Le soir était en train de tomber derrière la ligne irrégulière des montagnes, et des paillettes argentées scintillaient sur la mer d'acier entourant l'île. Le ciel s'était couvert de nuages violacés, et la lune avait commencé à poindre, tantôt cachée, tantôt dévoilée, au gré du vent nordique qui poussait les nuages.
La vallée était d'un calme absolu. La nature, paisible, s'apprêtait à s'endormir, bercée par le chuchotis des vagues dans le lointain, et du sifflement de la brise entre les branches des arbres presque nus et des conifères.

"La prochaine fois, tu me feras le plaisir de fermer ton PUTAIN DE GRAND CLAPET MADEMOISELLE !"

C'est une Eve fort contrariée qui apparut, surgie de nulle part, transperçant le silence harmonieux de sa voix la plus courroucée.

Petit flash back.

Cours de Créatures Magiques Dangereuses. Sonnerie finale, la plupart des étudiants, dont Eve, s'empressaient de rassembler leurs affaires pour enchaîner sur une activité bien plus triviale et urgente, le déjeuner.
Le jeune professeur -un trentenaire au charme certain- avait interpellé ses élèves avant que la plupart d'entre eux n'aient eu l'opportunité de franchir le seuil libérateur.
Il y avait ce jeune hippogriffe, n'ayant probablement pas encore atteint l'âge adulte, égaré quelque part dans la nature. Il était blessé à l'aile et refusait de se laisser approcher. La dernière fois qu'il l'avait vu, la veille, il traînait son pauvre corps affaibli (il avait probablement choppé une sale infection à cause de sa vilaine plaie) dans l'est de la vallée. Il avait donc besoin de volontaires, car il faudrait être au moins deux pour appréhender cette créature farouche.
Toujours prête pour une balade en tête-à-tête dans la montagne avec un homme séduisant, Eve fut la première à se porter volontaire, lançant un "dispo !" clair et assumé. Du moins, elle avait cru être la première sur le coup. En fait, cette petite blondasse d'Hannah Winston avait été exactement aussi prompte qu'elle à se manifester sur son terrain de chasse.
Le professeur avait semblé ravi.
"Super, merci les filles ! Je vous revaudrai ça. Vous me rendez un grand service, car c'est l'anniversaire de ma femme aujourd'hui. Faites attention à rentrer avant le couvre-feu !"

Retour dans le présent.

Eve devançait de deux ou trois mètres Hannah qui avait transplané derrière elle, et avançait à grandes enjambées, vexée comme un pou.
Les longs cheveux noirs de la jeune sorcière volaient au vent, et elle frissonna à cause du froid s'engouffrant sous sa cape, qu'elle tenait fermée de l'une de ses mains, l'autre tenant sa baguette magique illuminée d'un lumos et pendant le long de sa cuisse vêtue d'un pantalon de cuir moulant. Sur son autre cuisse, bringuebalait une besace remplie de fioles de potions magiques que les jeunes filles s'étaient procurées pour prodiguer les soins nécessaires à la créature dans le besoin, ainsi que d'une bonne grosse pièce de viande bien sanguinolente emballée dans le numéro du jour de la Gazette du Sorcier.
Les New Rocks de la jeune sorcière produisaient un son délicat et étouffé au rythme de ses pas sur les cailloux.

"Voilà, maintenant on a un hippogriffe à trouver... et à soigner... Bon euh... Petit, petit, petit ? Où te caches-tu ?" lança-t-elle sans bien sûr y croire un instant, éclairant les alentours de sa baguette magique.

"La prochaine fois, tu me feras le plaisir de fermer ton PUTAIN DE GRAND CLAPET MADEMOISELLE !"

