Sujet: Insomnies. [ PV, en collaboration avec Inès :D] Ven 25 Mai - 18:40
Clive sortit de la salle de bains, et regarda sa montre à gousset. Elle indiquait deux heures. Il lui restait donc une demi-heure, ce qui était satisfaisant. Ses cheveux encore dégoulinants, il revêtit son costume sans bruit, chaussa ses souliers à semelle de crêpe, mit son révolver dans son holster, sa baguette dans sa poche, et sortit en silence du dortoir endormi. Les ronflements sonores émanant des autres chambres lui confirmèrent le sommeil profond de ses camarades, ce qui était parfait. Clive ne voulait absolument pas qu'on le voie. Lentement et calmement, il traversa la salle commune, et descendit les étages. Il fut ravi de trouver sa route déserte, il n'avait pas besoin de complications supplémentaires. Il les auraient vite expédiées, mais cela lui aurait fait perdre un temps considérable. Arrivé au rez-de-chaussée, il se dirigea vers la salle d'étude, poussa très doucement la porte afin qu'elle ne grince pas, et entra. Un feu, seule source de lumière, brûlait faiblement dans la cheminée du fond de la pièce. Clive s'en approcha, tira une chaise et s'assit devant. Sa montre indiquait 2h28. Il attendit, scrutant le silence, vérifiant que personne ne se trouvait derrière la porte. 2H30. Le feu se raviva brusquement, en une sorte de tourbillon. Se dessinant dans les flammes dansantes, le visage d'un vieil homme apparut. La soixantaine, moustache à l'aristocrate, il semblait fatigué. - Bonsoir Monsieur Clive, dit il. - Bonsoir James. Clive n'avait pas sa voix trainante, mielleuse de d'habitude. Elle était claire, nette, et paisible. Il sortit un carnet bleu et sa plume, et se mit en position confortable pour écrire. - Dépéchez vous, James. Je n'ai que très peu de temps. Où en sommes nous ? - Le commerce d'objets ensorcelés nous a ranemé en moyenne 23 000 Gallions par jours ce mois-ci, Monsieur, ce qui nous porte donc à un bénéfice total de 506 000 Gallions. Les tractations avec les gobelins concernant Gringotts se font plus faciles ces temps ci, suite à la disparition du dirigeant de leur société. Ils nous laissent pour l'instant le monopole des finances sorcières de l'est de l'Europe. A l'annonce du chiffre des finances, Clive grimaça. Ce n'était pas assez. Il avait eu trop de frais avec cette histoire de Gobelins... Mais il se ravisa. Comparé à ce qu'il pouvait gagner en échange, cela n'était rien. - Bien, James. Envoyez deux hommes à Melbourne, rêgler ma petite affaire avec l'ambassadeur de l'Irlande. Je vous transmettrai les ordres exacts par hibou, nous ne sommes pas à l'abris d'une écoute, ici. - Bien Monsieur. Un silence s'installa un court instant. - Comment se passe votre intégration dans l'université, Monsieur Clive ? - Très bien. - Si je puis me permettre, je crois que vos camarades ne vous prennent pas vraiment au sérieux. Voudriez-vous que nous vous envoyions quelqu'un pour y remédier ? Clive eut un sourire. - Ne vous inquiétez pas, James. L'image du petit-pseudo-mafieux-tête-à-claque-stéréotypé qu'ils ont de moi et dans laquelle je les entretiens ne me dérange pas. Au contraire. Ils s'arrêtent à cette personnalité, ne cherchent pas à aller plus loin et c'est parfait. Ce n'est pas la peine d'envoyer un Homme pour s'occuper de cela, ce serait une perte de temps inutile. Au fait, qu'en est-il de cette recherche que je vous avais demandée, il y maintenant un mois, concernant notre petite...préoccupation ? L'avez-vous localisé ? - Nous y travaillons toujours, Monsieur. Nous l'avons presque trouvé. Ce n'est qu'une question de temps. - Parfait. Dès que vous l'avez, envoyez Haston et Curd. C'est en eux que j'ai le plus confiance pour réussir. - Très bien. Un autre silence s'installa. James, entrouvrit la bouche, semblant sur le point de dire quelque chose, mais ne dit mot. - Que se passe-t-il ? James ? - Une dernière chose Monsieur... C'est à propos de Miss Margareth. Elle s'inquiète terriblement pour vous, et demande chaque jour de vos nouvelles. Clive soupira, l'air excédé. - Dites-lui que je reviendrai la voir pour les vacances, et qu'elle patiente encore un peu... Il avait suffisamment d'ennui comme ça, pourquoi fallait-il ENCORE que cette fille en rajoute ? Il maudit intérieurement les êtres humains dotés de sentiments, puis se figea. - James, je crois que nous ne sommes plus seuls. Même jour, même heure, le mois prochain. Je vous recontacterai. - Bien. Au revoir Monsieur. Le visage de l'homme s'effaça, et les flammes retombèrent. Clive se leva aussitôt, tira sa baguette de sa poche. Il avait entendu un bruit, comme une chute d'objet, il en était certain. - Qui est là ? Demanda-t-il d'une voix paisible...
