Un quart de ... [ PV Walter ]

L'étudiante s'étira, pour reprendre une fois de plus sa position initiale. Les deux coudes contre le comptoir du Sor-THÉ-lège. Officiellement, c'était sa vraie et véritable première journée de travail dans le café universitaire, mais elle ne le comptait pas comme tel. Cela devait faire plus d'une heure, si ce n'était pas plus, que personne n'était passé. Pas une âme qui vit, rien de chez rien! Nom d'un hippogriffe que c'était ennuyant. En prenant un travail au café étudiant de l'université, la jeune femme se serait attendu à bien plus d'action que cela, elle s'était préparée mentalement à ce qu'il l'attendait, courir à droite et à gauche, renverser du café un peu partout, oublier les commandes de certains étudiants, mais pour le moment, c'était bien loin de tout ça.

Elle se demandait d'ailleurs comment quelqu'un de saint d'esprit avait osé lui confier le café étudiant... s'il l'avait un peu plus connu, certainement qu'il n'aurait jamais pensé la laisser seule entouré de choses dangereuses, coupante et brûlante. Malgré tout, vu le calme plat qui régnait dans la salle, elle comprenait un peu plus pourquoi confier ce poste à n'importe qui n'était pas si inquiétant... Puisqu'il n'y avait encore et toujours personne... tant de calme.

Non pas qu'elle avait particulièrement quelque chose contre le calme, la détente et la solitude, loin de là, elle en était même adepte. Par contre, dans le contexte où elle se trouvait, à attendre en soupirant avec lassitude qu'un étudiant daigne bien vouloir boire un café, un thé ou simplement grignoter un petit truc entre deux repas, elle n'aimait pas cet accalmie. Elle fixait donc inlassablement la porte du café, attendant avec une patience inouïe que quelqu'un franchisse finalement la porte, mettant un tant soit peu d'action dans sa triste journée. Journée qui avait commencé d'un ennui et qui semblait se continuer sur cette voie...

Elle avait eu cours, le matin même, et avait fait un effort surhumain pour s'y rendre, participer et surtout, ne rien casser. Ses heures de cours achevées, elle s'était directement dirigée vers le café pour commencer son quart de travail. Elle s'était attendue à voir, sur l'heure du dîné, déjà quelques étudiants en quête d'un bon café, mais non. Malgré le froid automnal, malgré la pluie battante, personne ne venait et Betris en vint à se demander si les gens étaient au courant de l'existence d'un tel endroit dans l'université. Secouant la tête une nouvelle fois, elle quitta son poste derrière le comptoir pour allez s'installer près de la fenêtre, ou siégeait un énorme fauteuil particulièrement attrayant, d'un rouge écarlate, semblant appeler les petites fesses des étudiants paresseux à s'y installer.

C'était un sacrilège de laisser un endroit aussi vide!

Beatris jeta un regard à son montre... bientôt quinze heures. Peut-être les gens avaient-ils simplement des cours? Pfft, quand bien même, ce n'était pas une excuse. Le Sor-THÉ-lège était l'endroit idéal, l'alcool y était servi, la nourriture, des divans attrayant étaient installés chaleureusement pour donner une ambiance conviviale à la pièce. Tapis, affiche, lumière tamisée... tout y était, sauf la vie! Incapable de tenir en place, l'étudiante se releva une nouvelle fois. Ce n'était pas dans ses habitudes d'être impatiente et énervée... elle était même totalement le contraire, mais là elle avait besoin d'être distraite, de parler, de rire, de faire de nouvelles rencontres!

Elle se mit donc à faire les cent pas, les yeux fixés sur la fenêtre recouverte de goûtes de pluie, coulant paresseusement vers le bas de la fenêtre. Derrière la vitre se dessinait vallées et forêts d'un vert vif, nourrit par la pluie et le soleil sporadique de l'Écosse.

Obnubilée par l'étrange tableau que donnait la pluie et la verdure au travers d'une vieille fenêtre de château. La pauvre Betris en oublia de se concentrer sur ce qu'elle faisait. Car si, pour tous et chacun marcher en ligne droite est quelque chose qui se fait sans réfléchir, pour Beatris c'est une tâche quasiment impossible. C'est donc sans étonnement vraiment, pour tous ceux qui l'a connaissaient de près ou de loin, que la jeune femme s'écrasa de tout son long sur le tapis du café, jurant en gaélique, se retenant à la dernière minute de ne pas se casser le nez.

Une fois bien étendu de tout son long, au beau milieu de la salle, Betris jugea pourtant sage de ne plus bouger... après tout, elle ne pourrait pas tomber plus bas... et personne n'était là pour la juger. Enfin... c'est ce qu'elle croyait.

Jeudi matin, sept heures trente. Les yeux bleus-gris de l’Écossais détaillaient attentivement l’horizon à peine éveillé. Il faisait gris et moche, sans doute froid aussi. Le printemps avait bien commencé mais depuis quelques jours, un front froid et humide s’était installé. Dans le ciel, de gros nuages gris foncé bien engorgés d’eau cachaient le soleil matinal, dessinant un portrait plutôt sombre pour la journée. Les arbres – la moitié d’entre deux encore dénudés de leurs feuilles – étendaient leurs branches vers le ciel presque noir. Le vert foncé se fondait magnifiquement bien au sombre des cieux. C’en était glauque. Le dos nu du jeune homme était appuyé sur le bord de la fenêtre entrouverte alors que sa pipe fumante était pendue au coin de ses lèvres. Routine matinale, une petite dose de tabac, encore bien simplement habillé de son bas de pyjama. Il ne tarderait pas à s’activer pour entamer le reste de sa journée mais il voulait profiter encore un moment de cet instant où le temps semblait suspendu, s’échappant par petites vagues comme la fumée grise le faisait d’entre ses lèvres. Il ne voulait pas s’échapper de sa rêverie qui traçait entre les lignes dans le ciel des formes et des mots imaginaires, que seul lui pouvait voir. Comme quand il était enfant, et qu’un cumulus devenait un cheval.

Mais bien vite, il ne restait plus que des cendres dans le fond de la pipe de bois. De quelques aspirations, l’Écossais vérifia qu’il ne restait plus rien à fumer puis prit sa baguette de tilleul argenté de sa table nuit et la pointa vers la pipe, faisant disparaitre la poussière foncée d’un sortilège silencieux. Une fois cela fait, il se dirigea silencieusement vers les douches de son dortoir. La chaleur et la constance du puissant jet d’eau contre sa nuque et sa tête complétait à merveille le réveil. Il sorti une dizaine de minutes plus tard et s’habilla dans son uniforme. Il avait une journée de cours bien pleine, un le matin et un en après-midi, en plus d’un quart de travail à dix-sept heures trente, à la bibliothèque de l’université. Le jeune homme passa devant un miroir, ajusta sa coiffure et s’assura que les cernes sous ses yeux n’étaient pas trop visibles, puis agrippa son sac de cuir. Il en plaça la bande épaisse sur son épaule et sorti des dortoirs. Il avait déjeuné en vitesse puis s’était rendu à son cours en avance pour terminer la lecture d’un chapitre d’un nouveau livre qui était arrivé à la bibliothèque. Un livre qui racontait l’histoire d’une jeune femme, Anneliese Michel, qui était décédée juste l’an dernier à la suite de plusieurs exorcismes échoués, à 24 ans. C’était particulièrement sordide, elle semblait être possédée de plus d’un démon à la fois. Le ténébreux referma le livre sur son marque page lorsque l’enseignant commença à parler…