Hannah Winston jeta un regard dédaigneux vers la jeune fille brune à l'air extrêmement contrarié qui l'accompagnait. Il n'y avait pas qu'elle qui avait ouvert son putain de grand clapet puisqu'elles étaient là toutes les deux. Et puis, la Winston n'était pas du genre à ouvrir la bouche pour rien. Il fallait bien qu'il y ait une cause d'une certaine importance. Cette cause avait trente ans, et un magnifique sourire ravageur. Comment rester insensible à sa demande d'aller secourir un jeune hippogriffe blessé ? Même si Hannah s'en fichait royalement du jeune hippogriffe blessé, elle s'était immédiatement senti concernée, comme s'il s'agissait de sa propre vie. Ce n'était pas le genre sensible et émotif, même pas du tout. Mais parfois il fallait faire semblant parce que c'était un peu ce qu'on attendait d'une fille aussi. Malheureusement et à son grand désespoir, la personne qui partit avec elle n'était nullement le charismatique professeur. Non. C'était cette Eve John. Une fille dans la même classe qu'elle, qui avait l'air tout particulièrement caractérielle. Et son attitude présentement ne démontrait pas le contraire. Hannah eut un petit sourire. Était elle vexée que sa tentative peu subtile de drague ait échouée . Certainement. Ce ne semblait pas être le genre fille à subir souvent ce genre d'échec. Alors que la blonde suivait la brune, quelque part dans les montagnes, à la recherche de ce fichu hypogriffe, elle grinça entre ses dents que son putain de grand clapet se fermait et s'ouvrait quand il le désirait.
Alors qu'Ève éclairait déjà les environs avec sa baguette, Hannah aluma la sienne à l'aide d'un lumos, à peine audible. Elle avait tendance à ruminer assez facilement. Comment avait-elle pu se faire avoir à ce point ? L'anniversaire de sa femme ? Mais comment peut-il penser une seule seconde à sa femme lorsqu'une fille aussi splendide qu'Hannah Winston se tenait devant lui ? Bon. Peu importait en fin de compte. Hannah n'avait pas l'habitude d'attendre les mecs en rêvant et chantant des chansons d'amour. Elle n'allait pas non plus les chercher, ils venaient naturellement d'eux-mêmes ou ils ne venaient pas. Mais ça c'était aussi très rare. Elle avait prit l'habitude de les recaler plus ou moins gentiment en fonction de son humeur du jour. Elle ne venait pas de n'importe ou elle! L'académie Beaubaton était connue pour ses élèves gracieuses et élégantes !
Eve aussi y avait été. Elles s'étaient retrouvé ensemble durant la première année. Elle était la "garçon manqué du coin" ce qui agaçait Hannah du plus haut point. Alors que la jeune blonde peignait et repégnait ses longs cheveux blonds avec l'aide de ses camarades les plus admiratifs, Eve faisait les quatre cent coups avec sa bande de copain. Il n'y avait pas plus différentes qu'elles deux à première vue. Et puis la brune s'était fait virer, et Hannah ne l'avait jamais revu. Elle se souvenait avoir resentie une certaine satisfaction de petite bourgeoise pour qui on aurait trié l'entourage. N'empeche qu'on ne pouvait pas permettre ce genre de conduite dans un environnement comme celui-ci ! Hannah ne l'avait pas tout de suite reconnu tant elle avait changé ... et surtout, elle s'était demandé ce qui avait bien pu lui arriver pendant tout ce temps ? Simple curiosité bien entendu. La voix de la Jonh la ramena à la réalité.

"Voilà, maintenant on a un hippogriffe à trouver... et à soigner... Bon euh... Petit, petit, petit ? Où te caches-tu ?"

Hannah ne put s'empêcher de pouffer. "Petit petit" ... Ève appelait l'hippogriffe comme s'il s'agissait d'un chat. Avec elle comme aide, elle n'allait pas arriver à trouver l'animal de si tot ! Et cette nuit qui tombait ! Suivant toujours sa camarade qui rouspétait, zigzaguant parmi les arbres, Hannah hata le pas pour ne pas se laisser distancer. Elle n'avait pas peur, mais ce n'était pas non plus très rassurant de se savoir limite pommée dans une montagne aux créatures dangereuses et certainement sanguinaires. D'une voix moqueuse, la blonde répondit, pour couvrir ce silence inquiétant et pesant :

"Je serais toi, je ne l'appelerais pas comme ça ! Je te rapelle que ces betes là sont extrémement suceptibles . Ce n'est pas que je m'inquiète de ce qui pourrait t'arriver, ce serait certainement très distrayant de voir un jolie hypogriffe te piétiner."

Hannah ne quittait pas des yeux le dos de la jeune fille devant elle. Elle avait l'avantage de voir très nettement si Ève comptait la frapper ainsi. On ne savait jamais. Hannah ne savait pas ce qu'elle était devenu . Une femme fatale ? C'est comme ça qu'on disait . Elle était en tout cas persuadée qu'il lui restait un peu de son coté garçon, et comme les garçons frappent lorsqu'ils sont agacés, il valait mieux se méfier. Éclairant les bois, à la recherche d'un mouvement, un bruit, la Winston songea que les bêtes blessées cherchaient généralement un endroit calme, désert, afin d'être tranquille. Il était bien possible que cet hippogriffe soit allé se terrer au fond de la forêt.

