comme le Charme

Je sortis de la serre, les mains pleine de terre et le nez plein d'odeurs florales. Je venais de passer deux heures entières à m'occuper des plantes pour donner un coup de main aux professeurs. C'était relaxant et je ne voyais jamais le temps passer lorsque je faisais ça. Un bonheur. Je soupirai avec un sourire en coin. Le soleil s'approchait de la ligne d'horizon au loin, sur un coup de tête et sans me soucier de l'état de mes vêtements déjà bien tâchés, je grimpai dans le premier arbre solitaire venu. Je m'assis sur un branche haute et observai le soleil se coucher lentement.

Je me sentis en phase avec le rythme de la nature, le bruissement du vent dans les rares feuilles, le chuchotis léger de la mer au loin, les quelques rapaces qui commençaient leur sortie nocturne ou que se réveillaient simplement. Je souris, sereine. Dans un dernier éclat, le soleil s'écrasa sur l'horizon et disparu. En soupirant, je descendis adroitement de l'arbre en quelques gestes rapides et je filai vers ma chambre.

En enlevant mes vêtement crottés voire déchirés, je fis la moue, je n'avais pas envie de me coucher, ni de rester enfermée à l'université. Je voulais sortir de l'enceinte, j'avais entendu parler d'un bar sympa, le Bloody Ghoul au village, c'était le nouveau repère des étudiants mais je n'avais pas envie de me retrouver dans une foule mal famée, je décidai donc d'aller à la Banshee. Je connaissais bien cet endroit, je n'y allais pas trop souvent mais j'aimais l'ambiance qu'il y avait là-bas.

Je poussais la porte de l'auberge, en un coup d’œil, je remarquai le manque de présence masculine de mon âge. Dommage, je n'allais pas pouvoir m'amuser ce soir. Ce n'était pas pour autant que je n'attirais pas l'attention des hommes de la salle, mais je les ignorais superbement. Je me dirigeai vers une table isolée et enlevai ma cape verte qui cachait ma jupe plissée grise et ma chemise vert pomme. J'avais mis des bottines noires parce que je n'avais pas envie d'avoir froid aux pieds mais je commençais à le regretter.

Je commandais une vodka et me laissai aller sur mon siège en observant les gens dans la pièce. J'aimais bien venir dans ce genre de lieu, seule. Déjà parce qu'un homme drague plus facilement une femme seule qui a l'air de s'ennuyer, ensuite parce que venir avec des amis signifiait qu'on était obligé de boire au même rythme qu'eux, et ensuite parce que de toute manière, je n'avais pas beaucoup d'amis. Être en partie vélane avait ce grand inconvénient : les filles étaient jalouses de moi, et les garçons ne pensaient qu'au sexe avec moi. C'était parfois lassant. Je rajustai ma jupe sur mes cuisses quand j'entendis des pas s'approcher de moi.

Je redressai la tête et vis une fille aux cheveux bleus approcher de moi. Je haussai un sourcil c'était une couleur peu commune, et j'avais l'impression de l'avoir déjà vue. Je hochai la tête à sa question, elle devait être étudiante comme moi. « Si, je suis en maestria, et vous ? » dis-je avec un sourire distant.

J'hésitai un instant avant de saisir sa main avec légèreté et écarquillai les yeux à sa proposition. Elle avait l'attitude classique des hommes qui m'abordaient pour me séduire, sauf que c'était une femme. Une belle femme, mais une femme tout de même et ça me déstabilisait un tant soit peu, je devais bien l'avouer. Aussi me retrouvai-je à marmonner comme une collégienne timide. « Euh... oui, pourquoi pas, je veux bien du vin blanc. » Je me pinçai la lèvre et soufflai. « Mon nom est Shoshana, Shoshana Figuerols. »

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Elle était plus jeune que moi, d'à peine un an, ce n'était rien. Alors pourquoi étais-je celle qui était la moins à l'aise des deux ? Je me composai un sourire. « Sinsear ? Intéressant, je suis en Nimh, ce qui est bien mieux à mon goût. » répondis-je. « Il y a trop de matière nécessitant de s'enfermer avec des livres dans votre filière pour que je m'y plaise. »

Elle s'en alla, je la regardai faire sans comprendre. Elle bougeait avec souplesse, le déhanchement de son bassin attirant le regard de quelques hommes sur son passage. Mes yeux brillèrent d'amusement. Elle était vraiment très jolie. Quand elle revint avec la bouteille et deux verre délicats, je lui lançais un coup d’œil appréciateur. « J'adore les vins moelleux, je suis particulièrement accro au Coteaux du Layon, vous connaissez ? » répliquai-je en souriant à sa remarque sur le métier de barmaid.