Puis quinze heures arriva bien vite. Ses cours pour la journée étaient terminés. Il avait amplement le temps de continuer sa lecture au Sor-thé-lège et de manger un morceau, peut-être même boire un verre de whisky avant son quart de travail pour le rendre un peu plus agréable. D’un pas plus relaxé, voire paresseux, le géant fit son chemin à travers les couloirs pour se rendre au café étudiant. Qu’allait-il manger? Un sandwich… Jambon et fromage suisse, ça le faisait toujours. Avec la soupe du jour, il demanderait c’était laquelle ; il avait drôlement faim. Et du whisky, il ne fallait pas oublier le whisky. Un mince sourire se dessina sur les lèvres du jeune homme en se disant que ça allait lui faire vachement du bien de manger. Mais lorsqu’il arriva devant le Sor-thé-lège, il n’y avait personne derrière le comptoir, et ce malgré les portes ouvertes. Perplexe, l’Écossais s’avança tout de même, cherchant toujours quelqu’un, puis une fois arrivé au comptoir, il se pencha vers lui pour voir si quelqu’un n’était pas caché derrière. Non, personne. C’est en voulant contourner la petite caisse que Walter manqua de peu de marcher sur un mollet. Un mollet? Les sourcils froncés, il suivit le chemin du mollet des yeux pour voir… Des fesses. Timide, il leva un peu plus son regard et aperçu un visage qu’il connaissait bien. Inquiet, il s’approcha un peu et s’accroupit à côté de la demoiselle. une main exceptionnellement posée sur le haut de son dos. Il fallait qu'il soit vraiment soucieux.

« Bea'…? Ça va pas, tu t’es blessée? », demanda-t-il, l’air inquiet.

Le nez, la joue, la bouche, bref, son visage était complètement écraser sur le sol et Beatris ne bougeait plus. Bien installée sur le tapis de la salle, le corps presque en étoile, la jeune femme peinait de ne pas rire d'elle-même en se moment. Bien concentrée à ne pas médiser contre la moquette qui l'avait fait chuter et contre la population entière de l'établissement qui ne se pointait pas dans son café étudiant chérie pour la distraire, elle restait donc là à grommeler pour elle-même. C'était très peu courant de voir la Betris nationale grommeler dans son coin, mais elle était humaine comme tout le monde et il lui arrivait d'être d'humeur particulièrement fracassante. Cette humeur, par contre, avait la capacité de se transformer en une humeur rayonnante en quelque seconde... comme quoi elle n'était absolument pas rancunière.

Enfin, ne se souciant plus du tout de sa position peu galante, elle resta là quelque minutes, quand soudain des bruits de pas raisonnèrent dans sa tête. Elle devait certainement rêver, personne ne viendrait à cette heure-ci, surtout si l'on prenait en considération que personne ne s'était présenté de la journée et que, pour couronner le tout, l'heure du dîné arrivait bientôt. Aussi bien dire qu'elle avait travaillé pour rien aujourd'hui et qu'elle aurait tout aussi bien pu rester bien peinarde dans la salle commune à boire une bonne bière ! Bière autorisé seulement dans le café étudiant.... Merlin ! C'était le destin, elle devrait passer le reste de sa vie seule ! «Pas du tout mélodramatique, nop.»

Elle soupira bruyamment, coupant du même coup les bruits de pas s'approchant encore un peu plus près d'elle. Merlin de merlin, qui est ce qui essayait de lui faire croire que tous les étudiants de ce collège universitaire n'étaient pas des alcooliques invétérés, des puits d'alcool dans fond qui ne pouvaient être rassasier qu'en buvant des tonneaux de whisky. Non, elle peinait à croire que cela pouvait être possible et sur le nom de sa grande tante Aniette, elle se promettait de les rendre tous alcooliques ! Enfin... de manière respectable pour des étudiants dans la fleurs de l'âge bien évidemment !

- Nom d'une pipe, c'est imp...-

Elle avait recommencé à marmonner pour elle-même, repartant de plus belle dans ses médisances contre les gens trop sages qui l'empêche de s'amuser, lorsqu'une main se posa doucement contre le haut de son dos. Aussitôt qu'elle sentit la pression contre elle, Beatris ne pu que se taire, devenant soudainement de plus en plus rouge, n'osant plus bouger... ni même respirer. Être surprise, fesses première, coucher sur le sol du café étudiant n'avait rien de bien glorieux et, avant même qu'elle ne sache qui se trouvait derrière elle, elle espérait déjà que ce ne soit pas quelqu'un avec un sens de l'humour pitoyable qui la jugerait sur le champ. Non pas que ça la dérangeait vraiment... mais elle tenait à son travail !

Alors qu'elle fermait les yeux de plus en plus fort pour ne rien voir et qui sait... peut-être disparaître, une voix familière raisonna dans la salle et en une fraction de seconde, Betris avait retrouvé son sourire, son air détendu et se redressa sur ses coudes, comme si tout était normale et naturelle, pour se retourner vers Walter. Un large sourire éclairant son visage, elle ria quelque seconde puis soupira d'aise :

- Oh, tiens Walter c'est toi ! Je t'ai pris pour Sherrington... Quoi que je comprend pas comment j'ai pu faire une telle erreur, franchement vous n'êtes pas du tout du même poids tous les deux ça paraît quand on écoute marcher.... quoi que je n'ai pas vraiment écouter marcher, j'étais trop concentrer à pester contre l'absence de population dans mon café vois-tu. Non pas que c'est mon café... non c'est celui de l'école évidemment. Enfin.

Beatris éclata de rire une seconde fois et fixa Walter comme s'il était dieu tout puissant descendu du ciel :

- Je suis désolée, j'parle trop pour rien dire ! Tu vas bien, tu as besoin de quelque chose ? Un whisky j'imagine?

Pourtant, même si elle offrait quelque chose au jeune homme, Beatris restait obstinément couchée au sol, appuyée contre ses coudes, bientôt au stade ou elle lèverait les pieds dans les airs pour les faire balancer d'avant à l'arrière comme une gamine retardée.

Au moins, elle parlait.

Bon, ce qu'elle disait n'avait rien de particulièrement glorieux – ou éloquent, d'ailleurs, il l'entendait à peine alors qu'elle faisait face au sol – mais au moins, elle n'avait pas perdu la faculté de la parole durant la chute. Et franchement, il en faudrait probablement beaucoup pour arriver à faire taire Beatris Westfield. Pas qu'elle l'agaçait, non, loin de là, même. Il l'avait toujours trouvée sympathique et même s'il trouvait qu'elle faisait très bien – voire trop – le moulin à parole parfois, elle avait toujours eues de bonnes intentions à son égard et ne l'avait jamais poussé hors de sa zone de confort. D'autres, au contraire, se demandaient bien pourquoi il était aussi timide et le poussait à l'excès pour avoir des réponses. Pas Beatris, elle le prenait comme il était et si elle se posait des questions à son sujet, elle ne lui en avait jamais fait part. Et puis, elle était jolie, hein. Pas ce genre de beauté fatale qui frappe, qui étourdit. Une beauté attendrissante, qui réchauffe. Bien qu'il ne pouvait pas dire qu'elle était son amie, elle faisait certainement partie de ses bonnes connaissances, avec qui il partageait des rires, pas que des mots. Pour Walter, cependant, on se confie à un ami. Et lui ne se confiait à personne. Pas encore, du moins.

