«Nom d'un hyppogriffe!»

En sursaut, oubliant même qu'il avait des partenaires de dortoirs, Harold tomba littéralement de son lit dans un bruit sourd. Le visage contre le plancher froid de la chambre, grommelant quelques secondes contre lui-même et la main - très indépendante - cherchant désespérément à tâtons autour de lui, le frisé tentait vainement de mettre la main sur ses lunettes.

Une large flaque d'eau s'étendait autour de son lit alors que ses vêtements maintenant glacials et trempés lui collaient au corps, le Gainsbury mit enfin les doigts sur ses très chères lunettes - non mais qui avait eu l'idée de le rendre aussi aveugle? - avant de se redresser, complètement frigorifié... remarquant enfin les dégâts de l'idée grandiose de la veille.

Vraiment... il ne devrait jamais avoir d'idée lorsqu'il profitait un peu trop de l'alcool et des jolies dames de la Banshee... car sincèrement cela avait des conséquences désastreuses... tout simplement. Son lit complètement trempé, sa baguette - merlin seul savait comment - collée au plafond du dortoir, huit cadrans aux allures de bombes éparpillés autour de son lit - sûrement pour l'effrayer de si bon matin - Harold se souvenait vaguement avoir mis le tout en place pour être bien certain de se lever à temps. Visiblement... il avait réussi à déjouer ses propres plans puisque le seau d'eau s'étant déversé sur sa tête était, à son souvenir, l'étape ultime de son plan machiavélique pour un réveille efficace...

Sautant dans la douche - la plus courte de l'univers - avant de se jeter dans sa malle pour trouver quelques choses de propre et... pas sorcier, à mettre, le Litriù bouillonnait d'excitation comme un gamin de onze ans qui recevait sa lettre de Poudlard. Mettant vite fait un cor-du-roy noir, une chemise en plaid verte et une veste en jeans, les cheveux frisé trempé formant étonnamment un halo étrange autour de sa tête, Harold s'élança dans le couloir, laissant derrière lui sa baguette et tout ce qui aurait dû être utile dans une journée normale d'un étudiant d'université magique, car aujourd'hui... aujourd'hui seulement - et peut-être demain espérait-il - il allait être moldu!

Il avait vu cette petite annonce qu'Amy avait épinglée sur les babillards de l'école et s'était empressé de s'y inscrire comme - il en était certain - tous les étudiants de l'université. Ça allait être mémorable, une bande de jeunes adultes tous plus immatures les un que les autres, parcourant Londres moldu en riant bêtement, à la recherche des plus belles inventions non magique et peut-être d'une bonne pinte de bière.

Une journée de rêve... s'il pouvait arriver avant le signal de départ du moins!

Un dernier coup d'oeil à sa montre lui indiqua qu'il était en retard... lui faisant redoubler d'effort dans sa course pour atteindre le Hall d'entrée à temps. S'attendant à voir au moins une dizaine de personnes, Harold stoppa nette sa course en constatant tristement qu'il n'y avait absolument personne dans le hall d'entrée. Ils ne l'avaient pas attendu! Il avait manqué la sortie de ses rêves, tout ça parce qu'il avait pris un verre de trop la veille? Non! Impossible!

Un soupire de désespoir franchit ses lèvres alors qu'il se laissait lourdement tomber dans les escaliers du hall... ignorant la petite chose adorable* se tenant tout près de la porte...

«Ahhhhhhhhh!! Mais s'que j'peux être... aahhhh!!!»

Désespoir les amis... c'était là qu'Harold allait passer sa journée plutôt que dans le train... dans le métro... que dans un vrai bateau moldu et tout et tout.... il allait se laisser choir de désespoir dans les escaliers et ne plus bouger voilà. Fini le sourire étincelant à en aveugler les plus braves, il allait être en peine de coeur de sortie de moldu pour le reste de sa vie....

Enfin, jusqu'à la prochaine.



La petite chose adorable: Alias Amy ~

Amy-Jo soupira pour la deux-cent-vingt-septième fois en relisant son annonce désespérément vide. Elle en avait accroché plusieurs dans le château, et les petites notes étaient enchantées de façon à ce que lorsque l'on écrit son nom sur l'un, celui-ci apparaît instantanément sur toutes les autres.
Mais en dehors d'Amelia-Joëlle Bale, le seul nom inscrit était celui d'Harold Gainsbury. Et cinq minutes après l'heure supposée du rendez-vous, celui-ci n'était même pas là, ce qui laissait supposer qu'il avait sûrement abandonné.