Je venais de comprendre qu'elle travaillait ici. Cela expliquait sa familiarité avec le barman. Je hochai la tête tout en m'emparant de la bouteille qu'elle avait ouverte. Je remplis les deux verres d'un coup de main habitué et je reposais la bouteille sur la table en le tournant pour lire l'étiquette. « Oh ! Et il a cinq ans d'âge ! Il doit être plus sucré que les vins nouveaux ! » remarquai-je avec enthousiasme. Je levai le verre pour sentir l'odeur. Il sentait le raisins frais, et le miel.

Je haussai un sourcil. « Jeunes et insouciantes ? » répliquai-je pour compléter la phrase qu'elle avait laissé en suspens. Néanmoins, je fronçai les sourcils, le vouvoiement m'avait permis de garder une certaine distance. Et j'avais toujours l'impression qu'elle était en train d'essayer de me séduire. Et j'en était gênée.

J'avais l'habitude de charmer tout le monde, femmes comme hommes mais jamais personne du sexe féminin n'avait montrer autre chose que de l'admiration ou de la jalousie envers moi. Jamais aucune femme n'était venue me voir avec cette attitude classique de drague. C'était vraiment nouveau, et flatteur. Pour mon regard, la jeune femme, Leona, était très jolie. Mais, sa façon de me parler et de me regarder m'avait fait changer ma manière de la voir. Elle était jolie, et surtout, elle avait de très belles formes, très attirantes, j'adorais particulièrement ses cheveux peu communs. Son regard franc et sombre était magnifique.

Je secouai la tête, étonnée par mes propres pensées. « Oui, tutoyons-nous, c'est ridicule de se vouvoyer, on est d'accord. » dis-je avec un sourire charmeur. Pour l'instant, j'allais jouer le jeu, voir où ça me mènerait. L'amusement illumina mes yeux lorsqu'elle parla de mon nom. Le sujet le plus commun qui soit. « C'est hébraïque, en effet. Ce n'est pas très courant. Selon les personnes, on le traduit par Lys ou Rose. J'ai un nom de fleur mais les gens ne le savent en général pas. » Je trouvais d'ailleurs cela follement amusant. « Leona n'est pas un prénom courant. J'imagine que tu étais à gryffondor ? Tu as un accent anglais très clair, je suppose que tu es allée à Poudlard... Skön Leona, ça sonne bien. Le sang du lion coule en toi... » Je me pinçai les lèvres pour ne pas rire.

Elle y allait à fond directement. Bizarrement, je n'étais pas totalement indifférente. Elle avait une belle voix aussi. Je pris une gorgée de vin que je fis rouler dans ma bouche pour en saisir vraiment la saveur. Il était vraiment délicieux. Je la regardais dans les yeux. J'avais presque envie de donner une touche de Charme à cette rencontre, juste pour jouer un peu plus, mais je me retins. Je ne l'avais pas fait depuis longtemps et ça enlevait beaucoup d'intérêt à la séduction, si séduction il y avait. Quand quelqu'un était sous Charme, je pouvais lui dire de m'embrasser, même s'il n'en avait pas envie, il le faisait. Et c'était impoli et irrespectueux de forcer quelqu'un comme ça.

Je pris une mèche de ses cheveux entre mes doigts et la laissait glisser doucement. « Tu. m'intrigues, pourquoi as-tu les cheveux bleus. J'imagine qu'on te le demande tout les jours, mais c'est tellement et peu courant et ça te va si bien. » Je lui souris en la regardant droit dans les yeux.

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Je lui promis de lui ramener du layon. Après tout, je comptais aller rendre visite à mes parents un prochian week-end, ils étaient toujours en France, et s'y plaisaient beaucoup. Je supposais aisément que mon père saurait où s'en procurer. Mais ça voulait aussi dire que je promettais de la revoir dans un futur plus ou moins proche. Je me sentis sourire.