Eve John et Hannah Winston qui devaient collaborer, c'était comme allier le jour et la nuit : contre nature.
Autant l'une était blonde comme un champ de blé sous le soleil d'été, radieuse comme une petite marguerite, autant l'autre était était brune comme la surface d'un lac par une nuit sans lune. Les chevelures des deux jeunes filles ondulaient derrière elles au rythme de leurs pas pressés à travers la flore de la montagne, et leurs capes claquaient doucement au vent.
A y regarder de plus plus près, pourtant, les deux jeunes sorcières n'étaient pas si différentes l'une de l'autre. Leur attitude fière, effrontée et narcissique, leur tempérament direct et sans concession les rapprochait plus qu'il ne les séparait, et c'était bien là la source de leur incompatibilité. Leur ressemblance faisait naître des étincelles.
Mais loin, très loin de ces considérations, Eve grimaça aux moquerie de la marguerite des champs.

"Oui bah c'est bon, je sais !" fut tout ce qu'elle trouva à répliquer.

Au bout de sa quatrième année de CEART, elle n'avait pas besoin de se faire rappeler ce qui était au programme de première année en Créatures Magiques Dangereuses, et qu'elle avait par ailleurs déjà abordé lors de ses quelques mois d'études à Durmstrang.
D'ailleurs ne parlant pas un mot de scandinave en arrivant là bas, elle avait eu beaucoup de mérite de réussir son année ainsi que ses ASPIC, alors cette leçon de la part de miss je-sais-tout lui était aussi bienvenue qu'une grande claque derrière la tête.

Au bout de quelques minutes de marche infructueuse, elle s'arrêta si brusquement au bord d'une falaise que Hannah qui la suivait de près manqua de se la prendre en pleine figure.
A leurs pieds, une grande clairière sombre s'étendait, recouverte en partie par un bois touffu qui semblait animé de sa propre entité, comme s'il respirait d'un seul souffle. Les arbres s'élevaient si haut, et les branches étaient si denses que, de leur point de vue, il était impossible de distinguer les cimes les unes des autres.
Tout comme Hannah, Eve partait instinctivement du principe que leur malade ne se trouverait pas aussi facilement à découvert, mais qu'il se tapissait bien plus probablement dans un endroit où il serait le moins susceptible de se faire attaquer par d'autres animaux magiques. Une grotte ou, par exemple, un bois.

La jeune sorcière fit tournoyer nerveusement sa baguette magique entre ses mains, comme un bâton de majorette.

"Bon, moi je vois plusieurs solutions. La première, on pourrait utiliser notre bout de viande pour appâter notre bestiau, sauf que ce n'est sûrement pas le seul qui serait attiré par l'odeur... et ce n'est très certainement pas le premier qui arrivera jusqu'à nous, sachant qu'il n'est pas au meilleur de sa forme."

Elle lança un regard inquisiteur à sa co-équipière d'un soir, comme pour obtenir son approbation, mais sans vraiment l'attendre, cela dit.

"On a aussi le choix de rentrer chez nous, de dire au prof qu'on ne l'a pas trouvé, ou lui dire qu'on l'a trouvé et qu'on l'a soigné, de toute façon il n'en saura jamais rien."

Elle ne poursuivit pas plus loin sa pensée, mais même si elle aimait bien l'idée de rentrer chez elle dîner (elle pouvait presque entendre les gargouillis de son ventre se répéter en écho dans la montagne), quelque part, laisser cet hippogriffe crever seul dans son coin, cela lui posait un problème de conscience.


"Ou alors on peut y aller à l'ancienne méthode, c'est-à-dire on galère dans la pampa jusqu'à ce qu'on le trouve."

Elle marqua un temps d'arrêt, avant de se retourner de nouveau vers marguerite, une expression légèrement troublée sur le visage, et cette fois-ci sans aucun second degré dans la voix :

"A ton avis, y a des géants des montagnes en Écosse ?"