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Sujet: Re: Insomnies. [ PV, en collaboration avec Inès :D] Mer 30 Mai - 14:18
Le noir complet. Les yeux d’Inès, ouverts depuis trois bons quarts d’heure, auraient dû s’être habitués à l’obscurité et lui permettre de distinguer les moulures du plafond qu’elle fixait, mais ce n’était pas le cas. Paupières closes ou non, rien ne changeait. Le noir complet. La jeune femme poussa un profond soupir. Elle savait que le sommeil ne viendrait plus. Dieu seul savait (même s’il était bel et bien mort et enterré) depuis combien d’heures elle se retournait dans son lit, assaillie de préoccupations dont elle ne voulait pas. Le souffle léger de ses camarades de dortoir ne parvenait pas à l’apaiser. Inès soupira de nouveau, ferma les yeux et décida de se concentrer sur le problème au lieu de l’éviter. Peut-être qu’une fois celui-ci réglé, il l’autoriserait enfin à s’endormir. Elle laissa donc les yeux verts et les cheveux blonds de Friedrich envahir son esprit. Pourquoi fallait-il que les premières nouvelles qu’il lui envoyait lui causent autant de souci ? Elle saisit sa baguette sur la petite table de nuit placée à son chevet, murmura un « lumos » et, tirant de sous son oreiller la lettre qu’elle connaissait presque par cœur, en parcourut une nouvelle fois les lignes tracées d’une écriture fine. « Ma chère Estelle… » Inès sourit tendrement. Elle serait forcément compromise si quelqu’un trouvait la lettre, mais Friedrich tenait à utiliser son nom de code, encore et toujours, pour la protéger. « Ma chère Estelle, le temps me semble bien long jusqu’aux prochaines vacances, pour lesquelles tu m’as promis une ballade au bord du lac Léman. Ici, tout va bien, la famille se développe * et tous ceux que tu connais se portent bien. J’omets volontairement, pour ne pas t’inquiéter, une petite altercation avec un concurrent, à propos de finances et de subventions. Rien d’intéressant, si ce n’est qu’elle me tiendra un peu plus éloigné, durant quelques temps, de l’endroit où tu vis maintenant. La fuite en ta compagnie aurait un goût différent… » Inès interrompit sa lecture, agacée. Friedrich persistait non seulement à la traiter comme une fillette fragile et émotive, mais se permettait en plus de lui reprocher en permanence son départ de Suisse. La dépendance affective dans laquelle il la plaçait avait le don de l’exaspérer. Elle était libre, bon sang ! C’était à vous dégoûter de l’amour ! Les sentiments ne consistaient donc qu’à la priver du droit d’être informée de ce qui se passait et de partir quand bon lui semblait ? Inès sentait des larmes de rage poindre au coin de ses yeux. Être amoureuse signifiait-il qu’elle aurait dû rester auprès de Friedrich sans en avoir envie ? Il était visiblement en danger en ce moment même, recherché par cette autre organisation dont il ne lui disait rien, fanfaronnant devant elle, comme toujours, mais peut-être sur le point d’être tué ! Ses idées se perdirent dans le souvenir de leur dernière nuit. Ce soir-là au moins, elle n’avait pas eu le temps de se poser de questions inutiles. Elle avait été elle-même, suivant son corps et ses instincts. Bref, un moment parfait, et non pas une satanée nuit blanche comme celle-ci ! Du bout des doigts, elle caressa la signature du numéro 1 de l’organisation. Ce tendre imbécile avait même pris la précaution de signer de son nom d’emprunt. « Werner Ties ». Inès soupira, s’étira et s’assit dans son lit. Friedrich lui volait peut-être sa liberté. Ou peut-être pas. Le