« Je déteste les roses, et leurs piquants. J'imagine que je préfère les lys, bien que ce ne soit pas non plus ma plante préférée. Mais c'est gentil de ta part. » susurrai-je. Je haussai les sourcils. « Serdaigle... C'est bien la maison des gens studieux ? » J'éclatai de rire. « Quand on te voit, on ne t'imagine pas studieuse, sans vouloir te vexer. Mais tu as la couleur de cheveux qui fait honneur )à ta maison alors ! »

Je lui souris mystérieusement. « C'est suédois, mon père en est originaire... C'est un mot tout simple que j'associe à beaucoup de gens ici ces derniers temps... »


Je ris. « Anna Göldin en Suisse, mais mon accent est un mélange, ma mère est anglaise, mon père suédois et j'ai vécu une bonne partie de mon enfance dans les pays germanophones. Je parle couramment allemand, anglais et suédois et j'ai quelques notions de français. Mon accent est un mixe de ce qu'a été mon enfance. » répondis-je avec malice. « Je n'avais jamais été en Angleterre avant d'arriver ici, et encore, c'est plus l’Écosse que l'Angleterre ici... Disons le Royaume-Uni alors. »

Quand je lui touchai les cheveux, elle posa sa joue sur mes doigts. Je retirai lentement la main, totalement sûre que Leona me draguait. Je devais donc faire face à une situation totalement nouvelle pour moi, qui m'amusait, m'intriguait et me dérangeait à la fois.

J'écarquillai les yeux. « Le rose... » soufflai-je. Je fis une grimace dégoûtée. « Il ne manquait plus que le vert... » dis-je avec un rire dans la voix qui me faisait rouler mes r.

Je la dévisageai et elle me renvoya mon regard. Je la vis frissonner. Je fronçai les sourcils, il ne faisait pas si froid pourtant... En tout cas, je n'avais pas la chair de poule, mais je voyais bien quelques clients du bar qui se frottaient les bras énergiquement, comme pour se réchauffer, et Leona n'était pas très couverte non plus.

« Tu ne serais pas un peu vélane ? »

Je sursautai, la fixai avec étonnement et éclatai de rire. « Et bien ! Voilà qui est direct ! En général les gens mettent plus de temps à s'en apercevoir ! » m'exclamai-je. « Et il est souvent trop tard. » chuchotai-je plus bas pour moi-même. Je lui souris en battant des cils. « Ça te pose problème, älskling ? »

Je lui fis un clin d’œil plein de ma lice. « Je t'assure n'avoir en aucun cas abusé de toi ce soir. Si je l'avais fait, tu n'aurais rien vu et rien compris... » ajoutai-je avec amusement.

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Je souris à son insistance. J'aimais bien sa curiosité et le jeu de la mystérieuse n'était pas trop mon fort. J'aimais trop raconter tout et n'importe quoi pour tenir le coup trop longtemps. « J'aime tout ce qui est beau, je l'associe aux oiseaux comme aux gens, c'est une bagatelle, un détails insignifiant, crois-moi. » dis-je avec un rire dans la voix.

Elle se penchai vers moi inconsciemment, comme avide d'en savoir plus, je trouvais ça amusant, et c'était tellement nouveau pour moi -cette situation- que je me laissai aller avec simplicité, beaucoup plus facilement qu'avec les hommes (enfin la plupart des hommes) et ça m'étonnait. Je haussai les épaules.

« Il n'y a pas tant de différences, enfin si, mais j'étais peut-être trop jeune pour les remarquer et en comprendre le sens. J'ai moins voyagé suite à mon entrée à Anna Göldin et j'ai donc eu peu d'occasions de voir les choses différemment... Mais je sais que j'avais adoré l'Allemagne, même si l'ambiance était plutôt spéciale, et l'Autriche. Et bien sûr, j'ai un attachement tout particulier à la France et à la Suisse. Mais ça coule de source. » répondis-je.

« Oh oui ! Le Bleu est tellement mieux. Je crois que je t'aurais envoyer aux quatre vents si tu étais venue me voir avec des cheveux roses. Le bon goût est source de problème mais il est bon de ne pas trop le titiller, il a mauvais caractère. » remarquai-je avec amusement.