Ève rala encore un peu tandis qu'Hannah levait les yeux au ciel. Avait on déjà vit plus bougonne que cette fille . Il était vrai qu'Hannah non plus n'était pas du genre à ne rien dire lorsque quelque chose l'énervait mais là elle se taisait. Parce qu'Ève parlait bien assez pour deux. Les deux jeunes filles marchèrent un moment dans le silence, Hannah jetant des coups d'oeil légèrement inquiet autour d'elle. Il faisait nuit noire à présent. Et les baguettes éclairées n'étaient que d'une très mince utilité. Pour l'instant, rien ne bronchait. Aucune créature ne semblait avoir reniflé l'odeur de la viande.
Et la Winston était d'ailleurs soulagée que ce ne soit pas à elle de porter cette immondice ! Elle l'aurait bien sûr fait avec classe, mais tout de même c'était dégoutant ! Et fort dangereux ... Perdue dans ses pensées de viande sanguinolente, Hannah freina tout juste à temps pour ne pas foncer dans Ève. Mais qu'est-ce qu'il lui prenait à celle-là ? Lâchant un juron pas vraiment mélodieu, la blonde se plaça à coté de sa compagne de route et regarda éberluée, le paysage qui s'offrait à elle. Elle avait manqué de dégringoler d'une falaise qui surplombait une forêt à l'allure noire et dense. Tout ça donnait simplement envie de faire demi-tour.
Hannah regarda la John, attendant une quelconque réaction de sa part. La réaction logique, en fait. On s'en va . Mais la brune ne semblait pas plus effrayée que ça, à vrai dire, Hannah ne s'attendait pas à ce qu'elle le soit. Ève dit qu'il n'y avait pas trois cent mille solutions. Soit elles appâtaient les bestiaux avec la viande, mais en courant le risque qu'il n'y ait pas que lui d'appâtées, soit elle rentrait tout simplement, en inventant un mensonge. Hannah fit la moue. Ce n'était pas très glorieux... Et elle avait une très haute conception de ce qu'était l'honneur. Son père ayant été à Griffondor, elle avait l'impression d'avoir hérité de son courage et ne voualit pas passer pour une lache. Encore cette histoire de passer pour ... On avait toujours peur de passer pour ... La blonde soupira.
Leurs réputations étaient peut etre en jeu après tout! Et qui avait il de pire que d'avoir une réputation de lache ou de menteuse ? Après avoir réfléchi quelques temps, elle se décida à ouvrir la bouche.

"Toute la classe nous a vu nous proposer comme des imbéciles . Donc tout le monde s'attend à ce qu'on soigne cette foutue bestiole. Sans compter la gloire qui nous attend lorsque le professeur nous citera comme les sauveuses du pauvre hypogrife bléssé. Moi je pense que ça vaut le coup."

La blonde rejeta les méches de cheveux ondulées qui lui arrivaient dans le visage, emportées par le vent d'hiver et faisait, avec un lèger sourire.

"Après si tu as peur ..."

Hannah savait pertinement qu'Eve n'avait pas plus peur qu'elle mais elle aimait l'énerver un peu. Surtout dans ces moments, ou sa confiance en elle était un brin ébréché. Sortir des pics, ça la rassurait un peu et puis, attribuer son effroi à sa camarade c'était une brillante façon de se sentir mieux. Puis, Eve demanda à la blonde si il y avait des géans en Ecosse et Hannah haussa les sourcils tant la question était étrange. La john craignait de tomber sur des géans ? Tiens donc ! Ce n'était pas vraiment les premières créatures terrifiantes qui venait à l'esprit d'Hannah . Non, il y avait les loups-garous, les acromentules ... Certes, elle n'aurait pas aimé tombé sur des géans non plus. D'autant plus que quelques rumeurs trainaient par ci par là, sur le fait que ces immenses personnes ne soient pas vraiment du coté du ministère. Dans la guerre qui allait bientot s'engager, le père de la Winston pensait plus aux géants contre les dits "gentils" qu'avec. La blonde répondit le plus sérieusement du monde:

"Je ne sais pas ... je n'espère pas. Mon père dit qu'il ne sont pas vraiment de notre coté en ce moment, si tu vois ce que je veux dire... Après tout dépend du coté dans lequel tu te trouve."

Hannah jeta un coup d'oeil inquisiteur à la brune. C'est vrai ça. Etait elle paumée en pleine foret avec une graine de mangemort ?

La nuit était à présent bel et bien tombée, et le silence harmonieux de la vallée avait laissé place aux chuchotis lointains de la faune nocturne prenant vie.
Seule les voix des deux jeunes femmes semblaient apporter à cet environnement inquiétant, quelque chose de familier, de rassurant. Leurs bavardages manquant tout à fait de discrétion avaient cet avantage qu'ils masquaient le silence. Silence qui, combiné avec l'obscurité, pouvait vous faire basculer dans la paranoïa l'adulte le plus courageux et le plus rationnel.