À peine eut-il déposé sa main entre les omoplates de l'Écossaise, celle-ci se tût. Visiblement, elle ne s'attendait pas à ce qu'on la voit ainsi, encore moins à ce qu'on tente de la secourir. Chose étrange dans la tête du jeune homme. Les étudiants circulaient librement à cette heure-ci puisque les cours venaient de finir et quelques réguliers, comme lui, s'arrêtaient au Sor-thé-lège presque à chaque jour. Enfin, il ne réussirait probablement jamais à comprendre le processus de pensée qui avait lieu dans la tête de Betris, mais bon... Walt avait senti la demoiselle se crisper lorsqu'il l'avait d'abord touché mais sitôt avait-il dit quelques mots, la tension qui s'était formée dans les muscles de la jeune femme disparu. Était-il une si bonne surprise que cela? Presque aussitôt, l'Écossais retira sa main, un fin sourire timide – comme toujours – s'affichant sur ses lèvres. Il était rassuré, maintenant. Le contact le gênait, il devait se l'avouer. À jeun, en tout cas. N'allez pas croire que Walter était du type frigide, non, pas du tout. Seulement il avait souvent besoin d'aide d'un taux d'alcoolémie assez élevé pour qu'il puisse passer par dessus son malaise initial. Parce que forcément, la personne qu'il toucherait serait dégoûtée, c'était comme ça. Toujours accroupi aux côtés de Beatris, le ténébreux se déplaça un peu pour être plutôt face à elle que de côté et lui rendit son sourire. Certes, moins largement, mais l'intention était bien présente. Il observa silencieusement son visage, explorant ses traits des yeux à la recherche d'une marque quelconque, mais l'étudiante était ressortie indemne de sa rencontre avec le plancher. Tant mieux.

Puis elle se remit à parler. Et c'est là qu'il la reconnaissait le plus. Ce qu'elle disait avait de la valeur, c'était certain. Mais elle s'exprimait à un débit tellement rapide et enjoué qu'il devait presque se concentrer pour tout encaisser. Il gardait cet air vaguement timide et rassuré au visage alors que ses yeux d'azur ennuagé fixaient ceux, gris, de la jeune femme, ses lèvres bien fermées en attendant qu'elle finisse. Et même lorsqu'elle eut finit, il fallu au géant quelques secondes de délai pour bien comprendre ce qu'elle avait dit. Mais elle était plus rapide que lui. Il avait tout juste entrouvert les lèvres pour dire quelque chose qu'elle revint à la charge, cette fois avec une question légitime, considérant qu'elle était en charge du café étudiant. L'Écossais sourit à Betris et se redressa à moitié en tendant sa main dans sa direction, pour l'aider à se redresser. Il n'allait pas la laisser étendue comme ça au milieu de la place. Et puis, probablement que lui n'avait pas le droit de se servir son verre de whisky seul. Une fois cela fait et la demoiselle sur ses pieds, le jeune homme passa nerveusement sa main contre sa nuque – tic cliché du garçon mal à l'aise, mais c'était bien le cas – et pris la parole.

« Euh, oui, je suis venu me chercher de quoi boire et manger avant mon quart de soir à la bibliothèque... Il te reste des sandwichs jambon-fromage? Et... La soupe du jour, c'est quoi? »

Il hésita un petit instant, se mordillant presque imperceptiblement l'intérieur de la lèvre du bas puis reprit:

« Et oui, un whisky, comme d'habitude. Ça va peut-être rendre le travail un peu plus intéressant si j'ai un verre dans le nez.

Walter ponctua sa phrase d'un petit rire, court mais sincère. Il appuya un peu plus longtemps son regard sur l'étudiante puis passa sa main dans sa poche droite de pantalon pour en sortir son porte-monnaie.

Sans attendre une seconde de plus et bien évidemment sans écouter ce que Walter s'apprêtait à dire, Betris était déjà sur ses deux pieds. Aidée de la main tendue de son compatriote d'école, la jeune femme était maintenant debout au beau milieu du café étudiant. Les cheveux un peu dans tous les sens, sa fine chemise de travers sur ses épaules et son boléro semblant vouloir élire domicile sur sa poitrine plutôt que dans son dos, elle fit une grande enjambée et amorça son mouvement vers le comptoir.

Sur le nom de Merlin, Betris allait rendre hommage à son premier client de la journée et elle ne le laisserait certainement pas sur sa faim, ou sur sa soif... ou sur une quelconque envie non comblée! Elle allait tout faire! À peine consciente qu'elle exagérait un petit peu, en se rendant jusqu'à son comptoir avec la démarche carré digne d'un soldat de l'armée, elle s'installa à son poste, le dos droit. Du haut de son mètre cinquante la scène devait être hilarante à regarder. Vraiment non seulement elle ne convaincrait surement personne qu'elle était une dure à cuire, mais en plus, avec ses vêtements de travers et sa tête de lutin, elle n'avait DÉFINITIVEMENT rien d'une dure à cuire! ... mais comme elle aimait le dire : «Le ridicule ne tue pas.... Sinon je serais déjà avec Merlin depuis belle lurette!»

Finalement remise de sa petite promenade jusqu'au comptoir, elle porta son regard sur Walter. Le grand Walter, le silencieux, discret et si grand, Walter. Elle et lui n'avait jamais été les plus grands amis du monde, mais une agréable courtoisie s'était installée entre eux, une courtoisie qui permettait de croire à Betris qu'elle pouvait considérer le garçon comme son ami. Grand et mystérieux, elle avait sûrement des centaines de millions de questions à lui poser, mais elle savait bien qu'il n'y répondrait pas, ou bien il lui mentirait pour ne pas vraiment lui dire la vérité. Elle préférait donc ne pas poser toutes les questions qui lui brûlaient la langue et de simplement être avec lui. Elle avait la ferme conviction qu'un jour, s'il le voulait vraiment, il lui dirait de lui-même ses petits secrets... enfin, les moins honteux, qui sait.

Secouant la tête, elle sourit à Walter, se rendant compte qu'il était en train de lui parler. Faisant un effort surhumain pour quitter ses rêveries, elle remit son cerveau en mode «écoute» et se mordit la lèvre :

- Pardon, tu m'as dit...? Pourquoi tu me parles de bibliothèque? Nous ne somme pas à la biblio voyons! Allez... t'as besoin d'un whisky toi!

Hmm... C’était une manière comme une autre de reprendre absolument non-adroitement le fait qu'elle n'avait strictement rien entendu de ce qu'il lui racontait. Par chance elle était certaine qu'il ne dirait pas non à un bon verre et en effet, elle comprit par la suite qu'il ne refuserait pas un bon verre de whisky. Le travail était toujours plus agréable avec un coup dans le nez, c'était définitif!

Sans attendre le reste de la conversation, la jeune femme disparue derrière son comptoir se penchant à la recherche d'un whisky différent de l'habituel. Accroupie donc, hors de vue du jeune homme elle lui dit :

- Alors, pour faire changement, aujourd'hui, j'ai reçu deux nouvelles bouteilles de Whisky. Tu veux goûter quoi? J'ai celle des îles de Campbletown... de la distillerie Springbank... aux notes de fraise et de vanille... selon eux. Sinon j'ai celui du Glenury Royal... il est plus fruité et amer. Pas mon préféré personnellement, remarque, je n'ai pas le palais aussi fin que le tiens!

Puis elle sortit la tête de derrière le comptoir et lui montra les deux bouteilles qu'elle avait en main. Les faisant alterner et bouger de manière saccadée, ne permettant pas vraiment à Walter de pouvoir lire quoi que ce soit. Visiblement, beaucoup trop énervée, Beatris en oubliait même jusqu'aux désirs de ses clients!

- Il ne me reste plus de celui des Highlands... ceux qui sont fumés, j'ai demandé qu'on en commande d'autre. Tu veux lequel? Les deux... avoue-le!