Je vis le choc quand je lui répondis. Je me retins de grimacer, attendant de voir comment elle réagirait. Je ne savais pas pourquoi j'avais répondu au tac au tac comme ça, ce n'était pas dans mes habitudes. Mais je m'étais tellement laissée aller avec elle, avec une facilité déconcertante, que mes mots avaient dépassés ma pensées. J’espérais qu'elle n'allait pas me rejeter. Et c'est pour ça que je me sentis obligée de me justifier, lui assurer que je n'avais rien fait. Tout en me rendant compte que je m'enfonçais.

Mais elle le prit bien, je souris en réponse à sa remarque sibylline sur la séduction et je ris de nouveau à sa question sur le mot. « Ah ! Älskling, oui, du suédois, et celui-ci je le garde pour moi, je donne des surnoms affectueux à un peu tout le monde et celui-ci est ridicule, j'ai presque honte de l'avoir dit aussi facilement alors que je te connais à peine. »

Je bus une gorgée du nectar qu'elle nous avait servi, franchement, j'appréciais beaucoup qu'elle ai eu le goût de me proposer autre chose que du whisky ou du gin, qui semblaient les boissons favorites de tout le monde ici. Je faillis avaler de travers lorsqu'elle me posa des questions sur la façon ou les raisons pour lesquelles « j'abusais » des gens. Je repris contenance en posant lentement mon verre sur la table et en la dévisageant avec sérieux. Et je secouai la tête pour lui signifier que ça ne me dérangeait pas.

« Disons que quand je veux absolument quelque chose, si ça me tiens vraiment à cœur, je l'obtiendrai. Quand je joue à ça, personne ne peut me refuser quelques chose. Quand j'étais petite, ça touchait tout le monde -sauf mes parents- maintenant, c'est beaucoup plus puissant sur les hommes ou les personnes attirées par moi de quelque manière que ce soit. » Je remarquai sa main sur la table et lui jetai un regard amusé.

« Par exemple, toi, même si tu es une femme, je pense que ça fonctionnerais. Et si je le faisais là, maintenant, et que je voulais que tu m'embrasses, tu le ferais sans même t'en rendre compte. » Je souris en coin, sachant parfaitement comment amadouer les gens sans qu'ils s'en rendent compte et je papillonnai des yeux. « Mais tu sais, même sans ça... » J'effleurai sa main du bout des doigts, avec délicatesse et la laissait retomber sur la table, juste à côté de la sienne, assez près pour qu'elle la sente même en fermant les yeux, mais assez loin pour ne pas vraiment la toucher. Je posais ma tête sur mon autre main et la regardai avec malice.

« Disons que je sais comment arriver à mes fins sans utiliser d'artifices magiques. Même si mon apparence peut être considéré comme un artifice magique par certains. » Je haussai légèrement les épaules. « Je ne compte pas de défigurer pour faire plaisir aux gens. »

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J'ouvris grand les yeux en la regardant. C'était quoi cette phrase qui sonnait comme une maxime. « Euh... Sûrement, mais mon pouvoir n'est pas si puissant que ça au final. N'importe qui désirant vraiment ne pas y succomber ou sachant pratiquer l'occlumencie pourrait le défier et l'annuler. C'est simplement une dose de magie associée à de la manipulation. » Je haussai les épaules et ramenai ma main près de moi pour boire un gorgée de vin, mon verre était presque vide, le sien aussi. Je nous resservis avec un plaisir évident. Elle semblait désarçonnée. En même temps, je n'étais pas franchement très à l'aise, je m'amusais avec elle et elle me perturbait. C'était peut-être d'ailleurs pour ça que je n'arrivais qu'à jouer pour le moment. Mais elle m'intéressait, et je ne comprenais pas comment cela pouvait être possible.

Je souris doucement. « Oui, j'ai bien remarqué... » J'éclatai d'un rire de gorge. « Oh, voilà qui est passionnant. » Je reposai ma main sur la table, plus près de la sienne qu'auparavant et battis des cils. « Mes yeux te plaisent vraiment à ce point là ? » Je haussai les épaules avec un sourire.