Tandis que la voix d'Hannah s'élevait dans la nuit noire, pesant le pour et le contre pour savoir si oui ou non cela valant le coup de sauver cette pauvre créature blessée, Eve l'écoutait avec une moue agacée, les bras croisés contre sa poitrine. La lumière dorée provenant de sa baguette projetait en ombre chinoise de ses grands cils, de longues lignes dramatiques sur son front.
Si elle lisait bien entre les lignes, Hannah semblait s'intéresser à leur réputation plus qu'à l'animal magique. Mais la jeune sorcière ne put s'empêcher de se demander, non sans ironie : quelle réputation avait-elle à préserver ? Celle qui se tapait tous les mecs du village, celle qui cognait plus vite que son ombre, ou celle qui était familière avec Azkaban ?
Elle eut cependant la grâce de ne pas faire de commentaire (ce n'était pas son problème à elle, si Hannah avait un cœur de pierre), mais ne put s'empêcher de réprimer un "ha !" sonore lorsque la marguerite sous-entendit qu'elle pouvait avoir peur.

"Peur de quoi, peur du noir ? Et c'est tout ce que t'as trouvé pour te défiler, sérieux ?" s'esclaffa-t-elle, son rire raisonnant un court instant entre les parois des montagnes.

Puis, reprenant son sérieux, elle exprima son doute concernant la présence éventuelle de géants de montagnes.
Elle se souvenait juste avoir abordé rapidement le sujet en cours de Créatures Magiques, et tout ce qu'elle en avait retenu, c'était que personne ne pouvait faire le malin face à ces créatures, et que si celles-ci vous prenaient en grippe, vous aviez intérêt à ficher le camp foutrement vite de là.
Sa recollection de bribes de souvenirs de ce cours fut interrompue par une question -qui n'en était pas vraiment une, mais qui parvint tout de même à la déstabiliser une seconde. De quel côté elle se trouvait.
Pendant une seconde, Eve ouvrit la bouche pour parler, mais aucune parole ne trouva son chemin jusqu'en dehors. Elle la referma, puis la rouvrit une seconde fois, mais toujours rien.
Vexée, la jeune sorcière détourna tout simplement le sujet en se tournant vers le précipice qui leur faisait face, penchant sa baguette au dessus du vide.

"On y voit comme dans le derrière d'un dragon, c'est même pas la peine d'essayer de descendre à pieds. On ferait mieux de transplaner jusqu'en bas."

Sitôt dit, sitôt fait. Eve disparut l'instant d'après pour ne réapparaître qu'à la lisière du bois, dans lequel elle fonça quasiment tête baissée, sans vérifier si Hannah l'avait suivie.
Alors qu'elle s'enfonçait dans les bois, trébuchant de temps à autre sur une racine, elle ruminait, se demandant pourquoi diable elle n'avait pas été capable de répondre à une question aussi simple.
Bien sûr, qu'elle était du côté des bons. Elle n'avait aucun intérêt à se ranger du côté des Mangemorts, étant par ailleurs une sang-mêlée, mais surtout et avant tout une Gryffondor. Elle était de l'équipe des résistants, de ceux qui se battraient jusqu'au bout pour faire tomber le Mal. Ou du moins, elle était sûre qu'elle en serait si elle en avait la possibilité. Quand elle aurait son diplôme sûrement. Et peut-être même qu'elle deviendrait Auror, qui sait ?
Perdue dans ses pensées, et avançant toujours à grandes enjambées, la question d'Hannah tournoyait en boucle dans sa tête, jusqu'à ce qu'elle la perçoive enfin sous un jour différent. C'est vrai, que signifiait "notre côté" pour elle ?
Après tout, les Winston étaient d'une descendance pure, et la blondinette ne se privait pas pour le rappeler de façon plus ou moins subtile chaque fois qu'elle en avait l'occasion.
Et à l'heure actuelle, mieux valait pour une telle famille se ranger des plus puissants, si ce n'était par conviction puriste, tout au moins pour leur propre sécurité. Hannah en faisait-elle partie ? Était-elle proche des Mangemorts, ou en était-elle personnellement une ?
Et peut-être (le cœur d'Eve s'emballa à cette pensée), peut-être même connaissait-elle sa mère ?