Le jeune homme resta figé de malaise en entendant Beatris. Ses doigts avaient arrêté leur course jusqu’à son porte-monnaie, s’agrippant presque nerveusement sur le bord de sa poche. Il ne savait absolument pas quoi faire. Elle n’avait visiblement pas entendu ce qu’il avait dit et il n’avait vraiment pas envie de répéter. C’était quelque chose qui le gênait affreusement, devoir répéter ce qu’il disait. Car si la personne n’avait pas compris la première fois, c’était forcément de sa faute. Il ne parlait pas assez fort, ou encore il n’avait pas suffisamment bien prononcé sa phrase ou certains mots, mais c’était chose certaine que c’était de sa faute. On faisait difficilement plus timide ou réservé que lui, de toute façon, c’était normal, voire attendu qu’il ne sache pas s’exprimer correctement en situations sociales. La plupart du temps, lorsqu’on ne le comprenait pas, il suivit docilement ce que l’autre avait cru entendre. Et lorsqu’on lui demandait de répéter, il ajoutait que ce n’était pas important, ou qu’il avait oublié, ou qu’il avait eu une réponse à son interrogation. La plupart du temps, les gens le croyaient ou le laissait faire. Mais lorsqu’il arrivait – rarement – qu’ils insistent, Walter prenait son courage à deux mains et se répétait. Ça lui prenait tout, et ça lui faisait mal, mais parfois il n’avait tout simplement pas le choix.

Et là, il avait très très faim. Et pas pour la bouffe de la cafétéria. Pour un sandwich jambon-fromage suisse et pour une soupe. Ceux du café étudiant, pour être plus précis. Les joues de l’Écossais prirent une teinte rosée alors que Beatris s’affairait derrière le comptoir, à la recherche d’une bouteille de whisky. Elle parlait, parlait, parlait, lui parlant des nouveaux arrivages, de ses impressions personnelles. Et tout ce temps, lui pensait à son sandwich, qu’il avait vraiment, mais vraiment envie de manger. Et à sa souper, chaude, réconfortante, qui saurait le réveiller avant d’aller passer la soirée entre les livres. Qu’allait-il faire? Il n’avait pas envie de confronter Betris en insistant pour sa nourriture, il détestait les confrontations. Mais il ne pourrait pas passer à travers sa soirée confortablement si son estomac grognait à tout rompre. Et en plus, il devenait rapidement de mauvaise humeur lorsqu’il avait faim. Peu de choses le rendaient de mauvaise humeur, mais de sentir son corps en déséquilibre l’irritait au plus haut point. Il lui fallait une homéostasie pour pouvoir fonctionner correctement. Et là, on lui faisait obstacle et il allait devoir sortir de sa zone de confort pour pouvoir avoir ce qu’il voulait… Merlin que c’était désagréable.

Lorsque Beatris émergea de sous le comptoir, Walt esquissa un sourire timide et vient prendre une bouteille dans ses mains après que sa demoiselle eut terminé de les remuer dans tous les sens. Il lut l’étiquette, jeta un bref coup d’œil à l’autre bouteille puis tendit celle qu’il avait dans la main à Betris. C’était le Springbanks, fraise-vanille, apparemment. Il était franchement curieux d’y goûter. Et puis, plus vite il répondait aux questions de l’étudiante, plus vite il pourrait lui demander à manger une nouvelle fois.

« Celui-là, s’il te plait. Et… »

Il prit une grande inspiration puis attendit d’avoir l’attention complète de sa collègue, la regardant bien dans les yeux et tout et tout avant de redemander :

« J’aimerais avoir un sandwich jambon-fromage suisse avec ça, s’il te plait. Et la soupe du jour. Pour manger ici. »

L’Écossais soupira légèrement, comme soulagé de l’avoir finalement dit, puis fouilla son porte-monnaie à la recherche de l’argent. Il connaissait déjà le prix exact de ce qu’il avait demandé, c’était toujours la même chose qu’il se procurait ici. Il posa la monnaie exacte sur le comptoir et laissa quelques pièces tomber dans le petit pot pour le pourboire. Voilà, c’était fait. Il avait insisté, pour l’une des premières fois dans sa vie.

Elle était toujours en feu, elle parlait tout le temps et, malgré toutes ses bonnes intentions, n'entendait pas toujours ce que les autres lui disaient. Elle était tête en l'air, avait l'esprit ailleurs et n'avait comme seul but dans la vie que de répandre la joie autour d'elle. Être calme, relaxer, se traîner les pieds si ça lui chantait. Elle voulait être la seule et l'unique maître de son existence, ne pas mettre le blâme de ses échecs sur les autres, mais bien que sur elle-même.

Bref, toutes ses petites choses faisaient d'elle un être bien singulier quelques fois. Non, pas quelques fois, toujours. Tout le monde était différent, elle le savait, mais les gens avaient généralement tendance à la trouver «spéciale» avec son éternel sourire, ses cheveux dans tous les sens et ses deux pieds gauches. Malgré tout elle était bordée de bonnes intentions et ne vivait, pratiquement littéralement, que pour le Sor-Thé-Lège. Il avait été une révélation pour elle lorsqu'elle s'était inscrite à St. Barnaby. Son havre de paix... peut-être même la raison de son choix. (Car bon, malgré sa passion pour l'histoire et la botanique, eh, on ne s'inscrivait pas dans une université si elle n'avait pas un... petit quelque chose en plus)

Une fois qu'elle eut trimbalé toutes ses bouteilles devant les yeux de Walter, la jeune femme retomba doucement sur terre. Le jeune homme en face d'elle semblait au pris avec un problème majeur, vu la tête qu'il affichait, mais avant même qu'elle n'eut le temps d'ouvrir la bouche, son ami souffla et lui demanda :

« J'aimerais avoir un sandwich jambon-fromage suisse avec ça, s'il te plait. Et la soupe du jour. Pour manger ici. »

Maintenant accoudée sur son comptoir, Beatris sourit largement au jeune homme. Alors qu'elle songeait elle-même à ce qui était disponible à manger aujourd'hui. Malheureusement pour le pauvre Walter, la tête de la jeune femme se décomposa bien rapidement lorsqu'elle prit soudainement conscience qu'elle n'avait strictement rien préparé à manger. Ne voulant pas gaspiller de nourriture, puisque personne ne s'était présenté de la journée, elle n'avait pratiquement rien préparé. Évidemment le sandwich se faisait aisément et était déjà au réfrigérateur, mais pour le potage, c'était un peu plus long.

« Oh, Walter, je suis désolée! J-je..»

La jeune femme prit soudainement une teinte rouge, rouge vif, de ces rouges qu'il est bien difficile d'ignorer. Honteuse elle baissa la tête et servi le verre de whisky à Walter :

« Tiens, c'est moi qui offre. Je suis désolée... j-j'espère que tu n'es pas pressé, parce que je n'ai pas eu l'occasion de préparer le potage. Il est aux choux et fromages... enfin, si je réussis à le faire correctement!»

Sans vraiment attendre la réaction de Walter, toujours aussi rouge et honteuse d'avoir faillit à sa tâche d'«excellente serveuse». Betris lui tourna dos, sorti un sandwich du frigo qu'elle tendit à son client. Elle se dirigea ensuite vers le fond de la salle, derrière le comptoir en criant :

« Tu peux allez t’asseoir, je vais venir te porter ton potage dès qu’il est prêt!»

Elle s’activa rapidement, priant Merlin qu’elle ne se tue pas en cours de préparation. Sa baguette dans sa main vibrant étrangement alors qu’elle lançait un petit wingardium Leviosa, sur le plat de potage froid. Quelque petites étincelles se mirent à sortir de sa baguette à une vitesse alarmante, dans le but de brûler Betris, sans aucun doute. Stupide baguette!