seul fait certain était qu’elle n’avait pas envie d’y penser pour l’instant, et qu’il n’existait qu’un seul moyen de tout oublier. Sortant sans bruit de son lit tiède, elle chaussa ses pantoufles blanches et se dirigea vers la salle de bains attenante au dortoir. D’un coup de baguette, elle alluma le lustre et s’examina dans la glace d’un œil critique. Elle semblait parfaitement réveillée, le visage très pâle cependant, créant un fort contraste avec son pyjama de soie bleu nuit. Inès grimaça en apercevant sa tignasse brune ébouriffée, seul élément permettant, dans cette tenue ample, de la distinguer d’un garçon. Elle saisit une brosse à cheveux et entreprit de la démêler énergiquement, ne cessant qu’en voyant retomber sur ses épaules des cheveux parfaitement soyeux. Hors de question d’être gênée dans son travail par une mèche rebelle. Satisfaite, elle saisit une pique à chignon sur une étagère, la glissa dans la poche de son haut de pyjama et repassa dans le dortoir. Elle réunit rapidement son matériel de dessin, carnet et fusain, puis traversa le mur du dortoir pour se retrouver en haut des escaliers. Arrivée là, elle marqua un temps d’arrêt, maudissant son absence de vision à long terme. Elle ne savait pas où aller. Elle avait arrêté la manière dont elle finirait sa nuit. Elle voulait dessiner jusqu’à ce que ses yeux se ferment d’eux-mêmes et qu’elle n’ait plus d’autre choix que de dormir. Soit. Mais elle n’avait aucune idée du lieu adéquat pour cela. Hors de question de rester dans la salle commune, elle risquait de réveiller quelqu’un en tombant de sa chaise avec fracas lorsqu’elle s’endormirait (les mauvaises expériences laissent des traces dans l’esprit…). Quant à ouvrir l’une des salles de cours, il valait mieux ne pas y penser. En revanche… Deux mots s’imprimèrent à grand-peine dans son esprit tourmenté : « Salle d’études ». Elle était incapable de retrouver le nom de celui qui l’avait mentionnée, mais était certaine qu’elle se trouvait au rez-de-chaussée. Elle acheva donc sa descente de l’escalier, traversa la salle commune et dévala les trois étages d’un pas léger. En avançant dans le couloir du rez-de-chaussée, elle entreprit d’enrouler ses cheveux en une coiffure sommaire. Maintenant son ébauche de chignon d’une main et attrapant sa pique à cheveux de l’autre, elle s’apprêtait à franchir le seuil de la salle, dont la porte était heureusement entrouverte, mais elle se figea soudain. Il y avait quelqu’un dans cette salle. Deux personnes, même. Deux voix qui discutaient. Et, proche comme elle l’était, elle ne pouvait qu’entendre distinctement la conversation. Elle ne reconnut pas la première voix, visiblement masculine, qui parvint à ses oreilles. Tranquille, assurée, elle ne pouvait appartenir à aucun des garçons de l’école qu’elle avait croisés. « … Au fait, qu'en est-il de cette recherche que je vous avais demandée, il y maintenant un mois, concernant notre petite...préoccupation ? L'avez-vous localisé ? » De surprise, Inès lâcha ses cheveux, les laissant retomber sur ses épaules. Combien de fois avait-elle entendu Friedrich tenir ce genre de discours ? Discours de dirigeant, d’un ton qui ne souffrait aucune réplique. Habitué à être obéi en toutes circonstances. Piquée au vif par la curiosité, elle entra doucement dans la salle pour tenter d’apercevoir ce qui se passait. Une deuxième voix retentit alors, visiblement celle d’un homme plus âgé : « Nous y travaillons toujours, Monsieur. Nous l'avons presque trouvé. Ce n'est qu'une question de