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 [Londres, Mars 1980][Solo] See you next year

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Phillip Harker
Nimh
Phillip Harker
PROFIL Gémeaux

Messages : 134
Réputation : 64
Date de naissance : 17/06/1990
Nationalité : Anglais

Aspiration : Te casser les couilles

Fiche : Toxic

RP en cours : Kiss me, bite me ; l'Épopée Harker/Waldon


RP Terminés : You wear me out
Rock ‘n roll et Happy hours
come on, is there anybody in there? - Abandonné
And I hate you more than life itself - Abandonné suite à mon retour

[Londres, Mars 1980][Solo] See you next year 67a498[Londres, Mars 1980][Solo] See you next year Pwx5y5[Londres, Mars 1980][Solo] See you next year F55w[Londres, Mars 1980][Solo] See you next year 5my9[Londres, Mars 1980][Solo] See you next year Mgve[Londres, Mars 1980][Solo] See you next year 37xu[Londres, Mars 1980][Solo] See you next year DbBJmo[Londres, Mars 1980][Solo] See you next year Kg12[Londres, Mars 1980][Solo] See you next year J9v3


RPG
Feuille de personnage
Age: 22 ans
Niveau: 5e année Maestria
Baguette Magique: 29 cm, Bois de Saule, Voile de détraqueur

MessageSujet: [Londres, Mars 1980][Solo] See you next year   [Londres, Mars 1980][Solo] See you next year Icon_minitimeMer 7 Jan - 22:34

Vêtements :
Spoiler:

Je ne sais pas pourquoi je me donne cette peine. De m’être rasé, de m’être parfumé. Même si je n’ai pas dormi la nuit passée. Quelques rails de coke et la fatigue s’estompa, comme d’habitude. Neuf heures trente, les mains dans les cheveux à me coiffer. Fixant ma réflexion dans le miroir. Les joues un peu creuses, les yeux légèrement cernés mais tellement ouverts, la mâchoire enflée d’avoir trop grincé des dents durant mon trip d’hier. Je soupire, passe ma main contre ma nuque que je masse machinalement. Je ne veux pas y aller. Quand est-ce que la fuite deviendra une solution légitime aux problèmes des gens? Freud aurait son mot à dire sur ce qui se trame. Complexe d’Œdipe, mécanismes de défense malsains reliés à des traumatismes affectifs dans l’enfance, fixation au stade oral, bla bla bla. Je chasse ces idées d’une balle de fumée, joint au coin des lèvres. Expire en me visant le front dans la glace. Il est temps d’y aller. Même si ma seule envie est de disparaître sous ma couette, le cœur au ralenti, la tête dans la ouate, la seringue au creux de la main. J’enfile mon veston de cuir par-dessus mon t-shirt blanc-gris, le brun de mes bottes serre doucement le denim de mon jean étroit. Un dernier coup d’œil au miroir, je mets mon portefeuille, mes clopes et mon précieux étui de métal dans mes poches puis je quitte ma chambre. Ce Portoloin me tente de moins en moins.

Les rues de Londres sont bondées.  Je ne fais pas quinze pas hors de la ruelle avant de rejoindre l’une des artères principales. On ne me regarde qu’à peine, c’est rafraîchissant. Je me suis vite habitué aux regards apeurés, dégoûtés ou méprisants des gens mais de temps en temps, ne pas être pointé du doigt peut avoir quelque chose de rassurant. C’est p’tet pour ça que j’ai toujours aimé Londres. Je m’y suis toujours senti à mon aise, à ma place. Un parmi tant d’autres, pas qu’une pathétique déjection de l’humanité que l’on pointe du doigt en la regardant pourrir. Je chasse ces idées d’une balle de fumée pointée au ciel, cigarette nichée entre mes doigts.  Un ciel bleu traversé de nuages gris. Le soleil est suffisamment tenace pour percer le voile qui se forme peu à peu devant lui. Il va sans doute pleuvoir un peu plus tard. Rien d’inhabituel. C’est lorsque je baisse le regard que je remarque la courte clôture qui délimite la terrasse du café où elle m’a donné rendez-vous.

Et elle est là, elle m’attend. Ses cheveux auburn teints pour cacher quelques mèches grises, relevés en un chignon banane gracieux. Ses sourcils froncés par le soleil alors qu’elle fixe le menu qui se trouve entre ses doigts aux ongles parfaits, ornés d’une manucure française. Elle porte un tailleur-jupe bleu marin, elle prévoit sans doute aller travailler au ministère après cette merveilleuse réunion de famille. J’entends son talon court claquer sur la pierre du sol; elle est nerveuse, comme à chaque fois qu’elle veut qu’on se rencontre. Je ne sais pas pourquoi elle persiste tant, pourquoi elle insiste malgré le malaise, mes répliques hargneuses et ses petites crises de nerfs. Je me dis qu’il n’est pas trop tard pour me sauver lorsqu’elle lève les yeux, me perce de ses iris ambrés d’où les miens sont nés. Je n’ai plus le choix. Elle sourit, je pince les lèvres en m’approchant alors qu’elle se lève pour m’accueillir d’une accolade. Elle me semble si petite.


« Hello Charlotte. »

Il ne fallut que ça pour qu’elle soupire, s’éloignant de l’étreinte qu’elle était venue chercher elle-même. Elle m’accusa du regard avant de faire un pas vers l’arrière.