Walter fut aussitôt rassuré en voyant un sourire se dessiner sur les lèvres de sa collègue. C’était bon signe. Elle n’était pas offusqué qu’il se soit imposé de sa sorte, elle ne le prenait pas pour quelqu’un de malpoli. Il se risqua même à lui rendre ce sourire – peut-être un peu maladroitement, mais l’intention était là. Ce n’est que lorsqu’il poussa l’argent dans la direction de Beatris pour qu’elle le prenne qu’il remarqua que son expression changeait progressivement. Jusqu’à ce que son sourire disparaisse complètement…. Oh non, qu’avait-il fait maintenant? Ce n’était pas le bon montant? Elle s’était offusquée? L’expression de l’Écossais changea du tac au tac. Il fronça les sourcils, prenant un air profondément désolé alors qu’il tentait de lire sur les traits de la demoiselle quel était le problème. Elle avait l’air si déçue, comme si elle s’était attendue à quelque chose de sa part, comme si on venait de lui annoncer une fort mauvaise nouvelle. Était-ce sa demande qui était exagérée? Pourtant, il ne le pensait pas, il venait souvent chercher cette combinaison de choses. Et quand ce n’était pas l’habituel trio sandwich-soupe-whisky, c’était pour un thé. Elle le savait, c’était souvent elle qui prenait ses commandes. Mais bien entendu, ce n’était pas la faute de Betris, non. C’était de la sienne. Il n’était pas arrivé au bon moment, il n’avait pas assez d’argent, il ne pouvait pas tenir une conversation. Bien entendu.

Puis elle s’excusa. Baissa les yeux en agrippant la bouteille de whisky pour lui en servir un bon verre, sur glaçons, comme il l’aimait. Le jeune homme fixa le verre qui se remplissait progressivement de liquide ambré alors qu’il cherchait dans sa tête toutes les raisons possibles pourquoi elle s’excusait. Et franchement, il ne trouvait rien. Rien ne lui venait tout simplement parce qu’à ses yeux, c’était impossible que la situation tendue qui se présentait à eux en ce moment était due à elle. Non, c’était forcément sa faute à lui, un point c’est tout. Il releva les yeux, remarqua le rouge qu’elle avait aux joues. Elle lui tendit son verre en disant que c’était elle qui l’offrait. D’autant plus perplexe, Walter haussa un sourcil dans sa direction, attendant des explications supplémentaires. Là, il ne comprenait plus rien du tout. Qu’allait-elle lui apprendre, qu’elle avait tué son hibou en revenant du village? Qu’il y avait une dose d’arsenic dans le thé qu’il était venu chercher ce matin même? Non, c’était fort improbable.

Elle n’avait pas encore préparé le potage. Elle n’avait juste pas encore eu l’occasion de préparer le potage. C’est tout? C’était ça, l’air coupable et les joues rouges? Walt ne put s’empêcher de laisser un rire de soulagement passer ses lèvres alors qu’il glissait nerveusement une main sur sa nuque, en prenant une gorgée du whisky. Il ne travaillait que dans deux heures et n’avait rien de prévu autre que manger durant ce temps, il n’était pas pressé du tout. L’Écossais insista tout de même pour donner l’argent dû à la demoiselle puis secoua légèrement la tête.

« Je ne suis pas pressé du tout, prends… prends tout le temps dont tu as besoin… Ouf, tu m’as inquiété, je pensais que tu allais m’apprendre une horrible nouvelle! »

Il rit une autre fois et remercia légèrement Beatris lorsqu’elle lui donna son sandwich. Il le pris dans ses mains, puis son whisky, et se dirigea vers l’un des groupes de fauteuils, pas très loin du comptoir. D’où il était assis, il pouvait voir ce qui se passait derrière. Le jeune homme s’assied confortablement – beaucoup plus détendu que quelques instants plus tôt – puis déballa tranquillement son sandwich. Il l’observa une seconde puis en pris une bonne bouchée, qu’il mâcha longuement et avec appétit. Par Merlin, il avait si faim! L’Écossais porta son verre de whisky à ses lèvres et en pris une bonne gorgée mais remarqua quelques étincelles du coin de son œil. Il posa ses choses sur la table et se leva à moitié pour mieux voir. Même s’il était grand, sa tête ne dépassait pas le bois du comptoir. C’était la baguette de Bea’ qui faisait des siennes. Elle lui avait déjà mentionné qu’elle était capricieuse. Inquiet, Walter se leva, fit quelques pas vers le comptoir avec les mains dans les poches puis demanda :

« Tu sais, ce… ce n’est pas nécessaire, si tu risques de te faire mal. Ou bien je peux t’aider, peut-être… Ou… Ou bien juste prendre un autre sandwich, mais je ne voudrais surtout pas que tu te blesses pour ça. »

L'aider, il voulait l'aider elle ? Non mais, il était culotté ce Walter ! L'aider alors que c'était elle qui tenait le fort, c'était elle qui devait avoir les capacités de répondre aux demandes des autres ! Elle secoua, malgré tout, la tête en direction de Walter avant de lui faire un sourire. Non elle n'avait pas besoin d'aide, elle était habituée aux caprices de sa baguette magique et s'en sortait généralement plutôt bien sans avoir besoin de l'intervention de quiconque.

Betris était cette fille, calme, détendue, qui prenait tout à la légère et qui vivait extrêmement bien à faire ce que bon lui semblait. Elle avait été habituée aux caprices de sa baguette depuis la première fois qu'elle avait lancé un sort en cours et c'est certainement à cause de sa baguette que la jeune femme était devenue aussi détendue face à la vie. Sachant qu'elle ne pouvait pas tout contrôler, elle avait appris à ne plus stresser face à l'indépendance désagréable de sa baguette chérie. À cette époque le professeur Flitwick avait eu la peur de sa vie. Pratiquement tous les bureaux de la ranger de la pauvre Betris avait pris feu, brûlant feuilles de notes et plumes au passage. Le petit professeur avait dû réagir rapidement et calmer ses élèves apeurés. Beatris s'en souvenait comme si c'était hier. Il avait écourté le cours et avait demandé à sa jeune élève de rester un peu pour discuter avec elle.

Depuis ce jour, la jeune femme avait eu énormément d'affection pour le petit professeur Flitwick qui, jamais au cours de toute sa scolarité, ne lui avait tenue rigueur des caprices de sa baguette. Il lui avait même expliqué les raisons des agissements de celle-ci, lui avouant que si elle avait été choisit, c'était qu'elle était capable de beaucoup et que la baguette en était pleinement consciente. Cela avait rassuré au cours de sa première année la pauvre petite Betris qui avait été la risée de ses classes. Peu importait le cours, il était certain que, au moins une fois par semaine, quelque chose prenait en feu autour de la jeune femme. Visiblement sa baguette appréciait particulièrement les sortilèges reliés aux flammes, à la chaleur et aux étincelles.

Parlant justement d'étincelles. Malgré que la jeune femme ait refusé l'aide que son compagnon lui offrait, sa baguette continuait étrangement de créer des tonnes d'étincelles. Betris donna quelque coup vers le bas espérant arrêter son sortilège et... souhaitant calmer sa baguette, cela semblait pourtant faire l'effet contraire sur celle-ci qui commença à envoyer de plus en plus de flammèches, se transformant lentement en des flammes montant le long de celle-ci et en envoyant un peu partout autour d'elle. Apeurée Beatris ferma les yeux, sa baguette pourtant bien fermement encré dans sa main, lui brûlant la paume. Qu'allait-elle faire ? Comment régler cet... situation ?

« Merlin, stupide baguette de mes... AïE!!!»

Alors que la jeune femme commençait à blasphémer contre sa baguette chérie, celle-ci visiblement très susceptible fit prendre en feu le chaudron contenant le potage de Walter. Grognant, la main maintenant fermement collé sur sa baguette, Betris tenta de lancer un aguamenti, pourtant une fois de plus sa baguette (qui bientôt aura un nom tellement elle a une personnalité de sale môme) refusait foncièrement de répondre aux moindres demande de sa sorcière. Coincée, les flammes montaient de plus en plus haut devant elle et semblaient vouloir se répandre un peu partout.