Comme si cette pensée avait eu l'effet d'une douche glaçante, les pensées de la jeune sorcière revinrent à la réalité. Elle ne savait toujours pas si sa co-équipière la suivait, mais elle décida de briser le silence avec des paroles rassurantes. Le son de sa propre voix, de toute façon, ne pourrait être que rassurant, transperçant le ce silence étouffant.

"Tu dis rien, je comprends, t'as la trouille... mais tu n'as aucune raison d'avoir peur ! Il n'y a aucun danger dans cette forêt qu'on ne puiss--gnaaaaaaahah !!"

La seconde d'après, Eve se trouvait la tête en bas, pendue par un pied à quelque chose de gluant sur lequel elle venait de marcher. Comme une espèce de grand câble translucide et collant.
Dans sa pirouette, sa baguette magique lui avait échappé, et se trouvait à présent éteinte sur le sol, près d'un mètre plus bas.

"Marguerite ? Marguerite ! Viens mon petit, jsuis comme emmerdée là ! Accio baguette !"

Évidemment, sa tentative de sort d'attraction ne fonctionna pas. Elle secoua son pied pour tenter de se défaire de son piège, sans succès, puis entreprit de défaire ses interminables lacets pour se séparer de sa chaussure.
Elle parvint à soutenir quelques instants le poids de son corps à l'aide de ses abdos, mais relâcha tout assez rapidement, essoufflée par l'effort.
Elle eut beau avoir la tête en bas et par conséquent le visage rougi par le sang qui descendait par la force de l’apesanteur, lorsqu'elle réalisa ce dans quoi elle avait mis les pieds (ahah, jeu de mots !), sa peau devint plus blême que celle de Lunenberg le fantôme du château.
Au dessus de son petit corps ridicule suspendu dans le vide, s'étendait entre les cimes des arbres centenaires une gigantesque toile d'araignée, brillant comme mille diamants malgré l'absence totale des rayons de la lune.

Elle ne saurait dire si c'était le vent ou bien autre chose, mais elle aurait juré sentir ladite toile d'araignée danser lentement. Sauf que le vent ne passait pas entre les feuillages étroits de la forêt.

"Margu... Marguer... WINSTON RAMENE TON PUTAIN DE CUL ICI MAGNE TOI !!!!"

Spoiler:

Au beau milieu des montagnes, en pleine nuit, Hannah parlait de réputation. Comme si ç'était réellement la chose la plus importante lorsqu'on ne sait même pas si on ressortira vivant de l'endroit où on se trouve. Ève ne semblait pas vraiment d'accord avec ce qu'elle disait. Il était vrai que ce n'était certainement pas sauver un hippogriffe qui changerait la réputation peu enviable de la brune. Et peut-être que la sienne non plus d'ailleurs. Les gens retenaient rarement ce qu'ils y avaient de bien, ce que quelqu'un avait fait de bien. Ce n'était pas intéressant à raconter. Hannah haussa les épaules et soupira. Elle ne savait même plus si elle était admirée comme à Beaubatons ici. Non, pas vraiment. Elle n'avait plus le titre de capitaine de l'équipe de Quidditch, n'avait plus toutes ses "admirateurs" collaient à ses baskets. En fait il ne restait plus rien. Il ne restait plus qu'elle. Tous les artifices qui l'entouraient avaient disparu pour laisser place à la vraie Hannah Winston.
Elle avait cherché à faire réagir Ève en parlant de sa peur, et ça n'avait pas loupé. La jeune femme s'éclaffa que c'était tout ce qu'Hannah avait trouvé pour se défiler. La blonde grimaça un instant à l'entente de son rire pas vraiment discret. Si une bête les repérait, aucun doute ne se serait sa faute. La Winston lui aurait bien répliqué une de ses phrasettes cinglantes dont elle avait la spécialité mais elle préféra plutôt insinuer son appartenance à un groupe de manger mort, histoire que sa compagne d'aventure démentît ses propos et qu'elle en soit rassurée. Ou juste pour savoir en fait. Mais à sa grande surprise la brune qui ne manquait habituellement pas de salive ne trouva rien à répondre. Hannah ouvrit grand les yeux d'étonnement et hésita à lui redemander de répondre à sa question. Mais déjà la brune changer de sujet et évoquait l'idée de transplaner jusqu'en bas.

"Non, mais attends ..."

