Phillip Harker
RPGFeuille de personnageAge: 22 ansNiveau: 5e année MaestriaBaguette Magique: 29 cm, Bois de Saule, Voile de détraqueur
| Sujet: [V] 17 - I'd go to Hell for you [Insta-RP Phil-Ara] Mer 21 Jan - 2:31 | |
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Il y avait eu une soirée à la Banshee, Arabella, fatiguée de n'avoir la tête que dans le boulot et les études avait décidé d'y aller, habillée d'une robe à la jupe noire au haut tout en dentelle dorée. Et elle avait franchement abusé de l'alcool, au point de ne plus trop savoir comment marcher et de devoir tenir ses talons dans ses mains.
Rendue en fin de soirée, après moult verres d'alcools, la rouquine commença à vraiment avoir besoin d'air frais et un garçon, un peu collant mais toujours très charmant, lui proposa d'aller à la plage. Et comme la fille soule qu'elle était, elle accepta sans arrière-pensées, s'agrippant souvent au brun en riant, manquant tomber et lui toujours si poli.
La plage était magnifique, le sable encore légèrement humide d'une pluie qui avait cessé le matin. Et la rousse se stoppa net, observant l'eau illuminée par la lune et les étoiles, perdue dans une contemplation d'autant plus intense que l'alcool ne lui permettait pas de diviser sa concentration et qui l'empêcha de voir le brun passer derrière elle. Ce n'est que lorsqu'il vint la serrer par la taille que l'Irlandaise sursauta.
"Woaaah there, easy!", dit-elle rieuse en se dégageant.
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La soirée avait été moche. Peu de clients - assez pour se faire un bon montant de profits - mais rien de spécialement stimulant, quoi. On passait au bar à un rythme régulier, assez pour qu'il se garde occupé, mais pas assez pour qu'on lui enlève cette étrange sensation de lourdeur et de lassitude mêlées de sur les épaules. Et même s'il savait pertinemment pourquoi il se sentait aussi, il n'oserait pas l'avouer. Ni à lui-même, ni à qui que ce soit d'autre. Même cet imbécile de Taylor n'était pas là pour lui rappeler cette soirée d'un air idiot ou d'un sourire en coin.
C'est donc dans la même humeur, après avoir fermé la grande porte de bois et de métal, que le châtain s'affaira à fermer le bar, seul. La caisse, les bouteilles, la routine. Mais ça n'était tout simplement pas pareil lorsque le parfum à la fois sucré et épicé d'une certaine rouquine ne flottait pas autour de lui. Lorsqu'il n'y avait pas de cette belle paire d'yeux lavande pour lui jeter des regards. Souvent assassins, parfois languissants.
Trente minutes après la fermeture, l'Anglais verrouilla la porte arrière et traversa les rues de Stornoway afin de faire son chemin vers l'université. Jean troué aux genoux, t-shirt blanc à l’encolure en V et veston de cuir complétaient son ensemble alors qu'il passait à travers la forêt, cigarette au bec. Mais lorsque vint le temps de prendre le chemin menant directement à St-Barnaby, Harker s'arrêta. Il avait besoin d'être à l'extérieur. De méditer, peut-être même, à l'aide d'un joint. Il prit donc le détour qui le mènerait à la plage.
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Arabella venait donc de se dégager en riant. Elle voulait peut-être fêter, mais n'était pas d'humeur aux rapprochements pas quand les mains d'Harker marquaient encore sa mémoire aussi vivement que si il venait de les enlever et certainement pas quand elle ne pensait qu'à lui à la minute où elle osait se reposer l'esprit. Elle riait toujours, la voix imprégnée d'alcool et se retourna sur elle-même, mais le brun, qui s'appelait Leon, ou Laurent, ou quelque chose comme ça, c'était à vrai dire un peu flou, ne riait pas du tout. Son regard seul suffit à faire tomber une brique au fond de son estomac et son corps sembla prit de frissons violents.
C'était ce même genre de regards qu'elle voyait chez la majorité des prédateurs de la forêt qu'elle pouvait observer, lorsqu'ils chassaient, plus précisément.
Avant même qu'elle ait pu faire un réel mouvement de recul, il la ramena contre lui et attaqua aussitôt son cou de baisers. Ara resta choquée quelque secondes avant de commencer à se débattre, le repousser.
"Stop! I said stop!"
Et il ne la lâchait pas, il serrait encore plus fort, jusqu'à la pousser au sol et se jeter par-dessus elle alors qu'elle poussait un cri de panique. Il prit ses poignets de force, les plaqua au-dessus de sa tête pour les retenir d'une main, l'autre commençant déjà à se balader tendancieusement.
"Come on, don't get all prude, you'll love it." susurra-t-il, doucereux et dangereux à la fois.
Ara elle était enragée et apeuré alors qu'une main qu'elle ne voulait pas sur elle commençait à remonter le long de sa cuisse, ses jambes coincées par le jeune homme qui savait clairement ce qu'il faisait.
"Leave... me... alone!" cria-t-elle en se débattant d'autant plus, juste avant qu'il sorte un couteau, le posant juste sous sa gorge. "Shut the fuck up." est tout ce qu'il grogna avant de reprendre, encore plus pressé.
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À peine avait-il commencé à suivre le sentier qu'il pouvait déjà sentir l'air marin lui chatouiller les narines. Un regard vers le ciel étoilé lui confirmait que la vue à la plage allait être absolument magnifique. Un vague sourire lui éclaira les lèvres, l'un des rares sourires sincères qu'il ne réservait qu'à sa solitude, puis il hâta légèrement le pas. Pressé de s'y rendre mais rassuré qu'il lui restait quelques heures encore avant que le soleil ne se lève.
Le châtain expirait doucement un nuage de fumée gris clair vers le ciel lorsqu'il entendit un cri distinct venir de la place. Un cri de panique, un cri de terreur. Des mots lancés à pleins poumons qui, malgré la mélodie des vagues, avait percé l'air jusqu'à ses oreilles. Il n'hésita pas une seconde. La détresse qu'il avait sentie dans cette voix féminine était suffisante pour lui faire nouer le ventre, et si Phillip aimait pousser les gens jusqu'à leurs limites, dans des cas semblables et à cette heure, il fallait le prendre au sérieux. L'Anglais jeta donc sa cigarette sur le sol et, détalant à toute allure, courra jusqu'à la plage.