Merlin qu'allait-elle faire... qu'avait-elle fait ! Elle allait détruire l'école au grand complet, elle allait se faire envoyer... elle allait mourir dans les flammes elle... avait besoin d'aide. Elle se retourna prestement et ses yeux apeurés cherchèrent la seule et l'unique personne présente dans la salle. Espérant qu'il était bien plus douer qu'elle ne l'était elle-même en sortilège (lorsque sa baguette décidait de désobéir.) elle cria :

« Wal.... Walter ! Walter J-... Walter!!»

L’Écossais fronça légèrement les sourcils lorsque Beatris secoua la tête dans la direction pour lui signaler qu’elle n’avait pas besoin de son aide. Il posa son regard d’azur ennuagé sur la baguette qui ne semblait pas vouloir cesser de faire des flammèches mais n’insista pas plus que cela. Ses mains toujours bien au fond de ses poches, Walter retourna s’asseoir au creux de fauteuil. Il hésita encore une fois puis finalement secoua légèrement la tête, pour lui-même, en venant prendre une autre bouchée de son sandwich au jambon. Si elle disait ne pas avoir besoin d’aide, elle avait sans doute raison. Il devait vraiment arrêter d’insister comme ça, il finirait sans doute par faire fuir les gens, à force. Si elle avait besoin de lui, elle le lui dirait. Mais en attendant, non, il devait se mêler de ses affaires et arrêter de s’en faire avec ce qui ne le concernait pas. Le jeune homme termina la première partie de son repas assez rapidement, devant même voler une gorgée à son verre de whisky pour faire passer un morceau de pain. Il allongea un peu plus la gorgée, appréciant le goût de l’alcool contre son palais, puis se cala plus confortablement dans le fauteuil.

Mais le bruit des étincelles persistait, augmentait, même. Il n’avait même pas pris la peine de sortir son lit, il savait qu’il n’aurait pas été capable de s’apaiser suffisamment pour lire, même si les flammèches étaient restées de la même intensité. Mais là, c’était carrément inquiétant. S’efforçant de ne pas regarder dans la direction du comptoir – fallait pas insister, même des yeux, Walter fixait avec une fascination tout à fait superficielle le liquide ambré dans son verre, portant attention aux glaçons qui y flottaient tout bonnement, comme le fond de bons glaçons. Oui oui, il arrivait que Walter aille des réflexions totalement stupides et inutiles lorsqu’il se forçait à se concentrer sur autre chose que ce qui attirait réellement son attention. Le plus gênant, c’est lorsqu’il tentait de ne pas porter attention à une jolie fille. Les choses les plus insignifiantes devenaient absolument fascinantes. Comme la disposition des pierres sur un mur ou les variations dans le menu de la cafétéria. Parfois même, lorsqu’il sortait dans un bar, qu’une fille lui faisait de l’œil et qu’il n’était pas tout à fait assez saoul pour pleinement participer, il faisait de ces commentaires complètement idiots. Comme sur les boucles d’oreilles de la demoiselle en question. Ou sur la forme de ses coudes. Heureusement pour lui, la plupart des filles trouvaient sa gêne plutôt mignonne. Mais on oubliait que lui se mourrait de honte à l’intérieur.

Bref, tout cela pour dire qu’il s’accrochait à peu de choses pour ne pas venir en aide à Betris. Même lorsqu’elle commença à jurer contre la baguette. Non non non, il ne ferait rien! Elle risquait de se fâcher, s’il se mettait à insister sans qu’elle ne lui demande. Les yeux fixés droit devant lui, c’est-à-dire presque à l’opposé du comptoir, il prit une autre longue gorgée de whisky. Gorgée nerveuse plus qu’autre chose, il n’en apprécia qu’à peine le goût. Sacrilège! Mais il n’était plus possible pour lui d’ignorer ce qui se produisait derrière le comptoir. Les flammes venaient à présent lécher le chaudron où chauffait le potage et venaient même enlacer les doigts et le poignet de Beatris. Pilant sur sa retenue, le jeune homme se leva en un bon et s’approcha du comptoir. Il le traversa, pour la première fois de sa vie, pour venir à côté de la demoiselle qui venait toujours juste de l’appeler au secours. Le jeune homme, tentant de garder son calme, sorti sa propre baguette – faite de tilleul argenté – et la pointa vers Beatris. D’un sortilège imprononcé, il désarma la jeune femme, sa baguette se volant gracieusement jusqu’au sol aux pieds de sa maîtresse puis murmura un faible Aguamenti pour venir éteindre les flammes qui s’étaient étendues, sur le tissu des vêtements de l’Écossaise et sur quelques gobelets à café en carton. Une fois le calme revenu à la pièce, Walter esquissa un petit sourire – encore timide – à Betris et jeta un coup d’œil au chaudron fumant. Le potage était chaud et prêt à être servi. Discrètement, le noiraud se laissa rire un peu et regarda la brunette à ses côtés avant de lâcher sur un ton un peu plus détendu :

« Je crois que c’est prêt. »

Ni une ni deux, bref en moins d'un quart de seconde, Walter s'était retrouvé à ses côtés, réparant vraisemblablement tout sur son passage. Merlin, il avait été plus que rapide ! Betris, dans le feu, et c'est le cas de le dire, de l'action avait eu la vague impression que Walter n'attendait que ça... ou qu'il était doté de pouvoir franchement puissant qui le faisait se déplacer à une vitesse vertigineuse ! Bref... elle ne s'en plaignait franchement pas !

Elle regarda avec soulagement Walter finir d'éteindre les flammes et se mit à fixer, d'un air farouche sa baguette, gisant sur le sol. Elle n'osait plus la prendre. Autant sa baguette pouvait être la meilleure du monde, être efficace, donner une force de sortilège exceptionnel, à la hauteur des capacités difficiles d'ignorer de Betris, autant elle... brisait tout, donnant l'impression au reste du monde que Betris n'était d'une cracmol sans avenir qui faisait semblant de posséder une baguette ! La jeune femme soupira d'agacement en regardant sa baguette de cornouiller inerte sur le sol et opta pour la laisser là, alors qu'elle enfonçait, sans retenir une grimace, sa main et son avant bras brûlé, dans les poches de son jeans... où il y avait bien trop peu de place pour une main.

Le principe était bien simple, elle ne voulait pas que Walter découvre qu'en fait, la paume de sa main était simplement dépossédée d'une couche de peau qui était simplement resté coller sur sa baguette dut à la chaleur que celle-ci émanait. Secouant la tête, la jeune gaffeuse reprit ses esprits et ria... de bonne foi, au commentaire de Walter.

Elle se pencha au-dessus du potage les sourcils froncés, agitant de sa main gauche la grande cuillère de bois qu'elle prit un peu plus loin sur le comptoir, pour le mettre dans le potage :

« J'espère quand même que ça n'a pas brûlé au fond... ça serait dommage de tout gâcher nos efforts...»

La Sinsear se retourna devant Walter, soudainement particulièrement embarrasser, regardant, gêné ce qui se trouvait à la hauteur de ses yeux... c'est-à-dire le torse du jeune homme, pour se mettre à parler rapidement, maintenant rouge comme une pivoine.

«Je... je suis vraiment, vraiment désolé Walter. J'ai manqué de professionnalisme ! P-... pour le dérangement je t'offre le potage... enfin s'il est comestible... et je t'offre un autre verre du whisky de ton choix ! Je... oh mon dieu ! Il ne faut surtout pas que Sherrington apprenne ce qui s'est passé ! On va me retirer mon poste, je ne pourrai plus travailler ici... oh... non de merlin...»

