Roméo marchait rapidement vers la lisière de la forêt. Là, il serait tranquille pour ce qu'il avait à faire... Oui, personne ne le dérangerait, la forêt était tellement... effrayante. Tout était effrayant ici, en fait. La métis n'avait pas besoin de s'enfoncer très profondément dans les bois, non juste assez pour qu'on ne le voie pas. Il accéléra et pénétra dans la forêt. Bientôt, il s'arrêta, après seulement quelques minutes de marche. Les arbres étaient clairsemés, mais cela ne rendait pas la forêt moins flippante. Le jeune homme s'adossa à un chêne couvert de mousse, jetant des regards anxieux autour de lui. Il vérifiait tout autant l'absence de camarades que celle d'animaux étranges. Était donné le nombre réduit de personnes qui étudiaient à st Barnaby, ainsi que l'immensité du parc et de la forêt qui le bordait, le risque que quelqu'un le trouve ici était on ne peut plus minime. Il inspira un grand coup et sortait le nécessaire de sa poche.
Depuis qu'il était ici, il se sentait de plus en plus déprimé. Il avait encore plus l'impression qu'à l'accoutumé d'etre spectateur de sa vie. Bien sur, cette sensation ne le quittait jamais vraiment. Il ne se sentait jamais impliqué, intégré, concerné par ce qui l'entourait. Tout était si lointain, si éloigné de son interet... Il eut tout aussi bien pu etre un fantome. Il aurait sans doute ressenti peu ou prou la meme chose que ce qu'il ressentait maintenant, adossé à son arbre moussu. La frontiére cotonneuse qui l'entourait lui semblait bien épaisse, ces temps si. Rien de ce qu'il utilisait habituellement pour avoir la sensation d'exister, de vivre sa vie, ne marchait ici. Le sport, qui le libérait autrefois de ces angoisses existentielles, était désormais tout ce qu'il y a de plus inneficace. Les épices mélées d'eau qu'il absorbait par tasses entiéres n'avaient guére plus d'effet. Le dessin ne le libérait pas plus. Aussi, il en était réduit à la derniére extremité.
Il ne pouvait pas continuer à être aussi déshinibé, c'en devenait dangereux. Peu lui importait d'être blessé, d'avoir de mauvaise notes, de cacher sa vie... Plus la frontière s'épaississait, plus il partait en roue libre. Et c'était dangereux. Il avait déjà eu pas mal d'ennuis à cause de cela, et certains avaient bien failli lui couter la vie. Et puis, ce n'était pas si terrible... juste très risqué s'il se faisait prendre. Il ne savait pas quelle tolérance l'université appliquait en matière de drogue, mais il y avait de fortes chances pour qu'il ait de sérieux ennuis s'il était découvert. Qu'importe. Le garçon tira de sa poche un sachet rempli d'herbes étranges, dont une teinté d'un violet particulièrement suspect. Il préleva soigneusement un peu de ces herbes et entreprit de les rouler dans le filtre qu'il tenait adroitement entre ses doigts fins. Il s'efforça de ne pas en perdre une miette et tira de sa poche son briquet argenté. Il alluma le résultat de sa préparation et inspira une bouffée. Pas mal.
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Lun 21 Jan - 13:14