Un charognard. Une bête hideuse et pathétique à la fois. C'est ce qu'il aperçut se tortillant d'un plaisir sadique par-dessus le corps d'une femme qui, bien qu'elle se débattait, n'avait visiblement aucune chance de s'en sortir d'elle-même. Il ne prit pas le temps de la regarder, ses yeux d'ambre se vrillant instantanément sur cette saleté d'homme. Il s'approcha de lui à toute vitesse et, dans un mouvement d'une force et d'une rapidité surprenante, il l'accrocha au cou et le força à se redresser. Il le poussa violemment sur les épaules et s'entendit grogner, haineux et provocateur à la fois:
"What the fuck do you think you're doing, you pathetic little shit? Are you such a fucking lunatic coward that you can't hear her when she's telling you she's had enough? Are you fucking DEAF?"
Il cria ce dernier mot, le ponctuant d'une autre poussée violente. Mais l'autre idiot avait autre chose à dire, sembla-t-il.
"Mind your own business, she was totally into it. Just look at the way she's dressed."
Et alors que Phillip retournait le visage pour jeter un coup d'œil à la jeune femme - pour s'assurer qu'elle n'avait rien, il n'en avait que peu à faire de son habillement - l'agresseur en profita pour lui foutre un crochet violent à la mâchoire. L'Anglais en gémit de rage et de douleur, les yeux clos alors qu'il crachait le sang qui lui emplissait la bouche.
Puis il la vit quand il ouvrit les yeux. Il vit ses épaules fines, ses cheveux parfaitement bouclés, et ses yeux qui lui donnaient autant de rêves que de cauchemars. L'expression du châtain changea complètement... Passant de la frustration à la confusion. Puis de la réalisation au désir incontrôlable de sang et de chair sous ses doigts.
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La froideur de la lame était égale à celle de son propriétaire. Et Ara sentit ses cordes vocales se refermer aussitôt, ainsi que sa trachée, lui coupant le souffle. La peur venait littéralement de la tétaniser et malgré qu'elle continuait instinctivement de tenter d'imaginer un moyen de le repousser sans qu'il ne lui ouvre la gorge en deux, de se défaire de son emprise, sa volonté fondait lentement. Elle était vraiment forcée de choisir entre une gorge tranchée ou un viol.
C'était irréel, comme si de fermer les yeux et de les rouvrir, elle découvrirait que ce n'était qu'une suite d'hallucinations sensorielles, mais c'était aussi trop réel. Cette griffure qu'il venait de faire sur l'intérieur de sa cuisse ; sa bouche et ses lèvres venant posséder la peau de son cou, ne s'interrompant que pour venir agrandir son décolleté à l'aide de son couteau, éraflant la peau laiteuse d'Ara au passage et créant des perles vermeilles ; ses mains qui reprenaient aussitôt leur manège, l'une pointant le couteau après avoir libéré l'un de ses seins, l'autre passant finalement de sa cuisse à sa croupe, pressant sans aucune finesse. Tout ça était trop réel.
Ara poussa une plainte assourdie par le bâillon, des larmes montant dans ses yeux et le corps tremblant comme une feuille. Son sein était attaqué par les lèvres et les dents de son agresseur, son intimité par cette main qui ne lui voulait que du mal. À ce moment elle regretta avoir et instinct de survie qui l'empêchait de se jeter elle-même sur ce couteau.
Puis une légèreté, la fraîcheur du soir remplaçant la chaleur infernale et lourde de son potentiel violeur. Ara avait eu les yeux dans le vide, mais ils redevinrent parfaitement observateurs quand elle entendit Harker et elle se redressa en position assise frénétiquement, les muscles déjà douloureux d'être si tendus. Elle eut peur un quart de seconde, un seul, le temps de voir l'expression de son patron, mais ça ne prit pas de temps que l'agresseur lui mit un coup de poing sur la gueule, éveillant ainsi les sens de la rousse.
Les doigts tremblants elle agrippa le bâillon et le descendit de sur sa bouche, ayant aussitôt un mouvement vers le châtain. "Harker!" cria-t-elle, juste avant que le brun au couteau revienne à la charge, la visant de son couteau.
"You don't fucking move! Sluts like you stay down!" , crie-t-il, enragé qu'on l'ait interrompu.
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Les murs de la logique et du sensé s'écroulèrent violemment alors que, dans une tristesse et une indignation terrible, le châtain aperçu ce qu'on avait fait au corps d'Arabella. Et pire encore que les traces rouge sur sa peau, que ses joues tachés de larmes, que ses vêtements châtiés par une lame ou des mains trop brusques, il s'imagina ce qui aurait pu se produire s'il n'était pas arrivé. S'il avait seulement choisi de rester en ville ou de se rendre directement à l'université. Et cette vision dévastatrice lui était profondément dégoûtante. Ce fût suffisant pour le rendre complètement fou de rage et de revanche, la mâchoire profondément serrée et le regard brillant d'une faim malsaine d'annihilation.
"I don't fucking think so...", mugit-il entre ses dents alors qu'il vint s'imposer une nouvelle fois entre la rouquine et son agresseur.
Et ça ne lui plaisait pas à l'autre connard, qui, un sourire malin aux lèvres, tentait de le provoquer. En lui disant qu'elle l'avait cherché, qu'elle s'était frottée à lui toute la soirée, qu'elle s'était laissée emmener jusque-là et surtout, qu'elle ne méritait rien de mieux, de toute façon, que lui servir à tirer son coup sans trop se débattre.
Et avant qu'il ne puisse dire un mot de plus, Phillip se jetait sur lui, criant à pleine gorge d'une haine sans nom, lui envoyant en pleine gueule un, deux, trois coups de poings alors que son autre main était venue lui serrer la gorge avec la claire intention de l'étouffer.
"You fucking stay down you filthy maggot! Are you getting hard off this, huh? You twisted fucker!" criait-il à s'en blesser la voix alors que ses jointures se tachaient du sang de l'autre merde.
Ses plaintes de douleur étaient une œuvre d'art à ses oreilles...
Mais il en avait oublié le couteau. Et dans un réflexe paniqué et rageur à la fois, l'agresseur l'éleva devant lui et l'enfonça dans la chair de l'Anglais. La lame traversa la peau du châtain, érafla ses côtes, tout près de son pectoraux droit, s'y longea bien au fond. Pris de choc pendant quelques secondes, Phillip s'arrêta de bouger, tenant toujours fermement la gorge de l'autre entre ses doigts.
"You sneaky bastard...", siffla-t-il entre ses dents serrées.
Le brun tenta une autre attaque avec son arme mais vit son coup dévier, à force de manquer de souffle, plantant le couteau de travers dans le bras droit du Londonien. Et même si les yeux de celui-ci s'étaient embrumés d'une douleur qu'il n'avait pas connue jusque-là, son but, lui, n'avait jamais été aussi clair.