Je haussai un sourcil. « Et pour toi ? Après tout, ce qui me plaît actuellement c'est de séduire au naturel -tant que mon don ne me joue pas de tours- mais toi, comment fais-tu ? Tu m'intrigues, pour être franche. Tu es vraiment superbe et tu as ce petit quelque chose de direct et délicieux, es-tu généralement celle qui mène la danse ou l'inverse, ou bien, je ne sais pas, tu aimes découvrir de nouvelles personnes mais sans trop en faire ? » demandai-je. Ces questions me taraudaient depuis qu'elle était arrivée à ma table et c'était l'occasion de les lui poser, après tout. Et puis, on avait beaucoup trop parlé de moi à mon goût. Elle était aussi intéressante que moi, sinon plus par son originalité. Une demi-vélane, quel ennui face à une femme aux cheveux bleus attirée par les femmes.

Je penchai la tête sur le côté en souriant. J'étais sûre que la réponse allait m'intriguer, comme tout ce qui émanait de cette femme. J'enlevai mon chapeau, qui commençait à me paraître lourd à cause de la chaleur de la pièce. Je le posais à côté de mon verre et secouai la tête pour que mes cheveux ne soient plus aplatis. « Pfiou ! Il commence à faire chaud tu ne trouves pas ? » dis-je en m'éventant de la main. C'était peut-être tout simplement l'ambiance, ou le vin qui commençait à me monter à la tête, ou tout simplement sa présence. Je commençais à m'habituer.

Soudain dans un coin de l'auberge, quelqu'un alluma une radio. Immédiatement, un air entraînant embauma la salle avec un style légèrement jazz. Je frissonnai de plaisir et un énorme sourire s’étala sur mes lèvres. « Tu veux danser ? » m'exclamai-je avec enjouement. Et sans attendre sa réponse, je me levais d'un bond et commençait à me déhancher tranquillement à côté de la table faisant des pas au rythme de la musique. « Allez ! » soufflai-je, souriante.

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« Je n'irais jamais croire ça ! » dis-je en riant. « Il faudrait vraiment être idiot, et puis je ne peux pas me permettre de juger les gens, après tout, être une vélane est pire que d'être du bon vin, pour certaines personnes. » soupirai-je. Sa réponse m'interpella, si on pouvait dire, je me retrouvais un peu dans ses paroles, sauf que j'étais plus souvent l'objet de la séduction que l'instigatrice. C'était même parfois lassant. Mais en général, je m'en amusais.

« Oui, profitons de notre jeunesse et de la vie qui coule dans nos sangs ! » m'exclamai-je en souriant. C'était fini, je m'en rendais, compte, j'étais charmée, vraiment, par une femme. C'était la première fois, mais après tout, il y a une première à tout. Et cette petite phrase lancée comme ça correspondait tellement à la situation...

Leona me rejoignit tout de suite au sur la piste de danse improvisée. Je me déhanchai doucement en rythme quand elle me prit la main et me fit tourner. Je souris et me laissai faire, amorçant un mouvement discret pour me rapprocher d'elle. De toute manière, elle faisait de même de son côté. Frôlement, danse, je virevoltai dans un mouvement de va et vient vers elle et loin d'elle. Elle menait totalement la danse et je me laissai faire. Dans tout les sens du terme, je ne savais pas mener la danse, surtout dans la situation actuelle. Un nouveau mouvement vif, je revins vers elle, son souffle chaud effleura mon oreille, je frissonnai.

Je m'éloignai de nouveau. « Tu n'as pas tort... » dis-je en souriant. Corps à corps de nouveau, j'avais la chair de poule en sentant ses lèvres près de ma peau. La musique changea, d’entraînante, elle devint languissante. Avec un grand sourire, je passais mes bras autour de son cou, prête à me laisser guider dans un slow par la demoiselle. Notre proximité ne me dérangeais et je la sentais tranquille près de moi. « Tu sens les fleurs de soleil. » soufflai-je en la regardant. J'avais le souffle un peu court après la danse vive que nous venions d'avoir mais je me sentais en pleine forme. C'était vraiment agréable. Un peut tardivement je répondis à sa remarque. « Arrêter ? C'est quoi ? » dis-je d'un air mutin en lui faisant un clin d’œil. Au fil du mouvement de la danse, ses cheveux prenaient différents reflets à cause des lumières du bar, c'était joli, elle avait un halo de sérénité autour de la tête. Je trouvais ça séduisant et amusant. Je laissai glisser ma main sur une mèche qui tombait sur sa nuque.

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