Enfin, elle avait volontairement prévu un quart d'heure de battement pour les retardataires, et qui sait ? Peut-être qu'avec un peu de chance, Harold viendrait quand même ? Ce serait déjà un succès, surtout après la dernière sortie qu'elle avait organisée, et où pas un chat ne s'était présenté.

Pour passer le temps, Amy-Jo vérifia pour la deux-cent-vingt-huitième fois le contenu de son sac de messager : une bourse avec de l'argent moldu (elle se sentit obligée de le recompter, puis se désinfecta les doigts à l'aide une petite potion après avoir vérifié sa présence à elle aussi), une carte de Londres ainsi qu'un plan du métro, un guide sorcier des différentes attractions moldues à visiter, une gourde d'eau, et allez savoir pourquoi, le numéro du jour de la Gazette du Sorcier ainsi que son livre de Psychomagie au cas improbable où elle trouverait le temps de lire durant cette folle journée.

Sa baguette magique était bien en place dans ses fidèles bottes de cuir brun, et ses gants et son carnet de notes, dans les poches de son perfecto.
Il fallait qu'elle cesse de se tracasser : il n'y avait absolument aucune raison pour qu'elle fusse prise au dépourvu pour quelque imprévu que ce soit durant cette sortie, si sortie il y avait.

Elle vérifia sa tenue dans le reflet d'une fenêtre derrière laquelle le parc était gris et sombre. Elle allait se fondre comme un charme parmi les moldus, avec son jean bleu foncé tout ce que l'on faisait de plus simple, son pull noir orné de petites étoiles blanches, et son écharpes à grosses mailles rouges plus longue qu'elle.
Elle replaça correctement sa chevelure auburn, en essayant de faire en sorte que le devant paraisse onduler un peu. Ce n'était pas que cela avait de l'importance, mais cela ne la dérangeait pas d'avoir l'air jolie si jamais le grand Anglais finissait par se pointer.

Ce qui arriva, au moment même où elle finissait de replacer ses cheveux. L'exclamation du jeune sorcier la fit sursauter, et elle se retourna vers la source de ce cri de désespoir.

L'immense jeune homme s'était assis dans les marches, comme si tout le malheur du monde s'était abattu sur ses épaules. Un sourire amusé étira les lèvres de la petite Galloise.

Elle quitta alors son poste près de la porte, alla à la cheminée où elle récupéra le petit pot plein de poudre argentée et l'amena avec elle vers Harold, qu'elle approcha tout doucement.

"Je crois que nous sommes au complet," lança-t-elle sans autre forme d'introduction.

Avec son sourire charmant accroché à son visage, elle lui tendit le pot de poudre de cheminette.

"Je pense qu'on devrait y aller, ou bien on n'aura jamais le temps de tout voir !"

Le monde sorcier n'était pas très grand, et par chance, Amy-Jo pouvait se targuer d'être une excellente observatrice. Aussi, même si elle n'avait jamais eu l'occasion de faire connaissance avec le grand Gainsbury, parce qu'ils n'avaient pas partagé la même maison à Poudlard, ni la même filière à St-Barnaby, parce qu'ils ne partagaient de toute évidence pas les mêmes centres d'intérêt ni les mêmes amis, et aussi en raison de leur différence d'âge notable, malgré tout cela, Amy-Jo n'aurait pas pu ignorer qui était le jeune sorcier même si elle l'avait voulu.

En effet, comment passer à côté de ce jeune homme à l'allure de savant fou, avec ses cheveux tout aussi fous et son obsession pour la technologie moldue et la science-fiction ?

Aussi n'avala-t-elle pas une seule seconde la proposition du jeune de reporter la date de leur sortie.

Son sourire s'était même agrandi. Peut-être n'étaient-ils pas aussi nombreux qu'elle l'aurait souhaité, mais au moins, elle était sûre que la personne qu'elle emmènerait avec elle s'intéresserait réellement à ce qu'ils allaient voir, et elle était à peu près certaine de faire un heureux. Elle décida cependant de le taquiner un peu.

"Hmmm, je comprends, ne t'en fais pas. On pourra reporter ça à une autre fois, avec plaisir même. Et puis je changerai le programme pour du shopping plutôt, parce que visiblement, le Museum d'Histoire Naturelle, le musée du Transport, le National Martime Museum... soyons réalistes, tout ça n'intéresse personne !"

Avec un sourire qui s'élargissait d'avantage, ayant du mal à contenir la plaisanterie, elle laissa le pot de poudre de cheminette dans la main d'Harold et s'en servit une poignée, avant de se diriger vers la cheminée où elle prit place.