"You wanna play dirty, you little bitch?"
Sa main dont le bras était meurtri empoigna une grande poignée de sable et, avec toute la rudesse dont il était capable, l'enfonça dans la bouche et la gorge ensanglantée de celui qui venait sceller son destin en tant que victime. L'Anglais haletait violemment, combattant son corps qui voulait abandonner de sa volonté de détruire l'insecte qui avait voulu violer la belle rousse qui le captivait un peu plus à chaque jour. L'instinct et l'adrénaline lui permirent de se pousser, de se surpasser dans sa violence. De ses deux mains, Harker se saisit d'une grosse pierre et dans un ultime cri de fureur, l'écrasa brutalement sur la tête de l'homme.
On entendit un craquement. Le sable se tacha d'une mare de sang qui, doucement, coula jusqu'à l'eau salée.
Puis dans un souffle profond ponctué d'un geignement de douleur, Phillip tomba à son tour sur le sable humide, sa main cherchant péniblement à venir recouvrir la plaie sur son côté.
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Les mots que le brun cracha à Phillip à propos de la rousse lui vrillèrent les organes, lui donnant cette soudaine envie de vomir, surement augmentée par le taux d'alcool dans le sang d'Ara, bien qu'elle se sentait totalement dégrisée à ce moment. Mais elle se retint, elle a même peur de bouger ; peur de son agresseur qu'elle regarde comme si il allait lui jeter le couteau entre les deux yeux à tout moment et surtout, peur pour Phil, qui pourrait se manger aussi la lame.
Et soudainement, le visage du brun se déforme, sous la douleur et sous la force du poing de Phil. Et Ara se recule à nouveau, tout en se relevant maladroitement, effrayée de souffrir encore, de prendre un coup, que son agresseur l'entraîne avec lui. Pourquoi d'ailleurs ne veut-elle pas ça? S'approcher, repousser Phillip, battre ce salaud jusqu'à entendre sa voix se fondre en celle d'un gamin effrayé et suppliant qui tient son petit couteau comme si... Le couteau, oui, c'est pour ça. Aussitôt les yeux de l'Irlandaise s’écarquillent alors que sa mémoire lui rappelle ce fait et elle crie, sa voix brisée de panique :
"Harker, Watch out!"
Mais c'est trop tard. À ce même moment, l'Anglais se fige et elle sent son cœur se serrer violemment, au point où elle plaque sa main contre, le haut de son corps propulsé un peu vers l'avant. Et le bras du brun, ce putain de psychopathe se lève à nouveau, comme pour l'achever et à ce moment Ara se sent mourir un peu, se haïssant déjà de ne pas arriver à bouger, si il faut qu'il ait eu Phil...
Pourtant il bouge encore, vivement en plus et si elle est un peu soulagée, elle ne tarde pas à être profondément sous le choc. Le craquement que son cerveau voudrait croire venir de la pierre, le sang qui glisse et tache le sable en un flot important. Et Harker, pantelant qui s'écroule.
C'est comme une alerte pour Arabella, qui s'élance aussitôt en titubant, encore peu maîtresse de son corps, venant tomber à genoux à côté de lui et le tournant sur le dos, vers elle, avec une douceur habituellement inimaginable de sa part.
"Phillip? Phillip for fuck's sake...!" lance-t-elle, les larmes recommençant à lui remplir les yeux. Elle ne supporterait pas de le voir mourir, elle ne se demande pas pourquoi, elle le sait, tout simplement.
"You-you don't move!" ordonne-t-elle en voyant qu'il presse déjà bien sa main. Elle attire d'un accio sa baguette, que le brun avait envoyé promener plus tôt. "I've got to close that!" Et elle pointe sa baguette vers la blessure.
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La douleur le fait trembler. Du bout de ses doigts à la mâchoire grelottante, jusqu'à ses genoux chevrotants. Elle se diffuse dans son corps entier, lui mord les côtes et le torse, jusqu'au ventre, lui déchiquette le bras et l'épaule jusqu'à la tête. Yeux fermés, il tente de reprendre son calme, d'ajuster le rythme de sa respiration chaotique et difficile, d'adoucir la force des battements de son cœur qui pompe à toute allure...
Mais il n'y arrive pas seul. Il veut la voir. Il veut savoir qu'elle est là, qu'elle n'est pas blessée. Et c'est dans un soupir de soulagement qu'il la voit apparaître devant ses yeux brumeux de larmes lourdes de la panique de son corps. Il reprend sur lui, peu à peu, son corps s'éveillant à son entourage. Au bruit de l'océan, à l'odeur de la rousse, à la chaleur qu'elle dégage.
"Wait a second... Li...Listen, Bella, okay? I'll be alright. I promise, I'll be alright.", chuchote-t-il, sa voix rauque d'avoir tant crié.
Sa main dont le bras était blessé était toujours pressée contre la plaie qu'il avait aux côtes, ralentissant le saignement qui avait à présent taché presque entièrement la blancheur de son t-shirt. L'autre, elle, s'éleva lentement, glissa avec une douceur qui ne lui était pas typique contre la nuque d'Arabella, effleura tendrement sa peau avant de se fixer dans ses cheveux roux.
"Just kiss me, please…", implora-t-il.
C'est tout ce qu'il voulait, pour l'instant. Sentir ses lèvres contre les siennes. Savoir qu'elle était bien là, à ses côtés, qu'elle n'était plus que le mirage de ses nuits. Qu'il avait réussi à la sauver.
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"Allright? Are you barking mad?!"
Sa voix cristalline était éclatée par toute la terreur qu'elle ressentait de le voir ensanglanté comme ça. la main qui était toujours sur son épaule tremblait clairement et celle qui tenait la baguette était encore pire. Ce n'est qu'à ses paroles que son corps céda à un peu de chaleur, laissant ses muscles se détendre au moins un peu et ses joues se couvrant de larmes chaudes, en abondance.
Elle laissa échapper un petit rire. Il était encore là, elle ne le laisserait pas partir et elle-même était en vie. Après l'avoir regardé à nouveau l'espace d'un instant, la rouquine se pencha, la main sur l'épaule de Phil passant à sa nuque, ses lèvres encore tremblant de tant pleurer et l'odeur des larmes embaumant ses narines, mais elle l'embrassait dans un mélange de tendresse et de passion, s'y accrochant comme elle s'était accrochée à sa propre vie, plus tôt.
"Now, I don't want to hear another word, I'm not losing you tonight." Trancha-t-elle dans un mélange de douceur et de fermeté.
