qu’il aurait souhaité. Normalement, il en aurait été nerveux parce que ça aurait rendu coucher avec la barmaid plus difficile. Ça lui aurait rendu la tâche de se droguer à en perdre connaissance plus embarrassante. Et passer sept jours entiers avec une seule et même personne? Faut pas rêver, ça relève du miracle. I can’t stand myself for that long, how am I gonna deal with someone else? Il a peur parce que cette perspective d’intimité entière le laisse trop à l’aise. I want something I’ve spent my whole life avoiding. This isn’t a good thing. What the hell has gotten into me?
I’m fucked. I’m totally fucked.
L’Anglaise se penche une dernière fois vers la rouquine pour lui voler un baiser bref mais tout aussi chaud que les précédents et, affichant l’ombre d’un sourire, il se redresse afin d’être debout. Il pointe sa baguette vers la fontaine de Long Island et, d’un sortilège, la fait disparaître. Une seconde à peine, et le besoin de combler le vide qui se réinstalle se fait sentir. Il attrape son paquet de cigarettes, s’en fixe une au bec et, après l’avoir allumée, il dit :
« I’ll walk you to the Inn. »
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Le châtain l'embrasse une dernière fois. Brièvement, trop brièvement à son goût. Oh shit, what the hell. You're a junkie Waldon, you became a fucking junkie and this perfect prick in front of you is your drug. Il se recule et la rousse, à son grand dam, ne ressent même pas la volonté de partir en courant. Elle ne fait que se redresser à son tour, ramenant ses cheveux sur l'une de ses épaules.
You are NOT supposed to be happy here, Ara. You are NOT supposed to go on vacation with this guy... guh, why am I even trying to make myself understand, I'm even too fucking stubborn for myself.
"Oh, hem... I guess I had planned to spend the night up, in the forest you know but a night's sleep won't hurt, I guess."
La rousse se masse la nuque et n'attend pas pour aller vers le bar, laver son verre et celui abandonné du blond. C'est vrai qu'elle manquait un peu de sommeil, ces derniers jours, soit occupée par un quelconque mec, soit parce qu'elle ne voulait juste pas dormir, rêver à Phil et se réveiller complètement frustrée.
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L’Anglais ne lui répond pas. Il se contente de la regarder dans les yeux et d’hocher légèrement la tête avant de ramener à son tour son verre derrière le comptoir. Il le lave vite fait, le renvoie sur son étagère puis se met en marche vers la salle des employés, où il vérifie que le coffre est bien verrouillé. Il inspire une bonne bouffée de nicotine qu’il rejette ensuite vers le plafond, d’entre ses lèvres, en attendant que la rouquine arrive près de lui.
Et tout ce temps il se dit qu’il est encore temps. Qu’il peut encore l’inviter à rester, qu’il peut passer de longues minutes à l’embrasser avant qu’ils ne cèdent à nouveau à leurs corps. But I can’t. Not yet. All this is too sudden, too fast and far too frightening. Worst thing is I shouldn’t be scared of wanting her. I shouldn’t care. I’ve survived living off my base instincts so far, why isn’t it enough anymore? Why am I making this more complicated?
Le châtain sort de sa torpeur lorsque la jeune femme vient le rejoindre. Il la regarde dans les yeux un instant, hésite une dernière fois puis ouvre la porte, la laissant passer devant avant de sortir à son tour, verrouillant la porte derrière lui. Puis ils se mettent en marche, en silence. Et alors qu’il fume toujours d’une main, l’autre vient tout naturellement trouver celle de la Ceart. L’enlace d’abord de sa paume avant de glisser ses doigts entre les siens, ses yeux regardant partout sauf vers elle. I’ve never held anyone’s hand like that before. And I wish I didn’t like the way it makes me feel.
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Arabella termine de laver les verres et va chercher sa veste avant de rejoindre le châtain à l'entrée. L'un après l'autre ils sortent et aussitôt, la rouquine sort une cigarette aux épices - c'est qu'elle a développé un réel amour pour celles-là - et l'allume, avant de laisser retomber l'une de ses mains le long de son corps, l'autre ne restant jamais trop loin de ses lèvres.
C'est ainsi qu'un instant, la rouquine se concentre sur les saveurs, les volutes de fumée qu'elle brise de son passage. Jusqu'à sentir une main sur la sienne, sa chaleur si agréable que c'en était dérangeant, leurs doigts s'enlaçant avec un naturel déroutant. Si tout d'abord, la jeune femme reste un peu raide, elle finit part enserrer les doigts du châtain entre les siens dans une étreinte presque détendue. It just feels good and soft, I can't feel bad about this. Bien sûr elle a déjà tenu des mains dans sa vie, pour plein de raisons et si tenir celle d'Harker est inhabituel et lui fait dévier le regard, c'est sûrement la chose la moins dérangeante qu'ils aient fait, au fond.
Quelques rues passent quand finalement les lumières et le panneau de l'auberge approchent et son coeur se pince un peu. Un pincement qu'elle n'assume pas, loin de là, mais qu'elle accepte de ressentir au plus profond, dans le secret de son être. Quelques pas de plus et ils arrivent. Just ask him to come with you, spend the night. It doesn't have to hurt, just give in, get another dose, give in.
"So, hem... good night, I guess."