Trop tard. Ève avait déjà disparu, sans aucun doute à la lisière de la forêt qui se trouvait en bas. Hannah resta un instant interdite. Est-ce qu'elle ne savait pas ? Ou alors elle ne préférait pas qu'Hannah sache. Et dans ce cas-là, elle était certainement du côté des mangemorts... Parce que la petite blonde avait presque tout d'un auror en devenir. Elle était en CEART . Son père avait toujours était du côté des "gentils". Sa famille était tout ce qu'il y avait de plus respectable. Bien sur, dans son entourage, il y avait des mangemorts. Certes, légèrement envahissant, mais elles ne les pensaient pas assez doué pour réussir à la caser de leur côté. Un grand ami de son père avait essayé à l'aide de flatterie. Cela faisait bien longtemps qu'il n'était plus du bon côté. D'ailleurs, bizarrement, la blonde ne l'avait jamais vu en tee shirt. Il avait repéré Hannah depuis son admission à l'académie Beaubatons. Depuis, il ne la quittait pas d'une semelle. Toujours dans les alentours pour lui dire à quel point une grande sorcière mérite autre chose de bien plus glorieux, que de faire partie des morts, durant un combat injuste. La jeune fille s'en était retrouvé un peu perdue, mais le peu d'esthétisme du tatouage des mangemorts la ramenait souvent à la réalité.
La blonde se télétransporta à la suite de sa coéquipière qui ne l'avait pas attendu. Elle devait sans doute être légèrement vexée. Hannah accéléra le pas, espérant retrouver Ève. Elle ne comptait certainement pas continuer cette excursion toute seule. Fort heureusement, un cri l'alerta de l'endroit ou se trouvait la brune. Hannah hésita un moment. Lorsqu'on entend un cri généralement, il vaut mieux partir en courant dans me sens inverse. Mais Ève n'était certainement pas rassurée, malgré les apparences et elle devait sans doute avoir aperçu un oiseau ou un petit insecte. Cette idée rassura Hannah, même si une voix dans sa tete lui soufflait qu'Ève n'était pas du genre à paniquer pour un insecte. Elle accéléra le pas vers le bruit mais pas assez rapidement au gout d'Ève certainement, puisque celle-ci lui cria à plusieurs reprises, dans un language bien à elle de se dépêcher d'arriver. Hannah leva les yeux au ciel et couru donc vers la voix.

Le spectacle qui l'attendait la terrifia: Eve était suspendu par le pied au dessus du sol par un espèce de fil gluant et dégoutant ... une toile en vérité. Une gigantesque toile argenté qui donnait juste envie de vomir. Hannah regarda un instant terrifiée Eve gesticulait, prise au piège. Cette toile était sans aucun doute habitée ... Bientot, une grosse tete velu fit son apparition, pas ci loin que ça d'Eve. Un espèce de gros turc très poilu, il n'était pas très dure de deviner ce que c'était en vérité . Hannah hésita entre partir en courant dans le sens inverse, et tenter de faire quelque chose. La baguette d'Eve était en dessous d'elle, hors de sa portée. Alors que l'immense animal semblait glisser vers ses proies, elle se précipita sur la baguette de sa camarade et tenta de la lançer de toutes ses force dans sa direction. Cependant elle ne s'attarda pas sur le fait qu'elle l'attrape, ou non, sans véritablement réfléchir elle pointa sa baguette à elle sur la créature et hurla:

"STUPEFIX !!!!"

Le sort frappa de plein fouet la créature, même si hélas, il ne fonctionna pas vraiment. Si Hannah n'avait pas était aussi terrifié elle aurait hurlé comme une dingue. Comme avait elle put être aussi idiote . Les sorts de ce genre ne marchaient pas sur une aussi grosse bestiole. Leur point faible était leur ventre. Or, le sort avait atteint la tete. Et pire que tout, il avait dévié, et fonçait à présent dans la direction de la blonde. Celle-ci n'eut pas le temps de faire le moindre geste que déjà, elle sentait immobilisée dans son expression terreur. Quelle conne. Il ne lui restait à présent plus qu'à regarder la mort arriver.

[Désolé de ce retard impardonnable .... mais vaut mieux tard que jamais !! :) ]

Huit gros yeux luisant à travers l'obscurité, huit énormes pattes velues, chacune aussi larges que le tronc d'un humain adulte. Deux vilaines mandibules qui claquaient avidement l'air.
Cette vision cauchemardesque, dont les contours se dessinaient peu à peu hors de l'ombre, semblait s'approcher de sa future victime à une vitesse phénoménale, aidée par ses monstrueuses et gigantesques pattes. Or, en réalité, la créature prenait relativement son temps.
Pourtant, Eve n'avait jamais semblé si proche de la mort qu'à cet instant précis.
Le plus rageant, c'est que c'était vraiment idiot comme fin. Et inutile. Et Marguerite qui n'arrivait pas à son secours ! C'était la fin, c'est sûr.