Cela prit quelque secondes, qu'elle se souvienne des mouvements et de l'incantation qu'elle avait appris un jour. Elle respira un bon coup et lança un premier sort pour bloquer le sang, un deuxième pour désinfecter la plaie, s'excusant profusément de la sensation de piqûre que cela lui causerait puis une troisième pour "coudre" la plaie.
"I'm so sorry Phillip, I'm so sorry!" dit-elle, autant de la douleur qu'elle lui causait que ce qu'il avait fait pour elle.
Et elle s'attaqua à son bras, la gravité et la douleur de la chose retombant sur ses épaules petit à petit, le baiser incapable de les lui faire oublier plus longtemps.
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La douleur s'estompa, s'engourdit, se tût même totalement pour quelques secondes lorsqu'il la vit rire. Un rire court, soulagé, désespéré à la fois. Un rire qui vint se poser sur lui en baume thérapeutique, lui soignant la tête et le corps. Et la caresse des lèvres tremblantes de la rouquine contre les siennes eut terminé de l'achever, lui faisant pousser un soupir cette fois empli de soulagement et de tendresse. Et normalement il se serait inquiété de sentir que de tels sentiments s'étaient faufilés aussi facilement en lui. Mais ce soir, il n'en était rien. Ce soir il voulait qu'elle sache. Le bout de ses doigts, sales de sang séché et de sable, vinrent chasser les larmes de sur les joues de la Ceart alors que, de peine et de misère, il la laissait s'éloigner.
"We can just go to my room, I have some..."
Sa phrase fut coupée par une plainte de douleur qu'il retint le mieux possible, dents bien serrées les unes aux autres. Holy fuck, it hurts, se répétait-il dans sa tête alors qu'il luttait contre l'envie de se dégager. Il était toujours aussi farouche, fallait pas rêver, mais peut-être qu'elle avait eu raison. Une fois la plaie fermée, il serait plus facile pour lui de se déplacer et continuer de se traiter avec sa propre expertise là où il avait son matériel.
"You could have warned me, I would have taken a hit of my joint", dit-il toujours entre ses dents, en espérant ainsi détendre l'atmosphère.
Mais il échoua, lamentablement, les sanglots de la rouquine reprenant de plus belle alors qu'elle s'excusait à profusion. Et si un instant il s'en vit attendri, une pulsion puissante le pris au ventre; il ne voulait plus qu'elle pleure. Parce que ça le rendait malade, ça lui faisait faiblir les tripes et la tête et s'il pouvait tuer le mec une deuxième fois, il l'aurait fait. Le châtain se mordit la lèvre inférieure un instant puis, dans un geste dont il ne se croyait pas capable, il agrippa doucement la taille d'Arabella, l'attirant vers lui.
"Don't... Don't apologize, you didn't do a thing, love.", souffla-t-il à mi-voix alors qu'il invita la rouquine à s'étendre près de lui, la tête contre son torse.
Puis il lui caressait la tête de sa main valide, ses doigts dans ses cheveux puis effleurant contre sa joue. Tenta de la calmer de sa propre respiration qui était à présent presque régulière. La rassurant de ses mots chuchotés comme il ne l'avait jamais fais avant.
"You're fine, Bella. He's gone..."
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La chaleur de Phil était comme sentir le soleil sur sa peau après une nuit au froid, exposant 10. Ses sanglots lui déchirant auparavant le thorax se calment, bien qu'ils ne cessent pas. Les larmes continuent, sa voix est encore fébrile mais son corps semble se calmer au fur et à mesure qu'il lui parle et caresse ses cheveux et son visage, mais elle ne ferme pas les yeux, de peur de le revoir, comme si il revenait à la vie, ce salopard.
He's gone... il ne se relèvera pas. Il est mort. Et pourtant elle ne se sent pas coupable de ça, elle se sent coupable de mille chose, mais pas de ça. Elle n'arrive pas à se l'imaginer comme un simple humain, comme un être méritant sa compassion. Elle n'y arrive tout simplement pas. Mais d'autres le font, eux. Mais elle n'arrive pas à y songer, les battements de cœur du châtain l'en empêche. Elle relève le regard vers lui, placée de côté contre lui et semblant vouloir se blottir malgré qu'elle soit perpendiculaire à lui.
"Thank you. Thank you so much." murmure-t-elle, encore un peu dans le brouillard.
Elle reprend lentement sur elle-même, elle se sent sale, elle voudrait ôter toute trace du brun sur son corps dès maintenant, s'effondrer et ne plus bouger du tout, mais Phil est encore blessé et le corps palissant de son agresseur est un peu plus loin. Elle doit agir, faire quelque chose. Sauf qu'elle ne veut pas bouger de là, elle veut rester contre lui.
"Phil, I should've..." elle aurait dû en faire tant. Agir, ne pas boire tant, ne pas se laisser naïvement entraîner, ne pas s'habiller comme ça même, peut-être...
Les mots bloquent dans sa gorge, une boule douloureuse les empêchant de sortir et elle n'arrive plus à se dire qu'elle devrait se détacher de lui. Ce n'est que plusieurs minutes après qu'elle arrive à reprendre sur elle-même. Elle doit penser à lui, elle pensera à elle plus tard, c'est lui qui est blessé au final.
Arabella commence à se relever, se retrouvant assise, dos à lui et disant d'un ton fatigué de tout ce qui venait de se passer et tout ce qui était encore à faire, essayant de contrôler encore ces élans de panique préventive qui menaçaient de la submerger.
"I-I have to find a way to..." elle se retourne vers le corps, disant avec un mélange de hargne, de dégoût et de douleur. "I have to clean things up."
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Un sentiment de réalité perturbant s'imposait à lui alors que peu à peu, le calme s'installait une nouvelle fois sur la plage. Le vent soufflait toujours mais aurait presque cru qu'il faisait exprès d'être silencieux. Les vagues s'écrasaient toujours sur la berge mais le choc semblait assourdi. Les pleurs de la rouquine s'apaisaient, comme sa propre respiration et le rythme de son cœur était presque revenu à la normale, si ce n'était des brefs sursauts que lui procuraient de petits élans de douleur de sa chair toujours sous le choc.
Il avait tué un homme. Sans y penser deux fois. Sans même songer qu'il y aurait peut-être autre chose à faire. Il s'était laissé séduire par la sensation poisseuse de son sang sur ses mains, avait dégusté chaque son, chaque sensation du moment où il lui avait défoncé le crâne d'une pierre. Et il savait pertinemment qu'il ne le regretterait pas. Jamais. Sans doute aurait-il même mérité qu'il prenne plus de temps à le torturer, qu'il le fasse supplier pour sa vie avant de l'achever. Mais son instinct n'avait répondu que de lui-même. C'était bien là son seul regret.