temps. » La jeune femme pouvait percevoir une lueur tremblante au fond de la salle, qui ressemblait à la lumière d’un feu. Elle tergiversa. En temps normal, elle aurait clairement manifesté sa présence dès son entrée dans la pièce. Espionner de la sorte ne lui ressemblait absolument pas. La première voix s’exprima à nouveau, provoquant, sans qu’elle sache véritablement pourquoi, des frissons le long de son dos : « Parfait. Dès que vous l'avez, envoyez Haston et Curd. C'est en eux que j'ai le plus confiance pour réussir. - Très bien », répliqua la deuxième voix. Inès avait mis à profit cet échange pour se rapprocher encore. Elle aperçut un homme au fond de la pièce, lui tournant le dos, assis sur une chaise face à la cheminée. En plissant les yeux, elle remarqua qu’il était vêtu de noir, et pensa un court instant qu’il était étrange de voir quelqu’un d’habillé à cette heure. S’assénant une gifle mentale pour son manque de concentration dans les situations critiques, elle laissa son regard errer sur le dos de l’homme pour tenter de le reconnaître. Ils avaient cessé de parler, et, contrainte de rester immobile, elle en profita pour repérer un endroit d’où elle pourrait apercevoir son visage. Le deuxième homme ne l’intéressait pas vraiment, sans doute extérieur à l’école et plongé jusqu’au cou dans la cheminée, où elle doutait de pouvoir le reconnaître. Enfin, l’homme assis s’exprima à nouveau : « Que se passe-t-il ? James ? - Une dernière chose Monsieur... C'est à propos de Miss Margareth. Elle s'inquiète terriblement pour vous, et demande chaque jour de vos nouvelles. » Inès fronça les sourcils. Une organisation secrète, un homme recherché, et maintenant une femme ? Cette histoire demandait réellement des éclaircissements. Sur un soupir de l’homme assis, elle atteignit le coin de mur qui lui permettrait de mieux voir. Se collant contre la pierre froide, elle entendit encore : « Dites-lui que je reviendrai la voir pour les vacances, et qu'elle patiente encore un peu... » Elle se décala légèrement vers la droite, pencha la tête… et se mordit la langue pour étouffer un cri. « ROCKFELLER ! C’est Rockfeller ! Mais qu’est-ce qu’il fait là ?! Qu’est-ce que… il est impliqué dans une organisation ? Lui aussi ?» Stupéfiée, Inès remarqua trop tard que la pique à chignon qu’elle tenait toujours dans la main droite venait de lui échapper. Lorsque l’accessoire tomba au sol avec un bruit léger mais parfaitement audible, elle s’aplatit par réflexe contre le mur, priant un Dieu auquel elle ne croyait pas pour que Rockfeller n’ait rien entendu. « James, je crois que nous ne sommes plus seuls. Même jour, même heure, le mois prochain. Je vous recontacterai. » Inès jura mentalement et ajouta un point à sa liste des preuves de la non-existence de Dieu. Tandis que l’interlocuteur, présent par poudre de cheminette interposée, comme elle l’avait deviné, disparaissait dans l’âtre, elle vit Clive se lever et exhiber sa baguette. Bon. Fichue pour fichue, elle allait pouvoir obtenir les réponses à ses questions… et une occasion de confondre ce blanc-bec de Rockfeller. « Qui est là ? » lança-t-il, prenant la voix mielleuse et douceâtre qu’Inès lui connaissait. Reprenant contenance au son de cette voix qui lui donnait la nausée et fouettait son courage, la jeune femme sortit de l’ombre. « Malheureusement pour toi, Rockfeller, c’est moi qui suis là. »
* Friedrich veut dire par là, en un langage qu’il veut indéchiffrable, que l’organisation à laquelle appartient Inès a recruté de nouveaux membres.