"Tu m'auras pas aussi facilement grognasse !" menaça la jeune sorcière entre ses dents, serrant ses poings prête à se battre au corps à corps jusqu'à rendre son dernier souffle, luttant de tout ce qui lui restait de force pour ne pas tomber dans les pommes. "Allez, viens t'battre si t'es une..."

Elle n'eut jamais l'occasion de terminer ce qu'elle pensait être ses derniers mots, car un miracle se produisit.
Hannah était apparue ; elle eut tout juste le temps d'apercevoir la chevelure blonde de la jeune sorcière, qui apparaissait bleutée dans l'atmosphère à la fois glauque et enchantée de la forêt, alors qu'elle plongeait sous elle pour lui lancer sa baguette.
A cette instant, Eve découvrit un sentiment, particulièrement furtif et tout à fait nouveau : un amour et une gratitude sans borne envers la jeune fille.
Du moins, jusqu'à ce que sa baguette passe à une bonne cinquantaine de centimètres de sa main, pour retomber en silence dans les ronces quelques mètres plus loin.
Dans le même temps, un éclair rouge jaillit en direction de l'horrible Acromentule, et Eve crut un instant être tirée d'affaire, jusqu'à ce qu'elle constate avec horreur que le sort venait de ricocher sur la seule personne capable de lui sauver la peau. Cette nigaude de Winston venait de s'autostupéfixer au pire moment qui soit.

"Mais quelle conne ! J'y crois pas !"

Une vague de chaleur envahit le corps d'Eve, qui se balança une demie-seconde dans le vide en luttant contre le malaise, car le décor autour d'elle commençait à tourner violemment.
Le son du claquement des mandibules de l'araignée géante la rappela à la réalité, et c'est alors qu'un flash de lucidité salvatrice la frappa.
Elle se saisit de la baguette de sorbier de la main d'Hannah, encore tendue vers la cime des arbres, et la pointa vers la toile gluante qui la retenait prisonnière.

"Lashlabask !"

Aussitôt, la toile lâcha prise, et la jeune femme tomba au sol, environs un mètre plus bas, avant de rebondir sur ses pieds, non sans tituber légèrement.
L'Acromentule semblait vexée que son dîner lui échappe (si, si, elle aurait pu vous jurer lire de la déception dans ses huit gros yeux dégoûtants), mais pas émue pour un sous, cette fois la sorcière pointa la vilaine créature avec la baguette de Marguerite.

"Reducto !"

Quelques étincelles multicolores ridicules en jaillirent. Comme si c'était le moment de lancer des cotillons ! Mais de toute évidence, les personnalités très différentes entre sa propriétaire et elle déplaisaient à la baguette de sorbier.
Alors, à l'aide d'un accio, elle récupéra sa propre baguette qui sortit de sa cachette au milieu des ronces, pour venir se poser au creux de sa main.

"Reducto !" lança-t-elle de nouveau.

Cette fois-ci, le sort fonctionna. Un éclair argenté frappa le monstre en pleine face, pile entre les mandibules. Et d'un énorme monstre dont la vue vous glaçait le sang, elle passa à une vilaine petite chose poilue, à peine plus grosse qu'un chihuahua, bien qu'infiniment plus laide.
L'Acromentule sembla désemparée, et tourna sur elle-même pendant quelques secondes, avant de refaire face à Eve et de décider de lui bondir dessus.
La sorcière se mit à rugir comme une lionne en furie, et la grosse araignée fit aussitôt demi-tour sans demander son reste, avant de disparaître entre les racines.

Il fallut quelques instants à Eve pour se remettre de ses émotions. A présent que le danger était écarté, du moins dans l'immédiat, et que son visage était passé par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, elle prit un instant pour respirer. Et elle se rendit soudain compte qu'elle avait froid.
Elle jeta un regard sur le côté, où Hannah était toujours stupéfixée. Même figée comme une statue, elle lui était insupportable. Elle lui lança tout de même un enervatum informulé et, tandis que la jeune sorcière reprenait conscience, elle lui lança sa baguette dans les mains.

"C'était une toute petite araignée de rien du tout, vraiment pas de quoi flipper. Allez viens, avant qu'elle ramène ses copines."