Maintenant partie dans un flot de paroles interminables, Betris quitta le derrière du comptoir, sa baguette traînant toujours par terre, pour allez s'asseoir à un divan, qui selon ses vagues observation (enfin si elle avait vraiment observé et avait arrêté de parler toute seule) devait être celui ou Walter s'était installé quelques minutes plus tôt pour déguster le petit festin. Tout en continuant de parler pour ne rien dire et de faire de la paranoïa sur son futur renvoi du Sor-thé-lège, elle se laissa lourdement tomber sur le divan et soupira finalement.

Elle retira avec précaution sa main de sa poche de jean et la cacha directement dans un des pans de sa veste, tout naturellement, avant de se retourner et de fixer Walter qui... n'avait toujours pas son potage !

« Merlin je suis pathétique!!!»

Sans crier gare, la jeune femme sauta sur ses pieds une fois de plus en direction et se mit à pratiquement courir jusqu'à la petite cuisinette derrière le comptoir. Bien évidemment ce qui devait arriver arriva... et le destin voulu qu'elle mette son pied sur sa petite baguette qui traînait toujours au sol. KARMA FOUTU KARMA ! Il en avait définitivement après Beatris, elle n'en avait aucun doute maintenant, il voulait sa peau ! Elle tomba alors lourdement sur le dos, dans un bruit lourd, lui coupant la respiration par la même occasion alors que les larmes lui montèrent soudainement aux yeux. Outch... ça faisait mal quand même... combiner à sa main qui avait tenté d'amortir la chute... Elle décida qu'une fois de plus, le sol et elle ne formeraient plus qu'un et ne bougea plus, les yeux fermés.

L’Écossais retrouva immédiatement son silence une fois qu’il eut placé son commentaire. C’était assez impressionnant comment Beatris pouvait l’intimider. Pourtant, elle avait toujours été gentille avec lui, polie, serviable, adorable même. Il ne s’était jamais senti jugé par elle, même si elle lui avait fait gentiment la remarque de temps à autre qu’il avait peut-être intérêt à sortir de sa coquille. Et puis physiquement, on pouvait difficilement faire plus format de poche, quoi. Elle était petite, chétive, avec de beaux grands yeux. On pouvait parfois même la comparer à une poupée de porcelaine. Ce qui l’intimidait, ce qui faisait en sorte qu’il s’éloigne d’elle parfois ou qu’il se taisait et se fermait, c’était l’énergie chaotique qui tournait constamment autour d’elle. Et il ne doutait même pas une seconde que ce n’était de sa faute, il savait très bien qu’elle ne faisait pas exprès. Mais de ne pas pouvoir prévoir ses gestes, ou au moins en avoir une idée, le rendait nerveux. C’était lorsque Walter était nerveux qu’il devenait paranoïaque et un peu obsessif, et il n’aimait pas spécialement se présenter aux autres comme étant tel. Un peu angoissé, ça passait encore comme caractéristique. Mais il avait honte du reste.

Aujourd’hui, cependant, il ferait un effort. Il ne savait pas pourquoi, mais il sentait qu’il n’avait pas tout à fait terminé avec ses péripéties Betrisiennes et que celles-ci pouvaient s’avérer assez dangereuse. Tant qu’il ne serait pas obligé de partir pour aller travailler, il préférait encore rester avec elle – peut-être un peu à distance – au cas où quelque chose se produisait. Il n’avait aucune idée de pourquoi il avait cette impression, certes un peu fataliste, que quelque chose de mal allait se passer, mais il préférait ne pas prendre de chance. S’il était parti malgré son sentiment et qu’il aurait ensuite appris que Bea’ s’était retrouvée blessée, nul doute qu’il aurait eu des remords pour des semaines. Et puis, Walt’ avec remords, ça faisait un peu comme Walt’ parano. Pas tout à fait d’agréable compagnie et un peu effrayant. C’est donc avec les meilleures intentions du monde que le ténébreux afficha à nouveau son sourire – un peu crispé quand même – et vint doucement voler la cuillère de bois des mains de l’étudiante pour vérifier le potage. Il passa la cuillère au fond du chaudron, frotta puis la sortie; rien n’était collé.

Mais avant qu’il ne puisse rassurer l’Écossaise, celle-ci était déjà partie dans un délire. Elle ne cessait de parler, de dire comment elle allait sans aucun doute perdre son emploi, qu’elle allait décevoir la direction, que… il n’arrivait pas à tout suivre, franchement. Un peu abasourdi, il la suivit du regard alors qu’elle allait poser ses fesses où il était assis et installé un peu plus tôt. Et puis quoi, après? C’était quoi la prochaine étape? Allait-elle s’arrêter un jour? Ah, oui. Elle avait soupiré, taisant par la même occasion sa logorrhée. Mais… Qu’est-ce qu’il avait vu, juste là? Il n’aurait pas pu dire spécifiquement ce que c’était, mais l’intérieur de la main de la jeune femme était différent de l’autre, comme si sa chaire était à vif. Encore une fois, Beatris fut plus rapide, cependant. Il n’eut pas le temps de faire un pas pour sortir de derrière le comptoir qu’elle se leva en un bond et qu’elle se mit à courir vers où elle était. C’était beaucoup trop rapide pour qu’il comprenne ce qui se passait mais… Oh merde, la baguette!

Trop tard. Un pied sur le bois capricieux et hop, elle se retrouvait directement sur le dos. Le géant figea un instant mais c’est en entendant l’étudiante perdre son souffle que son instinct de survie s’activa aussitôt. Il s’agenouilla aussitôt à ses côtés et l’observa attentivement à la recherche d’une réaction quelconque. L’une de ses mains vint se glisser doucement derrière la tête de Bea’ pour tâter son crâne. Non, pas de blessure. Mais elle risquait fort probablement de trouver une bosse là le lendemain… ou dans la demi-heure à venir. Sa respiration semblait être devenue normale. Ouf, c’était ça, au moins! Le jeune homme profita du moment de vulnérabilité de sa collègue pour examiner la main différente. Ouch, c’était pas rien! Elle s’était sans doute fait cela tout à l’heure, en tenant sa baguette enragée. Retenant une moue de dégoût d’un mordillement de sa lèvre inférieure, Walter sortit à nouveau sa propre baguette et la pointa sur la plaie. Il chuchota un sortilège et un solide bandage vint enlacer la main de Beatris, lui laissant les doigts libres.

« Je vais me servir mon potage moi-même, Beatris. Va t’asseoir deux minutes, le temps de t’en remettre. »

Du bout des doigts, le noiraud agrippa la baguette de Betris, qui fit immédiatement des étincelles au contact d’un étranger, et la déposa sur le comptoir. Pas question qu’elle glisse dessus une nouvelle fois.

« Ta baguette est sur le comptoir, Bea’. Ne l’oublie pas. »

Il lui sourit.

Betris avait pourtant la ferme intention de ne plus bouger du reste de la journée... et qui sait, de la vie! Un peu plus tôt elle s'était retrouvée à plat ventre au beau milieu de la salle et Walter l'avait convaincue de ne pas rester ainsi... stupidement, au beau milieu du café. Cette fois-ci, la jeune femme ne se laisserait pas manipuler, elle resterait bien coucher sur le dos pour le restant de ses jours. Au moins, elle ne tomberait plus. Le pire qui pourrait lui arriver était que quelqu'un se prennent les pieds dans elle... ou que l'école explose, mais bon, entre vous et moi, vous savez très bien qu'il y avait bien peu de chance que l'établissement devienne poussières en quelques minutes, ou dans les prochains jours. Du moins, c'était ce que Betris espérait.