« Phillip… Don’t call me that. »

« Isn’t that your name? I know it’s been a while but I’m positive it’s your name. » , dis-je, sourire narquois aux lèvres alors que je m’assois à la place devant celle de ma mère.

« You know well what I mean. Don’t start. », ajouta-t-elle, l’air sévère en me tendant le petit menu.

Mon sourire ne quitte pas mes lèvres alors que mon regard passe du visage de ma mère au menu. Et pendant que je fais mon choix, je sens ses yeux qui me brûlent. Elle m’observe, me détaille, inquiète et intrusive. Et ça me rend dingue parce que je sais exactement ce qui va suivre. Elle me fait toujours la même remarque et elle sait que ça me les casse. Pourtant, à chaque fois…


« You’ve lost weight. »

C’est à moi de soupirer, roulant les yeux alors que je rejette une bouffée de fumée de ma cigarette vers le côté. I fucking knew it. Je garde le silence un instant, tirant quelques taffes de ma cigarette que je finis par écraser dans un cendrier.

« Of course I’ve lost weight, mother. I lost weight last year, and the year before. You don’t need to mention it every time we see each other. I’m well aware of what I look like. »

« I just figured you could have done something about it. »

La serveuse arrive au moment même où j’allais perdre patience. Je lui demande un café irlandais et un scone à la crème et aux cerises. Pour faire plaisir à ma mère. Pour la faire taire un peu. Elle se commande un café au lait et un croissant au fromage. Et sitôt la serveuse repartie, elle s’y remet, avec son petit air de réprimande trop gêné pour être pris au sérieux. T’as manqué ton coup de quelques années, idiote.

« Alcohol at ten in the morning, Phillip? »

« Yes mother. In case you’ve forgotten, I’m an alcoholic and a drug addict. But as far as I know, snorting cocaine off a coffee shop table isn’t publicly well-thought of, so I figured I’d just have a shot or two of irish cream in my coffee. »

Elle s’est tût sec. L’air pris entre la frustration, la tristesse et la honte. Je garde le silence quelques instants, je ne la lâche pas des yeux. J’ai compris il y a quelques années que ma mère était immensément faible face à moi. Peut-être rongée de remords, peut-être honteuse des décisions qu’elle a pu prendre dans le passé. Mais toujours trop faible pour vraiment se repentir. Parce que, comme moi, elle sait que c’est trop tard.

« Don’t start what you don’t dare finish either. » , ajoutais-je finalement alors que l’on déposait devant nous nos cafés et nos pâtisseries.

Je remercie la blonde d’un hochement de la tête puis reporte mon attention sur la femme qui se trouve devant moi, muette, son regard fixé sur le lait mousseux dans la grande tasse de café qu’elle tient de ses paumes. Je prends une bouchée de mon scone que je mâche lentement, sans la quitter des yeux. Je veux qu’elle ressente cette pression, ce malaise qui m’habite depuis que j’ai reçu cette lettre m’invitant à venir la rencontrer. Les quinze prochaines minutes se passent dans la même lourdeur. Bouchées, gorgées, regards en biais. Je m’allume une autre cigarette, me cale dans mon siège alors que j’expire la première bouffée de cette clope digestive.


« So, how’s school? », dit-elle en osant finalement me regarder dans les yeux.

Je soutiens l’air presque suppliant qu’elle me lance quelques secondes. Et j’en sens mon cœur se pincer. De ce que je n’ai jamais pu avoir, de ce qui aurait pu être. Je passe ma langue sur mes lèvres, termine ma tasse de café.


« We can cut the bullshit right now. We both know this is useless. Nothing you say will ever fix what you’ve done and nothing I’ll ever do will be good enough to dignify who I am. »

« But Phillip… »

« No, let’s just stop this right now. I don’t mind seeing you, I like knowing you’re alive and doing well but all this fluff just pisses me off and makes you even more nervous. It’s irritating. »

« You won’t even let me try to love you. »

Sa voix se serrait. Ses yeux s’embrumaient de larmes, ses doigts tremblaient doucement sur sa grosse tasse. Et moi j’ai envie de disparaître. Parce qu’elle m’enrage et me détruit.

« Well you’re too fucking late for that. We both had plenty of time to screw up and we did. »

Je me redresse, pose de l’argent moldu sur la table, suffisamment pour payer pour nous deux. Elle se lève aussi, les joues inondées de larmes mais le regard toujours fier et déterminé. Je ne sais pas. Je ne sais rien. Cette femme reste un mystère que j’ai cessé de vouloir découvrir. Elle attrape ma main dans la sienne, la serre avec une tendresse qui me fait mal.

« You’re still my son, Phillip, I still love you. »

« And you’re still my mother, but you’ve never taught me how to love. »

Je me penche vers elle, pose un baiser maladroit mais sincère sur son front. Puis je me sauve. Je ne regarde pas derrière moi. Je ne la vois pas essuyer nerveusement ses larmes, je ne vois pas les regrets dans ses yeux. Je veux retrouver mon amour à moi. Mon amour vrai et pur, la tendresse de l’aiguille, la caresse chaude de l’alcool dans mon œsophage, la chaleur rassurante du feu de mon chaudron, l’extase de l’amertume de la coke qui étreint l’arrière de ma langue.

See you next year.
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