[Topic ouvert pour Cassie, mais chacun est le bienvenu !]

"Tu manques dramatiquement d'ambition, Doherty ! Tu me fais pitié !"

Ces mots avaient raisonné dans sa tête toute la journée. En fait, ils n'avaient jamais vraiment quitté son esprit depuis son retour d'Afrique, mais aujourd'hui en particulier, sans qu'il ne fût capable d'expliquer pourquoi, le sentiment de culpabilité engendré par cette accusation lui pesait lourdement.
Lorsqu'il était arrivé à St Barnaby, pour y effectuer sa dernière année d'études, il n'avait pour ainsi dire aucune idée du sujet qu'il allait traiter pour son Ultimum. Il faut bien avouer que cette année passée à étudier les runes en Afrique avait complètement chamboulé sa relation avec celles-ci.
Les runes, c'était confortable. Elles étaient rassurantes, familières, elles vous réservaient normalement bien peu de surprises. Elles étaient là depuis des millénaires, solides, résistantes au temps et aux éléments, et seraient probablement encore là bien longtemps après que votre génération et les suivantes ne soient éteintes. Les runes étaient en même temps pleines de mystère, tantôt délivrant un message du passé, tantôt révélant l'avenir. Il suffisait de les connaître, de les apprivoiser, pour qu'elles se laissent décrypter. La relation d'humain à runes était quelque chose d'unique ; cependant la plupart des sorciers, apparemment, n'avaient pas la sensibilité requise pour comprendre ce lien riche et subtile.
Quinn, lui, avait décidé de dédier sa vie à l'étude des runes. Elles étaient sa mission, aussi insignifiante soit-elle à l'échelle humaine, mais c'était la sienne.

Pourtant, depuis son retour sur les îles Britanniques, quelque chose semblait lui échapper, quelque chose semblait manquer. Ces quelques mois loin du monde, à pratiquer ses recherches avaient été si intenses que désormais, la petite vie de simple universitaire travaillant sur un sujet confortable et moyennement audacieux qui lui apporterait la meilleure note possible à la fin de l'année, cela ne lui suffisait peut-être plus.
Il lui arrivait parfois de passer des heures devant un parchemin vierge, la plume plongée dans l'encrier, sans que l'inspiration ne lui vienne. Il lui arrivait de passer des nuits blanche à regarder le plafond de son dortoir, cherchant en vain l'étincelle qui raviverait la flamme de sa passion pour la traduction des runes.
Mais rien à faire, tout lui paraissait fade et manquant cruellement d'ambition.

C'était une de ces journées typiques britanniques. Soleil et pluie s'alternaient dans une danse infatigable. Un ciel noir abattant ses lourdes larmes sur la mer opaque comme une vaste flaque de mercure succédait à quelques rayons d'or, annoncés par le pépiement des oiseaux et le calme revenu.

Derrière la fenêtre du Sort-THE-lège, le ciel apparaissait comme un écran bleu pâle, rendu flou et éblouissant par la condensation. Les gouttes de pluie sillonnant avec paresse les carreaux projetaient leur ombre en une drôle d'aquarelle sur le profil de Quinn, en partie masqué par sa chevelure mi-longue encadrant son visage.

Il ne comptait plus les heures qu'il avait passées là, sur cette banquette, à chercher l'inspiration dans une pile de livres ouverts devant lui, sur la table de chêne.
Un exemplaire anglais de Songe d'une Nuit d’Été, de William Shakespeare, ainsi que sa version traduite en runes et une autre en elfique, son dictionnaire bilingue anglais-elfique, car il était encore loin de maîtriser cette langue antique et infiniment complexe, une petite pile de parchemins encore vierges, sinon gribouillés de quelques annotations et dessins qui ne faisaient pas grand sens, et un peu plus loin sur la table, au milieu d'une petite collection de cercles marquant la trace de la chope, une pinte de Guinness qu'il finit à cet instant.

Avant qu'il n'ait eut le temps de la reposer, une autre pinte du breuvage brun fût déposée sous ses yeux.

"Tu lis dans mes pensées !" sourit-il à la serveuse qui avait anticipé sa prochaine commande.

Il paya sa consommation d'avance, la serveuse le débarrassa non sans lui avoir rendu son sourire, puis il tenta de se concentrer de nouveau sur son travail, faisant glisser le bout de sa plume contre sa joue, tandis qu'il s'efforçait de lire les trois versions de la célèbre comédie Shakespearienne en même temps.

Il pleut !