"J'imagine que je vais devoir faire toutes ces choses toute seule alors, c'est dommage..." soupira-t-elle d'un ton faussement désolé.

Puis elle lui lança un clin d’œil, au moment même où elle lâcha la poudre argentée en articulant clairement "Londres, Station Moldue." Elle ferma étroitement les yeux alors que des flammes vertes et indolores l'enveloppèrent, et lorsqu'elle les ouvrit de nouveau, elle se trouvait dans une station de cheminette souterraine. Ça n'avait vraiment rien d'intéressant, c'était loin d'être aussi impressionnant que le hall du Ministère de la Magie qu'elle avait eu l'occasion de visiter une ou deux fois ; simplement un genre de passage entre le monde sorcier et celui des moldus, si on ne voulait pas passer par le Chemin de Traverse, au même titre que les moldus avaient leur métro pour se rendre d'un point A à un point B.

Elle sortit de la cheminée et se tourna vers celle-ci, impatiente, espérant que Harold l'aurait suivie.

"Hmmm, je comprends, ne t'en fais pas. On pourra reporter ça à une autre fois, avec plaisir même. Et puis je changerai le programme pour du shopping plutôt, parce que visiblement, le Museum d'Histoire Naturelle, le musée du Transport, le National Martime Museum... soyons réalistes, tout ça n'intéresse personne !"

Si Harold avait vu sa tête se décomposer au moment même où les mots de la jolie Amy avait atteint son cerveau, il aurait sûrement éclater de rire à n'en plus finir pour les trois prochaines années, sincèrement, c'était tout un spectacle. Alors que la gringalet qu'il était se tenait habituellement droit, toutes expressions de son visage semblant attirées vers le ciel (du genre les pommettes toujours relevées d'un sourire les sourcils surpris et les yeux en demi-lune), cette fois-ci, il abordait un air des plus dépité alors que sa bouche pendait dans une moue des plus décourageante, ses yeux soudainement énorme derrière les vitres de ses lunettes...

"J'imagine que je vais devoir faire toutes ces choses toute seule alors, c'est dommage..." 

Cela lui prit tout de même plus que quelques seconde comprendre que la ceart se moquait carrément de lui, alors qu'il l'a voyait se diriger vers la cheminé.

«Beuh... euh... enfin, je-...»

Il stoppa net sa phrase alors que le clin d’œil de la galloise venait rencontrer ses pupilles.

Elle s'était jouée de lui?

Déchiré entre l'agacement et le soulagement le plus gros de l'univers, Harold ne laissa pas plus de quelques secondes à Amy pour le devancer. Elle se jouait de lui? Très bien, ce n'était que partie remise alors... lui aussi savait se jouer des gens- mais pas toute suite.... la vengeance était un plat qui se mangeait froid et il avait bien l'intention de profiter pleinement de cette journée, dans tous les sens du terme.

Déposant le pot de poudre près de la cheminer, il en agrippa une poignée à son tours avant de dire bien clairement :

« Londres, Station Moldue.»

Jetant la poudre, il fût aspiré par les flammes vertes de l'âtre.

Harold toussota les quelques secondes suivant son arrivé à la station moldu, ne prenant pas toute suite la peine d'admirer le portrait modeste de l'endroit se dressant devant lui.- Premièrement parce que tousser et voir ne se mélangeait pas très bien et ensuite parce que les verres de ses lunettes étaient complètement couverts de suie noir, l'empêchant de voir quoique ce soit.

Évidemment, lorsqu'il ouvrit les yeux, quelle ne fût pas sa surprise de constater qu'il était devenu aveugle!

« Merlin! J'suis aveugle? Mes yeux sont rester à St. Barnaby?» lança-t'il stupidement en levant les mains devant lui, cherchant à taton ce qu'il espérait être Amy.

«Amy, Amy tu es là? Ohhh nom d'une goule, j'espère que j'suis au bon endroit» ajouta-t'il d'un ton faussement dramatique alors qu'un sourire commençait à naître subtilement au coin de ses lèvres. «Si tu es là, dit «J'ai des fizzwizzbizz dans le nez!»» lança-t'il avec amusement, les mains toujours devant lui, marchant d'un pas incertain – parce qu'il était certain qu'il ne voyait strictement rien...

Oui bon... parfois, il lui arrivait tout simplement de perdre son cerveau en chemin... parce qu'en se moment c'était définitif, elle allait le croire attardé mental plutôt qu'aveugle, mais bon, puiqu'il s'était déjà ridiculisé plus de deux fois en cinq minutes en face de la belle Amy, autant continuer... après tout, son père lui avait un jour dit que le ridicule ne tuait pas... c'était le moment de le voir!