"Don't do this to yourself. You didn't do anything wrong.", dit-il d'un ton plus ferme mais toujours comble de tendresse.
Il caressa la peau de la rouquine encore un instant avant que celle-ci ne vienne se redresser, commençant à parler du cadavre. C'était bien vrai qu'ils ne pouvaient pas le laisser là, à la vue potentielle de tout le monde. Mais l'Anglais avait une idée. En prenant bien ses précautions, Harker se redressa en position assise, sans trop se tordre de douleur durant le processus. Mais c'est lorsqu'il vint se remettre sur pieds qu'il ne retint pas un "Fucking hell that hurts!" bien sonore, le visage crispé.
Il fallut qu'il en prenne son souffle un instant, toujours fébrile de cette sensation continuelle d'être endolori. Il passa sa langue sur ses lèvres légèrement asséchées, le goût du fer toujours bien fort dans sa bouche. Il tenta de le chasser en crachant sur le côté, puis dit:
"Let's not worry ourselves with this piece of garbage anymore. I'm sure Balthazar will enjoy his meal. And the tide is coming up, the waves are gonna wash the blood away."
Le châtain savait bien que l'Each Uisge était particulièrement carnassier et que la viande humaine était sa favorite. Qu'importait si elle n'était pas totalement fraîche. L'Anglais attrapa donc sa baguette de sa main gauche et, s'appliquant un peu plus que d'habitude - il est droitier -, il enchanta le corps inanimé d'un Levicorpus. Et dans un mouvement brusque, accompagné d'un grognement de rage et d'inconfort mêlés, le châtain envoya le cadavre bien loin de la plage. Sitôt eut-il touché l'eau qu'un étrange bruit de dents claquantes résonna jusqu’à la berge
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Arabella s'était levée aussitôt qu'elle avait terminé sa phrase et dans un mouvement assez pudique venant d'elle, elle tenta de ramener sa robe contre elle, ne se faisant que grimacer à cause de l'éraflure. N'ayant pas d'autres choix, Ara répare sa robe malgré la douleur que lui provoque la friction du tissu. Tant qu'elle peut se couvrir, cacher son corps sali, que plus personne ne puisse le voir sans son consentement.
Mais ces pensées furent bien vite oubliées, remplacées par la voix de Phil dans ses oreilles. Aussitôt elle vient le rejoindre, posant sa main sur son bras valide, s'assurant qu'il puisse rester debout. Aussitôt qu'elle s'occupe de cette merde qui est près d'eux, elle le ramène à sa chambre, hors de question de le perdre de vue.
Et il parle de Balthazar et fait presque sourire Arabella. Elle n'y avait pas pensé, trop paniquée, trop appréhensive. Un frisson de dégoût la parcourt néanmoins lorsqu'elle voit ce corps être projeté ainsi. Un cadavre jeté au loin. Le cadavre d'un monstre, un vrai. Ce frisson est suivit d'un sursaut et d'un mouvement de recul au bruit des dents vorace qui résonne, l'adrénaline la faisant réagir au quart de tour. C’est assez, la rousse n'en peut plus, elle ne veut pas plus de violence, de destruction, de corps ravagés. Elle tourne donc la tête vers Phil et serre son poing fermé sur sa baguette entre ses doigts.
"Phil... we should go." dit-elle, doucement, plutôt que de dire I wanna go avec ce ton de gamine effrayé qu'elle avait bloqué dans sa gorge.
En même temps au sol elle voit ses talons, posés dans le sable, légèrement enfoncés et décide de faire comme elle fera avec sa robe dès qu'elle le pourra, ou avec quoi que ce soit qu'elle porte en ce moment. Elle pointe sa baguette dessus et les regarde prendre feu, le regard vide l'espace d'un instant, comme si elle avait pu brûler un peu de souillure.
◦●Ellipse; montée vers la chambre de Phillip●◦
C'est après une montée pénible mais étrangement toute en patience que les deux jeunes gens firent leur apparition dans la chambre de Phillip. Une chambre bien rangée et ordonnée, sauf son bureau où se mélangent papiers et cahiers de toutes sortes. Grand lit, commode, et une grande étagère où il gardait des pots et fioles de potions dont il aurait besoin en urgence.
"All my cool stuff is over at the Ghoul now, though, sorry to disappoint you.", dit-il, mince sourire aux lèvres, alors qu'il enlevait ses chaussures.
Le châtain s'avança dans sa chambre puis alla tout de suite rejoindre la salle de bain, dont il alluma la lumière. Observa sa lèvre craquée, sa mâchoire bombée, puis lentement, en prenant toutes ses précautions, il enleva son veston de cuir puis son t-shirt dont la bonne moitié était écarlate de son propre sang. On pouvait aussi clairement voir deux trous au niveau du pectoral et du bras. Il regarda les plaies dans le miroir, sourcils froncés de douleur alors qu'il tâtait doucement autour. Il n'allait pas pouvoir s'appliquer le baume seul. Il se lava néanmoins les mains, regardant avec une quasi-fascination la couleur normale de sa peau refaire surface sous les épaisseurs de sang sec et de sable. Il avait perdu l'ongle de son annulaire gauche dans le processus, ne l'ayant pas remarqué avant.
Puis il se dirigea vers l'armoire de produits. Trouva le baume dont il aurait besoin puis vint s'asseoir sur son lit avant d'offrir ces quelques paroles à la rouquine.
"Take the time you need. There are pants and t-shirts in the drawers, take anything you'd like, you can use the shower too. Whenever you're ready, I'll need your help but..." Il marqua une pause. "If there's anything I can do, even if it's, I dunno, anything, getting you a drink, rubbing your shoulders, keeping you company, just ask."
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Ara fit le chemin petit à petit, gardant toujours un œil sur Phil et s'assurant qu'il ne tombe pas dans les pommes pendant leur montée. Clairement, Ara n'avait pas pu tout guérir, loin d'être du type Nimh elle-même. Elle était du genre à prendre les coups, pas les soigner avec des sorts, quoiqu'en potion elle se défendait mieux. Elle s'en voulait tellement, mais ne disait plus rien, essayant de seulement tout digérer.
La nonchalance apparente que Phil eu envers elle en arrivant à la chambre fut un peu contagieuse et bien qu'elle répondit d'un simple "It's okay, thanks." c'était en étant un peu plus légère. Elle avait juste besoin de sentir que ce n'était pas la fin du monde.