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Ça pue l’adolescence. L’hésitation, l’exploration, la peur de mal faire ou de tout simplement ne pas savoir quoi faire ou comment agir. Pourtant il peut presque s’y sentir à l’aise. Mais il se pose trop de questions, doute trop fort. Nothing this good comes for free. I don’t know shit about intimacy, I’m screw things up, I know. I can’t handle this. I feel to good about her, I’ll destroy her.
Mais sa main enlace toujours celle de la rouquine, la réchauffe de sa paume, son pouce lui effleurant distraitement les jointures. Ils marchent d’un pas normal, ni trop rapide, ni trop long, jusqu’à se retrouver devant la porte de l’auberge. Naturellement, l’Anglais se place devant elle, refusant de relâcher ses doigts des siens pour l’instant alors qu’il jette sa cigarette à moitié achevée. La remarque hésitante de l’Irlandaise lui arrache un petit rire alors qu’il roule les yeux, sans toutefois perdre son sourire.
« Oh please, let’s not go through this again. It’s your turn to take your good night kiss. »
Et il se penche, un peu. Pour lui faciliter la tâche, qu’elle n’aille pas à se pendre à son cou pour le rejoindre. Sa main libre se pose sur sa hanche. Il la fixe. Attendant la suite, sourire taquin au coin des lèvres.
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La rouquine voit bien son expression et se sent presque mal l'espace d'un instant, se sent stupide d'avoir l'air d'une telle novice, alors qu'au fond elle ne l'est pas, for fuck's sake. Sauf qu'avant qu'elle n'ait le temps de se sentir plus imbécile encore il parle, la fait sourire, même rire un peu. Elle s'imagine une seconde le planter là, alors qu'il est penché, se surprend même à s'amuser de la scène, mais n'en a pas envie, loin de là.
À la place, c'est à son tour de laisser tomber sa cigarette au sol devant elle, qu'elle écrase du plat de son talon avant de s'approcher et lui poser la main sur le cou, son pouce venant marquer sa mâchoire. Elle brise la distance autant de son propre chef que d'une pression vers l'avant sur la nuque de l'Anglais. Et l'on peut sentir un certain petit instinct de compétition, l'envie de dire : I can give an even better goodnight kiss. Mais plus que tout, ses lèvres se font pleines d'une passion contrôlée, lancinante et d'une touche de tendresse.
Elle fait durer le baiser un petit moment et le ponctue d'une toute légère morsure, pas douloureuse, mais certes frémissante sans doute. La rouquine éloigne donc un peu son visage, juste assez pour que leurs nez et leurs lèvres se frôlent encore, un sourire en coin ornant son visage.
"Did I take it right or you need another shot?"
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I don’t wanna play anymore. Not now, not tonight. All this felt too good to spoil it. C’est ce que son regard disait à l’Irlandaise avant que celle-ci ne brise la distance entre eux pour de bon. Et même lorsque ses lèvres se collent aux siennes, le sourire du châtain ne semble pas vouloir s’effacer complètement. L’étreinte de ses doigts sur la dentelle de la robe d’Arabella se resserre doucement alors que celle qu’il a sur les siens se relâche, qu’il puisse élever sa main jusqu’à lui caresser l’épaule et le creux du cou.
Le baiser ne dure évidemment pas assez longtemps. Mais il profite de chaque seconde de celui-ci. Du goût de ses lèvres, de la sensation de sa langue contre la sienne, de la chaleur et de la tendresse qui s’en diffuse pour lui réchauffer le cœur et le ventre. Mais ça n’est pas un soupir assoiffé qui brise l’air lorsqu’elle s’éloigne. C’en est un satisfait, comblé. I didn’t screw up. Not this time, at least. Le nez du châtain caresse délicatement la joue d’Arabella d’une douce poussée alors qu’il ouvre finalement les yeux.
« It was perfect. »
Ses derniers mots meurent sur ses lèvres qui cèdent à un sourire avant qu’il ne se détache d’elle. I can’t say any more. This is perfect, this is how it should stay. Son regard d’ambre s’attarde une dernière fois sur elle puis il se retourne, lui faisant dos et revenant sur ses pas pour revenir au Bloody Ghoul, s’allumant une autre cigarette au passage.
I know that once again, I’ll sleep well. And I know that it has something to do with you. But, once again, I’ll ignore the reasons why.
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Arabella lui offre un sourire lorsqu'il lui répond. Un sincère, sans retenue. It feels right, and I want to make it worth the migraines I'll get simply trying to forget how great it felt and how right your words are. Elle le regarde partir, quelques seconde, le cœur encore battant à un rythme effréné avant d'entrer dans l'auberge et de se payer une chambre pour la nuit.
Ce n'est qu'en arrivant dans la pièce que l'inquiétude la pique un moment. What if he blacks out tonight? What if something happens? Ce sont des questions qu'elle évite d'habitude à tout prix de se poser, mais ce soir ça lui rentre dedans avec la force d'une voiture de course. Mais elle inspire profondément, ose espérer que ce soir il ne le fera pas, qu'elle n'a pas à songer à ça. Elle se rassure tout en se préparant à aller dormir, tant de choses enterrées au fond d'elle qui ne sortiront que demain et juste ce sentiment envahissant de bien-être.
It's so warm, and fuzzy, I'd puke if it wasn't exactly what I wanted right now. I could almost feel myself blushing, its stupid. It is, but it's so great tonight. It's perfect.