Putain de pleine lune.

Putain de vie.

Enfin bon, c'était quoi ce destin de merde?

Les mains bien enfoncés dans le fond de ses poches de pantalons, Loïc marchait. Il marchait parmi les arbres, hors des sentiers. Le soleil se couchait très lentement derrière lui, faisant durer le plaisir pour les fanatiques des cieux orangés... Le vent, mordant, soufflait avec force contre son visage, étonnent lorsque l'on pensait pouvoir se réfugier parmi les troncs massifs pour se protéger. Relevant les épaules un peu plus près de ses oreilles, Loïc serra la mâchoire.

Ouais... putain de vie.

Ses muscles lui faisaient un mal de chien... un mal de loup. L’impression grandissante en lui que son corps allait bientôt se détruire, se fracturer, se déchirer, se faisait sentir. C'était pire qu'un mauvais rhume, c'était pire qu'une dragoncelle... peut-être même pire qu'un doloris. Physiquement, tout son corps repoussait ce moment. Mentalement, toute sa tête appréhendait cette nuit. Oh, jamais il ne laisserait paraître tout la peur qui le tenaillait jour et nuit à l'approche de la pleine lune, jamais il ne pouvait laisser transparaître une infime parcelle de faiblesse. Il était Portlock, il n'en avait aucun droit. Il était le serpentard, maintenant monaraith, sans sentiment, celui apte à tout reléguer au plus profond de son être, celui capable d'afficher un air totalement neutre devant une jeune femme en crise de larme, celui... oui, voilà, c'était lui. Il avait garder la tête haute, depuis le début, il prétendait accepter cette situation, la vivre comme si ce n'était qu'une petite verrue en dessous de son pied.

Il n'était pas un faible.

Jamais, il n'aurait au grand jamais, besoin de l'aide de Moore. La pitié, il n'en avait cure, il pouvait se prendre en pitié lui-même, se morfondre seul, devant ses potions, tenter de trouver une solution à son nouveau problème de fourrure. Jamais, au grand jamais, il n'accepterait qu'on lui tende la main. Il était fort, indépendant, il devait garder la tête haute... pour sa mère, pour son frère. Ne pas être la honte de la famille, ne pas compliquer plus leur situation qu'elle ne l'était déjà. Du moins, c'est ce qu'il ne cessait de se répéter mentalement, tous les soirs, depuis cette escapade au labyrinthe. Même si Elerina avait été là à sa première transformation, rien ne l'avait plus stresser et, l'idée même qu'il ait pu la blesser, animagus ou pas, n'avait cessé de trotter dans sa tête.

Ce soir, ce serait sa troisième transformation...

Et il ne s'y faisait toujours pas. Il avait trouvé un endroit reclus, il avait joué de la baguette et c'était créé une cabane, à l'allure sordide et précaire, qui en fait ne l'était pas, et avait réussit, avec plus de deux mois de pratique, à conjurer une sortilège de Fidelitas. Il aurait dû en être fier, un tel sortilège demandait beaucoup de travail, de puissance, d'acharnement, mais il n'avait guère eu le temps de célébrer son exploit. Lui-même gardien du secret de ce «bunker», il ne serait une menace pour personne... et aucun sot ne parviendrait à l'atteindre.

Graham était contre. Mère ne savait pas.

C'était son choix, elle n'aurait pas compris, certes, elle était mère de deux petits sorciers de vingt-trois ans, mais elle ne l'était pas. À quoi servirait-il de l’inquiéter, de la faire angoisser. Il angoissait pour deux, c'était suffisant, pas la peine de lui mettre ce mal sur les épaules. Son frère avait accepter, mais à la seule condition qu'il le laisse l'accompagner au ministère... l'enregistrement des créature magique et dangereuses. C'était horriblement embarrassant, se faire traiter en animal. Il aurait cru que ce le serait encore plus, devant son frère, son frère si englobant, si «maternel», si... différent de lui, le contraire. En fait, il en avait été soulagé, jamais il ne l'aurait dit, mais la présence de Graham, parmi les visages hostiles, l'avait apaisé... son frère était toujours là.