Puis la solitude. Essayant de gagner un peu de temps avant de se retrouver en silence avec ses seules pensées pour compagnon, elle se dirigea aussitôt vers l'étagère, trouvant rapidement un baume pour son éraflure, pas profonde, mais vive. Une peu trop rapidement, même... ce furent les minutes les plus longues de sa vie, assise en tailleur au bord du lit, essayant de bloquer les images bouleversantes qui la tenaillait sans cesse et tentant de se concentrer seulement sur ce qu'elle avait ressenti en voyant Harker arriver, ce soulagement qui, malgré tout le mal, n'avait jamais été si vif. Ça avait presque été du bonheur, vu les circonstances. Lâchant un soupir encore fébrile et passant une main dans son visage, puis dans ses cheveux, elle observa la porte s'ouvrir finalement.
Ses paroles entrèrent, plutôt lentement, elle était à moitié perdue à l'observer, à le voir comme elle ne l'avait jamais vu, mais se reprit aussitôt, focus Ara, focus. Elle se leva à son tour, la voix encore un peu éteinte, un peu soumise de restes de peur.
"I need a shower but I'll help you right after." Elle se dirigea vers la commode et sortit un t-shirt gris pâle avec un pantalon de coton foncé. "Just... Let me stay in your arms for a while, after that."
Et sur ce, elle entra dans la salle de bain, la verrouillant. Pour le moment elle était trop souillée et dégoûtante pour vouloir le serrer dans ses bras. Sitôt qu'elle y fut elle posa le baume et son pyjama de fortune pour se déshabiller et entrer dans la douche. Tout en se lavant, elle frottait à s'en rougir la peau, empirant son éraflure et laissant une traînée rose dans l'eau coulant vers le drain et ne manqua pas de laver son intimité ainsi que son sein gauche plusieurs fois.
En en sortant, sa peau était hyper sensible, un peu irritée, mais elle s'en fichait. Elle appliqua le baume sans douceur, pressée de pouvoir se rhabiller, combattant les larmes qu'elle avait aux yeux que son corps lui rappelle tout ça désormais. C'est quelques moments plus tard qu'elle ressortit avec un t-shirt dans lequel elle flottait et un pantalon aux bords mille fois pliés, mais toujours un peu trop grands.
"I look like I took a shrinking potion, huh?" Premier trait d'humour, bien qu'involontaire.
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Il n'avait pas vraiment l'intention de la laisser dormir seule cette nuit, de toute façon. Et il ne voulait pas être seul non plus. Bien sûr, il n'insisterait pas. Pas cette nuit. Si elle voulait partir après un moment, si elle lui disait vouloir se retrouver avec elle-même, ça n'était pas sa place de lui imposer sa présence. Il serait là si elle avait besoin de lui. Il la savait plus fragile que jamais et, franchement, ça lui faisait mal de la voir comme ça. Par la force d'un sentiment qu'il s'obstinait à ignorer mais qui s'était forcé cette nuit-là. Il avait tué quelqu'un pour cette femme et n'hésiterait pas à le refaire si c'était nécessaire. Cette idée était à la fois terrifiante et rassurante.
Pendant qu'Arabella était sous la douche, l'Anglais sortit de sa commode un bas de pyjama, puis s'arrêta un instant devant ses camisoles. Peut-être qu'elle ne voudrait pas de son contact s'il exposait trop de peau nue... Mais il fallait permettre aux plaies de guérir et de respirer, et porter du tissu par-dessus le baume compliquait la chose. Il passa bien deux minutes entières à peser les pour et les contres avant de capituler dans un soupir, posant un wifebeater gris clair sur le bas de pyjama. Se marmonnant pour lui-même un "Fuck it, I'll just ask her" bien plus compatissant que ce que l'on pouvait s'attendre de lui.
Il tourna légèrement la tête vers la porte de la salle de bain lorsque celle-ci s'ouvrit et ne put s'empêcher de rire doucement à la voir, le sourire qu'il avait au visage brillant de par sa sincérité.
"Well, I think you're adorable.", lui répondit-il, le ton léger.
Il prit ensuite son pyjama dans son bras encore totalement fonctionnel puis s'avança lentement vers elle.
"I'll hop in the shower too, real quick, but, um... I'll leave the door open, in case you wanna talk to me, or anything."
Sa main libre effleura la sienne, la caressa doucement alors qu'ils se regardaient toujours dans les yeux, avant qu'il ne se dirige vers la salle de bain. Il entreferma la porte, tout juste, pour se laisser le temps de se déshabiller sans qu'elle n'aille à le voir, puis la rouvrit seulement qu'une fois qu'il avait sa serviette autour de la taille. Il jeta un coup d'oeil à Arabella derrière son épaule, lui sourit, puis entra dans la douche. Ce n'est qu'une fois là qu'il retira sa serviette et l'accrocha sur le bord de la vitre.
Les premiers jets vinrent évidemment avec un "Bloody hell, it burns!" sifflé entre ses dents puis, une fois qu'il eut trouvé un rythme convenable et le moins douloureux possible pour se laver, il demanda à la rouquine, élevant doucement la voix pour qu'elle l'entende à travers le bruit des jets
"Do you mind me hanging around bare chested? 'cause if you do, I can put something on, it's up to you."
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D'habitude, elle aurait rit, aurait passé sa main contre sa nuque puis demandé à Harker qu'est-ce qui lui prenait à la complimenter, mais ce soir elle rougit, détourna la tête et retint les larmes qui lui venaient aux yeux d'une morsure au creux de la joue et c'était Phil qui lui faisait cet effet. Elle se sentait mal ce soir et pourtant elle avait le coeur qui venait de lui faire des culbutes rien qu'à l'entendre. C'était un sentiment étrange et un peu trop familier, celui dans lequel elle s'était déjà perdue une fois, au point d'en avoir plus de mal que de bien.
La caresse de sa main sur la sienne et de sa voix à son esprit ne simplifia en rien la sensation et tout ce que la rouquine su faire fut d'acquiescer bêtement, complètement prise au dépourvu. Elle avait vécu l'une des expériences charnelles les plus horribles qui soit ce soir et elle avait quand même envie d'embrasser l'Anglais.
Mais elle ne bougea pas, ne faisant que le suivre des yeux jusqu'à s'en retourner, se demandant si toute cette soirée n'était pas qu'un songe à la limite entre le rêve et le cauchemar. C'est perdu dans ce questionnement qu'elle lui rend son sourire, un peu plus faible mais bien là, rassurée et un peu rassurante.
Aussitôt qu'elle le vit fermer le rideau, elle vint rejoindre le lit et y monta avec des mouvements semblables à un gamin, elle n'avait plus très envie d'être adulte, normale, ou même là. Elle voulait se perdre dans ses vêtements et sauter dans le lit de ses parents comme après un cauchemar.