En même temps, vu la malchance que la jeune sinsear traînait avec elle depuis sa naissance, elle n'aurait été que bien peu surprise de découvrir son école en cendre par sa faute! Après tout, elle venait tout juste de mettre le feu au café étudiant... son cher Sor-Thé-Lège et sa seule chance dans cette histoire fût la présence de Walter sur les lieux. «Ouais parce que bon, sans lui tu serais probablement un vieux tas de chair brûlée maintenant.» Ah... c'est tout de même agréable de se faire rappeler à quel point elle n'était qu'une empotée! Pourtant, elle n'était pas si stupide, non, elle savait manier une baguette et avait réussi très bien ses ASPICS et BUSES avec des notes tout à fait respectable. Tout semblait avoir dégénéré à son entré à St. Barnaby. Comme si sa capricieuse baguette n'avait pas accepté son choix de programme! C'était totalement impossible... presque stupide de penser que se pouvait vraiment être ça. Pourtant, Betris ne voyait aucune autre explication au comportement étrange de sa chère baguette.

Elle n'avait jamais été contre les petits brins de folie de sa baguette de cournouiller, mais cette fois-ci, c'était trop. Les petites étincelles étaient habituelles et faisait généralement prendre conscience à la jeune femme qu'elle pouvait faire beaucoup mieux que ça. À chaque fois d'ailleurs elle se reprenait, conjurant un sortilège, par la suite, époustouflant. Néanmoins, maintenant elle ne savait plus quoi faire pour satisfaire sa baguette. C'était stupide après tout, c'était elle la sorcière, elle décidait les sorts qu'elle voulait jeter, non pas le contraire! «Pffft, se faire mener par sa propre baguette et puis quoi encore!»

Betris soupira, d'un soupire à en fendre l'âme, puis croisa les bras sur sa poitrine. Oui, elle allait trouver de la colle perpétuelle et ne plus jamais se lever.

«Oh, oui Walt' sers-toi.. c'est sûrement mieux ainsi. Tu as bien moins de chance d'avoir un empoisonnement alimentaire ou te te faire attaquer par ton potage si c'est toi qui le fais.»

La jeune femme laissa échapper un petit rire. Elle ne savait même plus si elle devait être totalement exaspérée de la situation ou simplement en rire. «Ris en parce que ce n'est pas prêt de finir.» Pfft... ouais, bon, pas prêt de finir, elle le savait très bien ça! Mais aujourd'hui elle avait un son quota de mauvaises expériences. Elle méritait bien une petite pause non? Un petit moment où elle ne tenterait de tuer personne et ou le sol serait son meilleur ami et non son pire ennemi.

«Par contre, je vais rester là. Je suis très bien tu vois, je crois que Perth et moi on va devenir très proche!»

Elle tapota doucement le sol sous elle, presque affectueusement. « ce que tu peux être stupide... tu as nommé le plancher Perth! Tu aurais pu trouver mieux... tant qu'à lui trouver un nom...» Eh! Ce que sa conscience l'ennuyait, Perth, c'était très bien comme nom. BON.

Elle n’avait clairement aucunement l’intention de quitter ce fichu sol. À peine avait-il reporté son attention sur l’Écossaise qu’elle croisa les bras sur sa poitrine, calant ainsi son dos dans le sol. Cette fois il ne réussirait pas à la faire quitter le bois du plancher du café étudiant. Il le sentait, il le savait. En temps normal, il aurait insisté, il l’aurait levée lui-même ou il l’aurait convaincu de le faire. Mais là, il savait que ça ne servirait à rien. Et quelque chose lui disait que c’était possiblement la chose à faire, même s’il détestait voir quelqu’un dans une position aussi vulnérable que celle où elle se trouvait présentement. Et si quelqu’un d’autre entrait dans le café? Et si quelque chose lui tombait dessus? Il n’en savait trop rien, en fait. Tout ce qu’il savait, c’est qu’elle avait peut-être raison de vouloir rester là pour un temps. Que la baguette et que son esprit se calment un peu. Peut-être qu’après un certain moment, les choses s’apaiseraient et elle pourrait continuer sa journée comme si de rien n’était. Elle n’allait quand même pas dormir là… non? Note à soi-même; repasser au café étudiant après son quart de travail à la bibliothèque pour voir si elle est toujours là.

Le jeune homme eu, malgré tout, du mal à ne pas rire lorsque Beatris lui dit qu’il risquait moins s’il se servait lui-même. Un mince sourire se dessina sur ses lèvres alors qu’il y pensait. C’est qu’elle avait sans doute raison. Même s’il était convaincu qu’il n’allait pas avoir d’empoisonnement alimentaire, ou encore que le potage allait sortir du chaudron de lui-même pour l’attaquer, il était possible qu’elle renverse tout le contenu du chaudron, ou encore qu’une louche de celui-ci… Elle pouvait peut-être aussi briser le bol, faire plein d’éclaboussures, salir tout le comptoir… Oui, définitivement, c’était mieux s’il s’en occupait. Il nota le nouveau prénom du sol – Perth, ça avait son charme – puis hocha légèrement la tête avant de se redresser puisqu’il était toujours accroupi à côté d’elle. En faisant bien gaffe de ne pas marcher sur la demoiselle qui se trouvait encore à ses pieds, il bougeait habilement derrière le comptoir, récupérant un grand bol du placard, puis s’approcha du chaudron. Il en pris la louche et remplit avec précaution le bol blanc. Une fois cela fait, il posa le bol plein sur le comptoir, ferma le rond du poêle, vola une cuillère à un tiroir et s’éloigna de derrière le comptoir, potage à la main. Avant d’aller plus loin – il ne pouvait pas, en toute bonne conscience, laisser Beatris là sans lui dire un mot – il s’arrêta près de la jeune femme puis lui dit sur un ton doux et calme :

« Si tu as besoin de quoique ce soit, je suis juste à côté… Je vais manger et je vais partir. »

Il attendit un quelconque signe de vie de la part de la jeune femme et, lorsqu’il l’eut, il l’enjamba habilement pour retourner vers les divans. Il s’installa dans le fauteuil où était plus tôt et, arrivant même à oublier la présence d’une Beatris collée au sol pour un instant, se remit à la lecture en mangeant lentement son bol de potage. Bien qu’il ne veuille pas nécessairement s’éterniser ici, il ne voulait pas non plus laisser la demoiselle seule trop longtemps. Avec un peu de chance, quelqu’un d’autre passerait avant qu’il ne se pointe après son quart de soir. Histoire de vérifier qu’elle était toujours vivante. Et le potage était délicieux! Bon, quelques petits morceaux de chou-fleur étaient un peu trop mous, mais en somme, il était exquis. L’Écossais mangea donc, s’assurant parfois de quelques mots que son amie n’avait besoin de rien, puis il arriva éventuellement à la fin de son bol. Il en grattant le fond de sa cuillère, gobant les dernières gouttes, puis se leva pour retourner derrière le comptoir. Un autre sourire rapide à Beatris. Walter lava son bol, son assiette d’un peu plus tôt ainsi que ses ustensiles puis se rapprocha une nouvelle fois de la demoiselle. Il se pencha un peu à côté d’elle.

« J’y vais, Bea. Fais gaffe. Et si tu as une urgence, euhm… Crie très fort. Ou envoie-moi un patronus, si tu peux te servir de ta baguette… »

Il hésita un dernier instant puis se redressa et, après avoir agrippé la lanière de cuir de son sac, la plaça sur son épaule et quitta le café étudiant. Pourvu que Beatris ne fasse pas de faux mouvement. Ça serait le bout, que le poêle lui tombe dessus…

PROFIL RPG

» Walter Armstrong
» Walter Armstrong ♪ Somehow now you're everybody's fool ♫
» Soirée dans les livres [PV Walter][Terminé!]
» I've slept so long without you [Instant-RP Walter/Zòhra]

Un quart de ... [ PV Walter ]

Un quart de ... [ PV Walter ]

Sujets similaires

Sujets similaires

Rechercher

Résultats par : Messages Sujets
Recherche avancée