Il ne manquait plus que ça, la pluie c'était abattue sur le crâne de la jeune femme alors qu'elle était en train de travailler dans le parc. Elle n'avait pas de chance, enfin, c'était à prévoir. Depuis le début de la matinée les périodes de pluies s'étaient alternés avec les périodes de beaux soleil, seulement, quand elle était sortie elle pensée que c'était fini et qu'elle pourrait tranquillement travailler à l'extérieur sans problème. Elle avait beau être anglaise, sa peau avait besoin de vitamine D pour rester en forme. Elle ne tenait pas à avoir le teint terne. Au départ, seulement quelques goûtes venaient troubler la tranquillité du parc, elle s'était dit que ça se calmerait vite. Et bien non. La pluie s'était rapidement intensifiée et il ne fallut pas longtemps à la brune pour qu'elle soit trempée. C'était donc d'un pas rapide qu'elle avait abandonnée le parc de l'établissement pour revenir dans le hall. Ses projets étaient tombés à l'eau, que ce soit au sens propre, comme au figuré. Elle devait trouver quelque chose à faire.

Cassiopée trouva une occupation, beaucoup moins studieuse, mais tout aussi sympathique. Elle se demandait s'il y avait du monde à cet heure-là au café étudiant. Elle allait le découvrir par elle-même, puisqu'elle s'était décidée à aller y faire un tour. La NIMH monta donc les deux étages qui la séparait de son but, après avoir jeté un sort à ses vêtements pour qu'ils sèchent un minimum, car se balader avec des habits dégoulinants ce n'était pas vraiment une chose agréable. Les étages furent vite derrière elle et le Sort-thé-lège était en vu. Un sourire se dessina sur le visage de la jeune femme alors qu'elle franchisait les portes du café étudiant. Finalement, il n'y avait pas tant de monde que ça, quelques élèves étaient dispersés un peu partout dans la pièce, certains discutant, d'autres travaillant. Les autres élèves de l'université devaient être resté bien au chaud sous leur couette, ou à la bibliothèque, ou peut-être même en cours pour certains, après tout ils étaient dans une école.

La jeune femme se dirigea vers le bar, pour se commander un thé. La meilleure boisson existante par un temps pareil, rien de tel pour se réchauffer. La serveuse le déposa rapidement devant elle, elle la remercia d'un sourire avant d'en boire une bonne gorgé. Un peu trop rapidement puisqu'elle s'en brûla les lèvres. Elle laissa sa tasse sur le comptoir alors que son regard suivait la jeune femme chargé du service. Elle n'avait pas grand-chose à faire, alors elle s'occupait comme elle pouvait. La serveuse avait un verre sur son plateau, elle allait certainement servir quelqu'un. Le visage de la brune s'illumina lorsqu'elle reconnu le consommateur en question. Elle le connaissait bien.

Quinn était quelqu'un qu'elle appréciait beaucoup, il avait bientôt fini ses études, contrairement à elle qui les commençait ici. Cependant, ils avaient rapidement sympathiser, le jeune homme était quelqu'un de plutôt calme contrairement à Cassie qui avait tendance à foncer tête baisée, il avait même souvent tenté de la tempéré, peine perdue, il continuait tout de même. Peut-être qu'un jour ça fonctionnerait. En attendant, elle aimait passer du temps avec lui, c'était l'une des rares personnes avec qui elle pouvait discuter de runes sans avoir l'impression de l'ennuyer. Au contraire, Quinn était un passionné de runes, c'était devenu son sujet d'étude, pour dire. C'était vers lui que la NIMH se dirigeait quand elle n'arrivait pas à traduire quelque chose. Car même si elle n'avait plus de cours de runes anciennes à St-Barnaby elle n'avait pas abandonnée. Bien au contraire, elle continuait de lire des ouvrages et se débrouillait avec ses connaissance et un bon dictionnaire bilingue pour comprendre ce qu'il s'y disait.

Sur ses pensées elle vint attraper sa tasse et abandonna le comptoir pour se diriger vers le brun. Il ne l'avait certainement pas vu approché, plongé dans ses parchemin, ses cheveux cachant son visage. Elle s'arrête devant la table, un grand sourire accroché au visage. Elle vint lui lui retirer l'un des ouvrages qui se trouvait sur la table, elle avait attraper celui en anglais, heureusement, elle en lu la couverture.

« Le songe d'une nuit d'été, joli ! » dit-elle en reposant le bouquin « Tu sais qu'à force de travailler comme ça ton cerveau va finir par surchauffer ? »

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