"No I... I mean I don't mind. Not like it's the first time I ever saw you."
Sans vraiment s'en rendre compte, c'était à elle-même qu'elle venait de lancer une pique, se maudissant encore d'avoir suivi cet inconnu. Et puis il n'avait pas eu besoin d'être torse nu, alors ça ne changeait rien... dire qu'elle n'était même pas certaine de son nom. À cette pensée, elle remonta ses genoux contre elle, posant son menton dans le creux.
"I'm sorry, my healing skills with a wand suck pretty hard." s'excusa-t-elle en élevant aussi la voix.
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"You could have been the best damn medical wizard in the world, taking a shower with fresh stab wounds would still hurt.", dit-il en réponse à ce que commenta la rouquine.
Et puis, il fallait bien qu'il se lave. Son torse était taché de sang, son visage aussi. Et il avait lui aussi eu cette envie inexplicable de se perdre sous le jet un instant. Songeur, mais pas trop. Arabella avait besoin de lui, bien plus qu'il n'avait besoin d'elle, et l'idée de l'avoir laissée seule pour ces quelques minutes, le temps de prendre une douche, l'avait déjà suffisamment angoissé. C'est donc cinq minutes plus tard qu'il fit arrêter les jets. Il prit sa serviette, se sécha à l'intérieur de la douche puis en sortit, en s'étant bien assuré de nouer la serviette à ses hanches. Le châtain se regarda un instant dans la vitre du miroir, passa sa main dans ses cheveux, puis après avoir offert un demi-sourire à la rouquine, il entreferma la porte une nouvelle fois avant de d'enfiler un bas de pyjama.
Il sortit par la suite de la salle de bains et, toujours d'un pas lent et mesuré, en faisant attention de ne pas se brusquer le corps ou le bras droit, il s'approcha du lit. S'y assied, face à elle, toujours attentif à ses propres mouvements, puis il tendit à la Ceart le pot de baume qu'il avait sorti un peu plus tôt.
"I... Can you put it on the wounds? I can't reach all the way. Also, on my arm, the, um, stab was strong enough that it went right through, so you'll have to put the oinment on the exit wound too."
Il avait peur de trop lui en demander, en fait.
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Sa réponse arrive à la faire sourire un peu et l'espace d'une seconde, elle songe à quel point elle se sent en sécurité en ce moment avec lui. C'est assez pour lui piquer le cœur aussi. Si elle ne fait pas un effort, elle deviendra vite accro à ce sentiment. Elle cherche donc à changer son attention de place et se met plutôt à lire les étiquettes des multiples fioles, se concentrant même à nommer mentalement les ingrédients, tout pour ne pas songer.
Et elle tourne la tête vers la salle de bain alors qu'il sort de la douche. Merlin qu'il est beau. Elle, elle est encore souillée, elle est encore dégradée au rang d'objet dans sa tête, mais lui il est beau et son sourire ne fait que le confirmer. Elle enfouit son visage entre ses genoux. Bordel Ara, reprends-toi, t'es pas un animagus guimauve aux dernières nouvelles. Toujours enfouie, elle prend quelque bonnes respiration avant de relever la tête en l'entendant sortir de la salle de bain, cette fois plus à même de faire face à son torse nu. Ce n'est pas du désir qui se forme, juste cette drôle de sensation chaleureuse dans son plexus. Qui ne devrait pas être là, d'ailleurs, mais qu'elle garde sous contrôle.
Elle se déplace pour se retrouver à genoux, ses fesses prenant appui sur ses talons - ou plutôt sur les bords du pantalon - et l'ouvre avant de se pencher pour en appliquer sur son bras, les mouvements délicats. "You'll have to find another position for your side if you want me to do it too."
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La première coulisse du baume épais sur la plaie fermée mais toujours fraîche de son bras lui arrache une basse plainte de douleur, qu'il tente de réprimer en se mordant la lèvre du bas... qui est également blessé, lui arrachant cette fois un grognement réprimé. Non mais quel idiot. Peut-être que c'est la douleur qui lui fait perdre ses moyens. Ou peut-être que c'est cet étrange sentiment d'affection et de possessivité démesurée envers Arabella qui n'a toujours pas quitté son torse. Ou peut-être est-ce même de sentir ses doigts contre sa peau, la douceur de ses mouvements, le soin qu'elle y met. Toujours est-il qu'une fois les premiers coups passés, il se sent plus à l'aise et capable de contrôler les élans de douleur qui lui attaquent les nerfs.
Une fois le bras bien recouvert, l'Anglais vient s'étendre sur son flanc gauche, de manière à faire face à la rouquine. Se supportant de son coude, il se penche un peu vers l'arrière pour faciliter la tâche de la Ceart, qui commence ensuite à recouvrir cette plaie qui, par l'intensité de sa rougeur, est clairement plus profonde. Il la regarde faire, toujours. Se dit qu'il a été chanceux, au fond, qu'il aurait pu se prendre un poumon perforé ou, pire encore, qu'on le poignarde de l'autre côté. Mais il garde ses mots pour lui. Il n'a pas besoin de partager cette idée avec elle. D'abord parce qu'il ne voulait surtout pas qu'Arabella se culpabilise pour ce qui était lui arrivé. Et ensuite parce qu'il ne saurait dire avec sincérité qu'il tient autant que cela à sa propre existence.
La rouquine n'avait pas terminé d'appliquer l'onguent que le Londonien s'étendit sur le dos. Pour qu'elle puisse se rendre vers l'avant, jusqu'où la plaie s'était étendue. Et pour qu'il puisse poser sa main gauche sur l'épaule de la jeune femme. Lui caressant le cou du bout des doigts, lui chatouillant délicatement l'os de la mâchoire. Il attendit qu'elle le regarde dans les yeux avant de lui demander, le ton calme et chaud :
" You wanna sleep here with me, tonight?"
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Arabella continue, elle applique le baume et elle se dit que si elle n'avait pas été si pathétique, il n'aurait pas eu à se faire poignarder pour elle. Et cette petite voix noyée dans les potions, à peine audible qui rit et lui répète sans cesse qu'elle aurait pu y faire quelque chose, que ce n'est pas la peur qui l'aurait arrêtée, qu'elle l'aurait saigné à blanc ce porc, mais qu'Ara était trop faible et ne pourrait rien faire. La rouquine n'y portait pourtant pas vraiment attention, elle savait que c'était soit une illusion, soit son esprit qui savait pertinemment ce que cette partie d'elle dirait et le mettait en scène. Ses sourcils n'étaient néanmoins pas froncés que par la concentration.
