J'ai eu une enfance heureuse, jusqu'à mes sept ans, je vivais dans l'insouciance et l'innocence, chose après tout normale pour un enfant. Puis je me suis fait attaquer, un soir de plein lune alors que je jouais dans les bois derrière notre maison d'alors. J'ai hurlé, mes parents ont accouru baguette au clair, ils m'ont sauvé la vie mais à quel prix... Je suis devenu un loup-garou. J'avais été mordu. Pour ne pas attirer l'attention sur ma maladie, nous avons déménagé.

Ce fut à partir de cette période que je dus apprendre à me méfier des gens, quand on est enfant et qu'on est plutôt bavard naturellement comme moi, on ne voit pas trop pourquoi on ne parlerait pas du fait d'être un loup-garou. J'ai été rejeté de partout, et mes parents avec moi. Entre mes sept ans et mes onze ans, nous avons déménagé presque chaque année car je ne savais pas trop tenir ma langue. Cependant, au fil des ans, je me suis renfermé sur moi-même, je suis devenu craintif, je me tendais dès que quelqu'un posais le regard sur moi. J'avais peur de leur jugement. J'ai appris à tenir ma langue, à me faire tout petit (plus petit que je ne l'étais déjà) et discret. Je me suis mis à lire et les livres sont devenus mes seuls véritables amis.

Mes parents avaient déjà commencer à s'organiser pour me faire les cours à la maison quand Dumbledore a débarquer et avec lui l'espoir que je puisse aller à Poudlard. Je me souviens, je me suis senti tout léger, comme une plume. L'inconvénient avec les plumes, c'est qu'elles s'envolent vite et sont fragiles. J'ai pu aller à Poudlard, j'ai été réparti à Gryffondor, mes parents et moi, on s'attendait plutôt à Serdaigle mais je n'allais pas me plaindre.

Les autres de ma classe avaient peur de m'approcher, ou du moins, je le voyais comme ça. Mais il en fallait plus que ça à James Potter et Sirius Black pour ne pas venir me voir. Nous nous sommes vites liés d'amitié, ils aimaient ma capacité d'écoute et je crois que j'avais une influence apaisante sur eux d'une certaine manière. C'était moi qui avait incité Peter à venir nous rejoindre, il était seul et peu apprécié des autres, même James et Sirius le dédaignait. Je n'aimais pas ça, je l'ai intégré. On est tout les quatre devenu inséparables.

Malheureusement, j'étais trop proches d'eux pour leur propre bien, j'avais constamment peur qu'ils ne découvrent que j'étais un monstre et qu'ils me rejettent. J'avais vraiment peur de leur réaction. Mais ils l'ont appris durant notre deuxième année, ils ont su qu'à chaque pleine lune, je me transformais. Et ils ne m'ont pas abandonné, au contraire, ils m'ont soutenus. Je n'aurais jamais cru que je puisse être aussi heureux que durant les trois années qui suivirent. J'avais tort.

En cinquième année, lors d'un cours d'histoire de la magie particulièrement ennuyeux que je m'efforçais d'écouter tant bien que mal, je reçus un petit mot griffonné à la va vite sur une page déchirée du livre d'histoire. Sans même lire le dit mot, je me retournais pour jeter un regard noir à mes amis. Ils sourirent tout trois et levèrent les yeux en ciel en me faisant des gestes frénétiques pour m'inciter à lire le papier. "Rendez-vous dans la Cabane Hurlante cet après-midi après les cours." Je me souviens qu'après le cours de Binns, ils avaient disparu de la circulation. Je ne les avait retrouvé qu'en fin d'après-midi, dans la cachette de mes nuits damnées, avec des sourires jusqu'aux oreilles. Ce jour-là, ils m'ont montré à quel point leur amitié pour moi était forte. Ce jour-là, ils m'ont montrés qu'en l'espace de quelques années, ils étaient devenus des animagi, juste pour pouvoir m'accompagner lors des nuits de pleine lune. Je me souviens avoir pleuré de reconnaissance. Encore aujourd'hui je me rappelle que la seule chose que j'avais été capable de dire était: "On va se faire renvoyer." Ils avaient éclaté de rire.

Jusqu'à la fin de notre septième année, ils m'ont suivi toutes les nuits de pleine lune, ensemble, nous parcourions le parc de Poudlard et ses environs, nous allions même parfois à Pré-au-Lard. En leur compagnie, j'étais moins agressif, plus humain, je me rappelais plus facilement de mes nuits. J'étais heureux.

Grâce à eux, durant ma scolarité à Poudlard, j'ai pris de l'assurance, j'ai même été nommé Préfet de Gryffondor! Quelques filles m'ont fait le plaisir de s’intéresser à moi, bien que je les ai toujours repoussé pour leur propre bien. James et Sirius se faisaient un plaisir de me vanner à ce propos, me répétant inlassablement que je n'étais pas plus dangereux qu'un chien et que mon petit problème de fourrure me rendait adorable pour les filles aimant les cas désespérés. Combien ils ont pu se moquer de moi ceux-là! Mais qu'est-ce que je les adorais! Je leur suis infiniment reconnaissant de l'affection qu'ils m'ont porté, et qu'ils me portent encore.

Lorsqu'il a fallu choisir notre université, je me suis fais recaler à toutes celles que je désirais, simplement parce que j'étais un loup-garou, sans regard sur mes résultats plus que bons. Mes amis s'étaient insurgés, ils étaient prêts à aller faire un esclandre dans leurs halls, j'étais juste las. Je savais que peu de gens avaient l'ouverture d'esprit de Dumbledore alors je n'en ai pas fait grand cas. J'avais vaguement entendu parlé de St Barnaby, alors j'ai posté ma candidature qui a tout de suite été retenue. Sirius m'a suivi parce qu'il est parti de chez lui et renié sa famille. Il n'a pas été très clair sur ses raisons mais il avait largement les capacités d'aller ailleurs. Je suis content qu'il soit là malgré tout, je ne suis pas particulièrement doué pour me faire des amis, même si je suis plus social qu'en première année à Poudlard.