Il se mit sur le dos et elle s'assura d'appliquer une couche égale avant de laisser échapper un frisson sous les doigts du châtain, mais un frisson agréable, énormément même, comparé à tout ce qu'elle a pu vivre ce soir. Elle termine d'appliquer le baume et le regarde un moment, avouant le ton un peu gêné.
"Some part of me wants to run off in the woods, like I often do but..." Elle marque une pause, le temps de se tourner et aller chercher sa baguette sur la table de chevet. "I don't want to be alone tonight. I want to be in your arms."
Et sans rien ajouter, n'osant même pas faire un plat de ce qu'elle venait de dire, elle lance un sort sur les plaies, pour leur permettre de rester à l'air, sans faire de bavure et tout tacher. Un petit sort plutôt pratique. Elle le regarde à nouveau et sans résister plus longtemps, l'embrasse brièvement avant de partir se rincer les mains.
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Et un instant, à sentir la peau d'Arabella frissonner sous ses doigts, il eut peur d'avoir merdé. Ça n'était pas à lui de la toucher, ce soir. C'était elle qui menait, qui dirigeait la danse. Elle avait tous les droits, c'était bien simple. Mais la réponse qu'elle offrit à sa question lui confirma le contraire. La Ceart était une jeune femme avec trop de caractère pour accepter de dormir avec quelqu'un qui l'empêchait de se sentir en sécurité. Et il fallait croire qu'il avait acquis ce privilège. À cause de ce qui s'était passé cette nuit, peut-être, ou même dans le passé. Mais cette dernière idée le rendit perplexe. Let's not go there, se dit-il.
"I want you in my arms too, what a coincidence.", dit-il sur un ton qui se voulait plus léger, mais pas moins chaleureux et affectueux.
Il la remercia d'avoir posé ce sortilège d'un hochement de la tête puis, alors qu'elle était passée à la salle de bain pour se rincer les mains, l'Anglais se leva pour aller attraper une fiole dans l'étagère. Cette potion servirait de catalyseur à l'effet du baume et permettrait d'accélérer le temps de guérison. Il l'ouvrit, en avala le contenu d'une gorgée puis retourna vers le lit, se glissant cette fois sous les couvertures. Il cala sa tête dans l'oreiller mais ne ferma pas les yeux tout de suite. Les yeux rivés vers le plafond, il pouvait encore s'imaginer le moment où le crâne de l'agresseur a cédé à l'impact de la pierre.
He got what he deserved.
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Ara revint bien vite, elle s'était aussi passé de l'eau dans le visage. Pas besoin d'avoir peur de dormir bon sang, c'est pas comme si il allait revenir depuis l'estomac de Balthazar... et cette dernière chose n'était peut-être pas très rassurante à se dire avant d'aller dormir, non plus. Prenant quelques grandes inspirations, la rousse sortit et attira d'un deuxième accio sans baguette ce soir, une fiole de somnifère léger qu'elle avait remarquée.
"I-sorry to take it but..." sans plus parler elle le prit. Cette potion ne l'assomerait pas, mais l'aiderait à mieux dormir. Et aussitôt elle posa la fiole sur la table de chevet et vint se réfugier sous les couvertures, puis contre l'Anglais. "I refuse to kick and scratch tonight, we spent some time healing you that would be fucking dumb to risk hurting you more."
Elle essayait de se faire plus légère alors que d'instinct, sa tête vint trouver appui sur le torse du châtain. Puis du silence, un peu de silence avant qu'elle ne relève sa tête. "Phil... I really want to kiss you."
Elle savait qu'elle s'endormirait bien vite, mais à cet instant, la rouquine ne voulait que l'embrasser, se blottir contre lui et oublie que le monde est grand et plein de noirceur. Juste pour un moment.
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"I'm no one to judge you. I typically just pass out after injecting heroin in my veins. Taking something that'll help you sleep in only normal, especially with... what happened"
Non, décidément, il était la dernière personne qui pouvait se permettre de juger les habitudes des gens quand ça venait à la consommation de potions ou de drogues. Parce que même parmi tous ses clients, il restait encore le pire. Sauf que ce soir, il n'aurait pas besoin de quoique ce soit pour s'aider à sombrer dans le sommeil. La personne d'où naissaient la plupart de ses idées et angoisses étaient à ses côtés. Sa présence était comme un baume en elle-même. Un baume pour l'âme.
Le châtain baissa les yeux lorsqu'il remarqua que ceux de la rouquine s'étaient fixés sur lui. Mais il ne répondit pas à sa demande. Se contenta de la regarder dans les yeux quelques longues secondes, une minute, même. Lui caressa la joue du bout des doigts avant que sa paume ne vienne cueillir contre elle sa délicate mâchoire. Puis il l'embrassa. Doucement, d'abord, puis avoir plus de langueur et toujours une pointe d'envie. Mais ce qui se traduisait le plus par ce baiser, c'était le désir qu'il avait de lui enlever ses soucis, au moins pour cette nuit-là.
"Wake me up if you can't fall asleep, alright?" Un autre baiser, sa langue effleure la sienne. "Good night...", souffle-t-il, ponctuant sa phrase d'un dernier baiser avant que sa tête ne se cale dans l'oreiller et que ses yeux se ferment
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Ara sentit comme un poids lui tomber sur le corps. Elle se doutait bien qu'il devait finir ses soirées en état second, mais pas perdre conscience à cause de l'héroïne. Elle se souvenait très bien de son état désastreux la fois où elle l'avait vu essayé une nouvelle sortes et ça seulement, ça venait de l'horrifier, mais elle ne dit rien. Elle ne pouvait rien dire, surtout pas ce soir.
Et ce fut une motivation de plus pour vouloir l'embrasser. S'assurer que ce soir il serait là, lui-même et elle serait avec lui. Et c'est avec une pointe de soulagement qu'elle sentit leur lèvre s'entrelacer, l'embrassa avec douceur, avec l'envie d'être toujours plus proche et cette manière qu'il avait de la rassurer en caressant sa mâchoire.
Il sépara finalement leurs lèvres pour lui souhaiter bonne nuit, ce à quoi elle répondit dans un souffle encore un peu rêveur. "Good night...". Pour une fois elle était faible, beaucoup trop douce. Pour juste une nuit il l'avait apprivoisée et elle vint poser sa tête contre lui, le préférant à n'importe quel oreiller, s'endormant presque aussitôt, sans vraiment songer au lendemain, juste pour s'éviter une brique de plus au fond du ventre.
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